C'est une réalité que Buckingham Palace et Charles III détestent. Et qu'ils préféreraient largement laisser planquée sous le tapis.
Le roi d'Angleterre est malade.
Une réalité qu'on a un peu tendance à oublier, face à ce monarque qui gambade joyeusement d'un évènement à l'autre, serre les mains de dignitaires étrangers et accueille des chefs d'Etat dans les salons feutrés de ses résidences privées à longueur de journée. Mais les évènements de cette semaine ont à nouveau projeté une lumière crue sur l'état de santé du souverain de 76 ans, traité depuis plus d'un an maintenant.
C'est après sa thérapie, jeudi matin, que le roi a été contraint d'annuler ses plans de l'après-midi. La faute à des «effets secondaires temporaires», dixit Buckingham Palace dans un communiqué aux formules volontairement vagues, aussi rassurantes que possibles et tournées pour minimiser la gravité de l'épisode.
Un peu plus tard dans la journée, Charles s'est finalement résolu à se rendre à la London Clinic, l'hôpital VIP où il a été opéré l'an dernier pour une hypertrophie de la prostate, avant d'être autorisé à rejoindre son domicile le soir même, à Clarence House. En «bonne forme», selon des sources, il aurait aussitôt repris le chemin de son bureau pour passer des appels téléphoniques et travailler sur ses papiers d'Etat.
Bien que non planifiée, cette visite à l’hôpital aurait été «brève» et seuls quelques menus «ajustements» ont été apportés à l'agenda du monarque, rassure Buckingham. Quant aux fameux effets secondaires qui l'ont contraint à se retirer d'une réunion avec des ambassadeurs, ils ont été qualifiés de «mineurs».
Vendredi matin, il a été aperçu en train de quitter Clarence House en voiture, souriant et adressant un salut au public. Son voyage avec la reine en Italie, prévu du 7 au 10 avril - alors que le couple va fêter le 9 avril ses 20 ans de mariage - ne devrait pas être affecté.
Malgré tout l'optimisme affiché par le palais, cette hospitalisation ne manque pas de soulever de nombreuses interrogations, comme le souligne le correspondant royal du Telegraph Gordon Rayner dans une newsletter vendredi matin. A quel point devons-nous nous inquiéter de la santé du roi?
Plus d'un an après l'annonce du diagnostic, nous ne savons toujours pas de quelle forme de cancer est atteint Charles III - ni en quoi consiste son traitement. Les mises à jour sur sa santé sont rarissimes et les informations lacunaires.
Le palais invoque un juste équilibre entre le droit au respect de la vie privée du monarque, et son rôle de chef d'Etat, pour ne pas communiquer sur ce point. Quitte à susciter la suspicion.
Bien que plusieurs sources clament ce vendredi dans les médias britanniques que le chemin de rétablissement du roi se poursuit dans une «direction positive» et que ce passage à l'hôpital ne serait qu'«un léger contretemps», ce changement de son emploi du temps n'en est pas moins un signe inquiétant. Décrit comme un bourreau de travail, Charles III a jusqu'à présent tenu mordicus à maintenir un emploi du temps chargé - quitte à provoquer la frustration de sa femme, la reine Camilla, quant au fait qu'il travaille trop.
«Le fait qu'il continue à mener un programme d'engagements sans relâche et passe une grande partie de la journée debout, montre qu'il est en train de gagner son combat contre le cancer», écrit avec (beaucoup) d'espoir le correspondant royal du Telegraph.
En attendant, le palais ne prévoit pas de fournir d'autres informations sur la visite du roi à l'hôpital, au-delà de toute modification potentielle de son programme dans les jours à venir.
Un vide qui ne sera pas pour apaiser les inquiétudes des observateurs de la monarchie. Après tout, Buckingham s'était montré tout aussi rassurant, quelques jours avant que la reine Elizabeth II ne pousse son dernier soupir.