Donald Trump a beau affirmer que les 100 premiers jours de son deuxième mandat sont les plus réussis que ceux d'aucun autre président américain jusqu'ici, les Américains ne sont pas tout à fait de cet avis. Ce qui est sûr, c'est qu'aucun président n'a jamais eu une aussi mauvaise cote de popularité à l'issue de la traditionnelle période de démarrage d'un mandat.
Notons que même les chiffres concernant ses compétences économiques ont chuté. Bien que l'impopulaire milliardaire ne puisse pas être réélu, ce qui fait qu'il pourrait se moquer des sondages, cela ne le laisse pas indifférent.
Ce narcissique pathologique a besoin de reconnaissance. C'est pourquoi il fait tout pour être à la hauteur de sa réputation de «défenseur des laissés-pour-compte». Concrètement:
Depuis peu, des représentants des MAGA comme Josh Hawley adoptent également un ton du type «lutte des classes». Dans une tribune publiée dans le New York Times, le sénateur du Missouri demandait aux républicains de ne pas réduire Medicaid, un programme social vient en aide aux plus démunis en cas de problèmes de santé. Afin de soulager le déficit abyssal du budget de l'état, les républicains caressaient l'idée d'économiser 800 milliards de dollars sur ce programme.
Josh Hawley a constaté:
Le sénateur conclut que:
Le président américain semble être arrivé à la même conclusion. «Je pense que Trump réalise que ces choses sont populaires et il est du genre à vouloir être populaire», constate Liz Pancotti, du groupe de réflexion Groundwork Collaborative, dans le Financial Times.
Mais pas d'inquiétude. L'Internationale ne sera pas chantée de sitôt à la Maison-Blanche, et les super-riches peuvent toujours compter sur les cadeaux fiscaux promis. Donald Trump a annoncé des prix plus bas pour les médicaments dès son premier mandat et ne les a jamais imposés, sans compter que les obstacles juridiques à franchir pour y parvenir sont conséquents.
Même en rêve, Trump ne pense pas aux «laissés-pour-comte», et encore moins aux travailleurs. Il ne pense qu'à lui-même. Il s'agit donc une fois de plus d'une manœuvre de diversion. Et actuellement, les raisons ne manquent pas.
Dans la guerre commerciale sur fond de tarifs douaniers, le président américain va de défaite en défaite. Les marchés financiers ont transformé son «Liberation Day» en une mauvaise blague qui n'a fait rire personne. Le week-end dernier, ce sont les Chinois qui lui ont montré le chemin à emprunter. «Les Etats-Unis ont bougé les premiers», constate Alicia Garcià-Herrero de Natixis, une banque d'investissement, dans le Financial Times.
Le Wall Street Journal est encore plus clair. «Le président a déclenché une guerre commerciale avec Adam Smith. Il a perdu», constate sobrement le journal.
Du point de vue américain, le bilan intermédiaire de la guerre commerciale est en effet désastreux. Il a fallu faire des concessions vis-à-vis des principaux partenaires commerciaux que sont le Canada et le Mexique, et les droits de douane lancés à grand renfort d'annonces publiques ont finalement été gelés durant 90 jours. Avant même l'accord provisoire avec la Chine, il a fallu exempter de droits de douane les iPhones et les produits électroniques. Le mini-accord avec le Royaume-Uni a, au mieux, revêtu un caractère symbolique.
Bref, dans la guerre commerciale, Trump a semé le chaos dans le monde entier, froissé ses alliés, affolé les marchés financiers, et n'a au final rien obtenu.
Peu à peu, la corruption à ciel ouvert dont il fait l'objet devient également un problème pour Trump. Bloomberg a récemment calculé qu'il avait encaissé environ un milliard de dollars rien qu'avec des transactions de cryptomonnaies douteuses, du moins sur le papier. Le fait qu'il ait invité à un dîner les principaux acheteurs de son «meme coin», le $TRUMP, fait même réagir dans les milieux conservateurs.
Mais le pot-de-vin qui a fait déborder le vase de la corruption est le jet de 400 millions de dollars que les Qataris veulent offrir à Trump. Un tel cadeau ne viole pas seulement la clause d'émolument de la Constitution américaine, il devrait également être impossible de modifier ce jet dans un délai raisonnable afin qu'il puisse être utilisé en tant qu'avion présidentiel. Les critiques pointent également du doigt le fait que le Qatar soutient le Hamas, les Houthis et l'Iran.
Trump n'y voit aucun inconvénient. «Ils nous donnent le jet gratuitement», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse.
Ces arguments font davantage penser aux mots d'un chef de la mafia qu'à un président américain. Ils ne sont plus non plus digérés par les MAGA, d'autant plus que Donald Trump a averti il y a quelques jours encore les Américains qu'ils devraient peut-être se serrer la ceinture dans les mois à venir, et que leurs filles recevraient une poupée en moins au prochain Noël.
De plus en plus régulièrement, on compare les cris d'indignation au sujet des avantages de Trump avec les vives critiques émises il y a peu par les médias conservateurs et les républicains au sujet de Hunter Biden, le fils de l'ex-président. Ben Shapiro, un commentateur influent de la droite, l'a formulé comme suit:
Traduit de l'allemand par Joel Espi