En difficulté, Nestlé étend son plan d'économies
Le géant vaudois de l'alimentation Nestlé a vu ses ventes s'étioler sur neuf mois, avec toutefois une accélération au troisième trimestre, y compris en termes de volumes. La nouvelle direction entend hâter son programme d'économies en taillant massivement dans ses effectifs. Les objectifs sont maintenus.
Au cours de la période sous revue, le chiffre d'affaires a atteint 65,9 milliards de francs, contre 67,15 milliards l'an dernier, annonce jeudi le paquebot veveysan dans un communiqué.
La croissance organique a atteint 3,3%. La croissance interne réelle (RIG), qui mesure les volumes, s'est établie à 0,6%. L'effet de prix s'élève à 2,8%. Sur le seul troisième trimestre, la croissance organique s'est inscrite à 4,3% et la RIG à 1,5%, nettement au-dessus des attentes des analystes qui tablaient pour la période sur 3,7%, respectivement 0,3%.
Adoptant un ton offensif, le nouveau timonier du paquebot alimentaire veveysan, nommé début septembre, a ensuite détaillé ses priorités, «premièrement la croissance interne réelle». Cet indicateur clé, qui donne l'évolution des ventes apurée des effets de prix, tend à stagner depuis plusieurs trimestres.
Pour cela, le groupe compte sur «des investissements ciblés». Philipp Navratil a notamment cité les cafés froids, ainsi que les assaisonnements pour friteuses à air, deux des six «Big bets», littéralement gros paris, sur lesquels son prédécesseur avait articulé sa stratégie de croissance. Les dépenses en marketing seront plus importantes l'an prochain, a insisté la directrice financière, Anna Manz.
Reconnaissant que Nestlé n'a pas été un exemple d'efficience dans le passé, la direction ambitionne de gagner en agilité. Le groupe ne donne toutefois pas d'indices sur d'éventuelles futures cessions d'activités moins rentables.
Pour l'heure, la multinationale compte surtout sur son plan d'économies, «que nous souhaitons réaliser en toute transparence». Le groupe écrème ses effectifs, supprimant 16 000 postes à échelle mondiale sur deux ans, dont 12 000 fonctions de cadres.
Toutes, y compris le siège à Vevey, a ajouté le CEO, sans donner de précisions. «Nous fournirons davantage de détails sur les régions touchées en temps voulu.»
La mesure à elle seule doit permettre d'alléger la base de coûts de 1,0 milliard de francs d'ici fin 2027 et son application doit coûter deux fois cette somme, indique le groupe veveysan au détour de ses résultats sur neuf mois jeudi.
Les 4000 autres coupes se concentreront sur la production et les chaînes d'approvisionnement. La direction vise au final des économies annuelles de 3,0 milliards de francs, au lieu des 2,5 milliards initialement prévus dans le cadre de l'initiative «Fuel for growth» lancée par les prédécesseurs de M. Navratil.
Pour l'ensemble de l'exercice, la direction maintient ses objectifs, à savoir une croissance organique supérieure aux 2,2% inscrit en 2024. La marge opérationnelle sous-jacente est quant à elle attendue à «16,0% ou plus». A moyen terme, Nestlé veut renouer avec des valeurs supérieures à 17% et une croissance organique d'au moins 4%.
Euphorie en Bourse
La multinationale s'est par ailleurs engagée à réduire son endettement, à étoffer son flux de trésorerie libre à 8 milliards de francs et à poursuivre sa politique de dividende, en hausse chaque année. «Cela met un terme aux inquiétudes et doutes de ces derniers mois», note Jean-Philippe Bertschy de Vontobel.
Pour fragiles qu'ils soient, les résultats présentés devraient participer à la reconquête par Nestlé de la confiance des investisseurs, selon l'analyste qui recommande toujours le titre à l'achat, assorti d'un objectif de cours de 90 francs. Même son de cloche à la Banque cantonale de Zurich (ZKB), où Patrick Schwendimann reconduit aussi son appréciation positive du titre.
A la clôture de la Bourse suisse, la nominative s'est envolée de 9,30% à 83,21 francs, tirant avec elle un SMI en progression de 1,38%. (mbr/ats)