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Voici les pays menacés par la Chine

Xi Jinping s'en prend au territoire de Poutine

La situation sécuritaire en mer de Chine méridionale s'aggrave: la Chine va jusqu'à envoyer des navires de combat pour étayer ses revendications territoriales. Mais ce n'est pas la seule région où Pékin tente d'étendre son territoire.
20.05.2024, 15:5520.05.2024, 22:39
Patrick Diekmann / t-online
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La Chine est déjà un empire géant: la République populaire est le quatrième plus grand pays du monde. Mais cela ne lui suffit pas, et elle souhaite continuer à étendre ses frontières. Depuis Mao Zedong, les chefs d'Etat chinois travaillent à l'expansion de la Chine, et l'actuel président Xi Jinping ne fait pas exception. Au contraire.

Les médias occidentaux parlent surtout des conflits en mer de Chine méridionale et autour de la république insulaire de Taïwan. Ce n'est pas une surprise: les menaces d'escalade à ces points névralgiques pour le commerce mondial touchent directement les intérêts économiques occidentaux. Mais le dragon chinois grignote également le territoire de pays étrangers dans d'autres régions du monde – et cela devient un problème de sécurité pour le monde entier.

La Chine gagne en confiance, et cela se traduit par une soif de conquête de territoire toujours plus grande. Les voisins de la Chine sont donc en alerte lorsque Pékin déplace tout simplement les frontières sur de nouvelles cartes. Ce n'est pas une erreur, mais plutôt un message peu subtil. Même la Russie, qui est nettement plus vaste que l'empire du Milieu, n'est pas à l'abri des aspirations de Xi Jinping.

Matières premières et contrôle régional

Tout comme le chef du Kremlin Vladimir Poutine, Xi Jinping justifie ses revendications territoriales avant tout par des raisons historiques. Il se réfère à l'extension de l'empire chinois jusqu'en 1856 – les patriotes chinois y voient une possibilité de réparer une injustice historique. Mais en réalité, Xi a tout simplement des grands intérêts de pouvoir.

La République populaire souhaite s'assurer un meilleur accès aux matières premières comme les terres rares, mais aussi aux ressources naturelles comme l'eau douce ou les forêts. Par ailleurs, la Chine souhaite contrôler les routes commerciales maritimes, car elles sont vitales à son économie d'exportation. Mais alors que Poutine agit de manière belliqueuse en Europe de l'Est, les diplomates occidentaux reconnaissent à Xi une approche plus réfléchie.

La diplomatie du panda en est un bon exemple 👇🐼

Jusqu'à présent, la Chine renonce aux guerres de grande envergure. Elle s'avance plutôt lorsqu'elle sent une faiblesse de l'Occident en matière de politique étrangère ou lorsque les grandes puissances occidentales détournent le regard.

En août 2023, le ministère chinois des Affaires étrangères a publié la version la plus récente de la carte de ses frontières nationales. Le diable se cache ici dans les détails.

Carte controversée de la Chine

La République populaire ne revendique certes pas des pays entiers, mais s'approprie discrètement des parties de l'Inde et de la Malaisie. Une surprise pour de nombreux experts: la Chine déclare également qu'une petite partie de la Russie fait partie de son territoire national.

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Occupation chinoise du Tibet depuis 1951

Le Tibet est un bon exemple de la manière dont la Chine procède. Après la chute du dernier empereur mandchou en Chine en 1911, le Tibet a déclaré son indépendance. Mais en 1951, les communistes chinois ont mis fin à l'indépendance du Tibet et ont envahi avec leurs troupes ce pays en grande partie sans défense et gouverné par des moines bouddhistes.

L'Occident n'a jamais reconnu l'indépendance du Tibet, bien que les racines rde l'Etat-nation d'aujourd'hui remontent au huitième siècle pour la monarchie tibétaine. Mais l'Occident avait peur de contrarier la Chine. Certes, les Etats-Unis en particulier ont soutenu les combattants de l'indépendance tibétaine en leur fournissant des armes et la CIA même a formé des résistants – paysans, moines et nomades. Mais comme les entreprises américaines visaient à faire de bonnes affaires avec la République populaire, ce soutien a pris fin dans les années 1960.

Aujourd'hui, le gouvernement tibétain en exil siège à l'étranger depuis que le chef d'État tibétain – le dalaï-lama – s'est enfui en Inde en 1959 déguisé en soldat. La Chine a certes accordé des droits d'autonomie au Tibet, mais le pays reste contrôlé par les forces armées chinoises. Et le conflit est loin d'être résolu. Selon la croyance bouddhiste, le dalaï-lama se réincarnera après sa mort, ce qui conduira inévitablement à un conflit entre la Chine et l'Inde. En effet, les deux États tenteront d'installer un nouveau chef d'État tibétain après la mort de l'actuel dalaï-lama (88 ans), afin de contrôler à leur tour le Tibet.

La Chine revendique des régions de l'Inde

Dans les montagnes de l'Himalaya, la Chine convoite avant tout les plus grandes réserves d'eau douce du monde, mais aussi les terres rares. L'Inde est particulièrement irritée par les nouvelles cartes de la Chine. Depuis que le Tibet est sous contrôle chinois, il y a également de plus en plus de conflits frontaliers entre les deux puissances nucléaires asiatiques dans le lieu le plus élevé du monde.

Et la situation présente un danger non négligeable. La Chine et l'Inde s'arment à leurs frontières, fortifient leurs positions au sommet des montagnes et construisent toujours plus de routes et de bases militaires. Certes, les deux pays se sont mis d'accord sur des patrouilles non armées dans la région, mais cela a conduit par le passé à ce que des soldats s'affrontent à coups de matraques et de pierres. Des morts sont régulièrement à déplorer.

L'Inde et la Chine sont toutes deux gouvernées par des dirigeants nationaux-patriotes, et la fierté nationale joue également un rôle important dans le conflit.

Selon la carte chinoise actualisée, Pékin considère que les provinces indiennes d'Aksai Chin au Ladakh et l'État indien de l'Arunachal Pradesh font partie de la Chine. Les dirigeants chinois rebaptisent sans hésiter l'Arunachal Pradesh, proclamant qu'il s'agit du Sud-Tibet. C'est une provocation sévère pour l'Inde.

Un porte-parole du ministère indien des Affaires étrangères a déclaré: «Nous rejetons ces revendications car elles sont dénuées de tout fondement». Le ministre indien des Affaires étrangères Jaishankar Subhramanyam a souligné:

«Des revendications absurdes ne font pas du territoire de l'Inde celui de la Chine»

L'Asie du Sud-Est proteste

Les Philippines, la Malaisie et Taïwan ont également rejeté la carte chinoise actuelle. La Malaisie a même déposé une protestation diplomatique contre la Chine, car la carte indique que certaines parties de la zone économique exclusive du pays au large des provinces de Sabah et Sarawak, situées sur l'île de Bornéo, sont chinoises.

C'est en mer de Chine méridionale que la Chine montre actuellement ses dents au niveau militaire. Dernièrement, Pékin a de nouveau envoyé des avions de combat en direction de Taïwan et, face à une manœuvre navale et aérienne des Etats-Unis avec plusieurs alliés en mer de Chine méridionale, a même envoyé des «patrouilles de combat» dans les eaux contestées. L'armée chinoise affirme:

«Toutes les activités militaires qui perturbent la situation en mer de Chine méridionale et créent des foyers de danger sont sous contrôle»

Mais peu de choses semblent sous contrôle – la région se trouve plutôt dans une spirale d'escalade. Ces dernières années, la Chine a envoyé des flottes de pêcheurs pour occuper de petites îles inhabitées en mer de Chine méridionale et repousser de force les bateaux d'autres pays. En outre, l'armée chinoise a remblayé des îles artificielles pour y installer des bases militaires.

Ile artificielle chinoise
Voici l'une de ces îles artificiellesImage: imago-images

Mais entre-temps, les voisins de la Chine se sont préparés à faire face à cette stratégie. Des pays comme le Japon renforcent leur armée, et les Philippines et l'Indonésie développent leurs capacités maritimes et renforcent leur protection côtière avec le soutien de l'Occident. La marine philippine, en particulier, fait preuve d'inventivité.

Début avril, on a appris que des soldats philippins avaient transformé le navire militaire rouillé «Sierra Madre» en une base militaire. Le navire a été échoué en 1999 et se trouve dans la zone revendiquée par la Chine. La marine chinoise bloque en revanche l'accès au navire et l'approvisionnement des soldats est menacé.

Mais la Chine a désormais aussi des problèmes. Ses revendications territoriales poussent ses voisins à s'allier. Pékin fait désormais face à une coalition de pays d'Asie du Sud-Est avec le Japon, l'Australie et les Etats-Unis. Le président américain Joe Biden a déjà mis en garde contre une possible escalade: les Philippines sont un proche allié de Washington, et le contrat de défense mutuelle des deux Etats s'applique expressément aux soldats de la «Sierra Madre», a-t-on appris de sources gouvernementales américaines, selon le journal américain Financial Times.

Russie-Chine, une alliance déséquilibrée

La Russie et la Chine se considèrent généralement comme des alliés – Poutine et Xi se sont promis à plusieurs reprises un partenariat «sans limites». Pourtant, la Chine revendique également le territoire russe. Il s'agit de l'île de Bolchoï Oussouriisk, située au milieu du fleuve Amour dans la zone frontalière entre la Chine et la Russie. L'île a été occupée par l'Union soviétique en 1929 lors de la guerre frontalière sino-soviétique. Mais en octobre 2004, la Russie s'est engagée à restituer la moitié occidentale à la Chine.

Cela ne suffit apparemment pas à Xi. Il est remarquable que Vladimir Poutine ou le Kremlin n'aient pas réagi à la revendication par Pékin de l'ensemble de l'île en 2023 – après tout, il s'agit de territoire russe. Ce fait montrerait que Poutine est affaibli suite à sa guerre en Ukraine. La Russie est dépendante de la Chine et l'équilibre des forces entre les deux grandes puissances s'est nettement déplacé en faveur de Pékin.

L'amitié de Xi avec Poutine ne passe pas avant les intérêts de pouvoir du président chinois. Par le passé, la Russie et la Chine ont toujours eu des conflits frontaliers et les nationalistes des deux côtés regardent encore aujourd'hui avec méfiance le partenariat que Xi et Poutine ont forgé contre l'ordre mondial dominé par l'Occident.

En Russie, on craint de plus en plus que la Chine ne revendique également la partie orientale de la Sibérie – la Mandchourie-Extérieure. Après tout, la région faisait partie de l'empire chinois avant les deux guerres de l'opium du 19e siècle et n'a été attribuée à l'empire russe qu'en 1860. Certes, les historiens plaisantent en disant qu'à l'époque, il y avait plus d'ours que d'hommes dans la région, mais Xi pourrait tout de même y faire valoir des revendications historiques. Des entreprises chinoises achètent déjà des centaines de milliers d'hectares de terres en Sibérie. La Chine semble donc y étendre son influence de manière pacifique. Du moins pour le moment.

Traduit et adapté de l'allemand par Léa Krejci

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