Une relation amoureuse qui se transforme en une «obligation». C'est ce qu'a raconté cette mère célibataire, vouée à prendre la parole anonymement pendant plusieurs jours sous le nom de «Jane». Un témoignage qui colle, jusqu'à présent, avec celui d'une autre témoin-clé, la chanteuse Cassie.
Après un petit incident de séance, Jane est revenue sur sa rencontre avec Sean Combs via une amie à elle, à Miami, en 2020. «Je me souviens de la première fois que j'ai vu Sean. Il a franchi la porte de la chambre d'hôtel et il était tout simplement extraordinaire. Il avait une forte personnalité, vraiment charmant, très passionné, rien que dans sa façon de parler», se souvient-elle.
Leur premier rendez-vous durera cinq jours. Décrivant un homme «hors du commun», elle raconte ensuite les longues promenades sur la plage, les villas de vacances luxueuses et les jolis surnoms comme «Bert» et «Ernie» de «Sesame Street».
Cette première phase de leur relation dure quelques mois. Après une virée dans les Caraïbes en février 2021, cette figure incontournable du hip-hop des trois dernières décennies lui fait un virement de 10 000 dollars. Sa compagne étant créatrice de contenu sur les réseaux sociaux, il lui suggère rapidement de la rémunérer pour le temps passé ensemble, afin de compenser les pertes financières liées à son absence.
Devant le tribunal, Jane cache alors son visage d'un mouchoir pour évoquer la suite, un brusque virage en mai 2021, quand P. Diddy commence à lui parler de ses fantasmes de la voir pratiquer des relations sexuelles avec d'autres hommes.
«Je me souviens être allée aux toilettes et, en ressortant, Sean fixait son téléphone avec un sérieux absolu. Il avait l'air vraiment sérieux. Il a dit qu'on pouvait arranger ça ce soir», se remémore Jane. «Je me suis dit: 'Ce soir?'» J'étais décontenancée, un peu surprise, mais bon, d'accord.»
Le soir même, il arrive accompagné dans une chambre d'hôtel.
Un récit qui recoupe celui des procureurs, qui accusent le rappeur d'avoir forcé plusieurs femmes à se livrer à des marathons sexuels avec des hommes prostitués - les fameux «freak-offs». Pour Jane, cet épisode à l'hôtel va devenir une pratique régulière, malgré son opposition. Selon elle, ces pratiques avec d'autres hommes sous la direction de Sean Combs ont constitué dès lors 90% de leur relation. Des soirées pour lesquelles elle se prépare longuement, s'habille à la demande de Diddy. Le tout avec lumière rouge, beaucoup de drogues et beaucoup d'huile pour bébé.
Un temps et une disponibilité de tout instant qui l'empêche, selon elle, d'avoir un emploi. L'argent du rappeur était, avec une pension alimentaire d'un ex, devient sa principale source de revenus. Cassie a également déclaré que ses activités sexuelles avec Sean Combs revenaient à un temps plein. Les «freak-offs» peuvent durer entre 24 et 30 heures - sans sommeil.
Diddy loge alors Jane dans une maison de Los Angeles pour 10 000 dollars par mois, et quand elle s'oppose à ces nuits à l'hôtel, il soulève ce point. «Mon sentiment d'être sous une obligation est parti du fait que mon conjoint payait mon loyer», dit-elle à la barre. Leur relation s'est poursuivie jusqu'à l'arrestation du magnat du hip-hop en septembre 2024.
Juste avant ce témoignage, le juge Arun Subramanian a fustigé P. Diddy pour avoir «regardé les jurés et hoché la tête vigoureusement» pendant la déposition matinale d'une témoin, Bryana Bongolan.
«Cela ne peut pas se reproduire», a lancé le juge en avertissant la défense de P. Diddy qu'il envisagerait sérieusement de l'expulser de la cour s'il réitérait ce type de comportement à l'égard des jurés.
Jeudi matin, les avocats de Diddy ont également tenté de discréditer Bryana Bongolan, une amie de longue date de Cassie, qui a affirmé la veille avoir été «soulevée» dans les airs depuis le 17e étage d'un immeuble par le rappeur, avant qu'il ne la jette contre une table basse dans un accès de rage injustifiée.
Selon la défense, l'épisode du balcon n'aurait jamais eu lieu. Un incident que la témoin a farouchement répété avoir vécu.
Le procès doit se poursuivre avec Jane, ce vendredi, avant de se prolonger pour encore trois semaines supplémentaires. (mbr avec afp)