Le 5 mai dernier, alors que tout le gratin d'Amérique bruissait du MET Gala et de ses tenues affriolantes, l'un de ses plus célèbres participants devait également réfléchir intensément à son accoutrement.
Sauf que, cette année, P. Diddy ne foulerait pas le tapis rouge. Et il n'endosserait pas non plus une opulente cape à froufrou Sean John, la marque qu'il a fondée, ou en tailleur Rick Owens assortie de souliers vernis Louboutin.
Non, cette année, enfermé dans sa geôle ultra-sécurisée de Manhattan, Diddy se préparait à assister à la sélection du jury et au début de son procès pour trafic sexuel, racket et prostitution. Et autant dire qu'il n'avait pas l'embarras du choix.
Non. Selon des sources judiciaires consultées par le magazine People, à quelques jours du lancement de ce procès tentaculaire qui doit durer deux mois, son équipe judiciaire a adressé au juge une demande assez particulière: que Diddy soit exempt de porter son uniforme beige de prisonnier et autorisé à enfiler des vêtements «normaux». Une requête validée par le district sud de New York.
Cependant, le juge a émis une condition: l'accusé n'a droit qu'à cinq pulls, cinq chemises boutonnées, cinq paires de pantalons, cinq paires de chaussettes ainsi que deux paires de chaussures sans lacets.
Ainsi, lundi dernier, P. Diddy s'est présenté dans la salle d'audience vêtu d'un pull marine, d'une chemise blanche et d'un pantalon foncé. Lunettes sur le nez, cheveux grisonnants soigneusement coupés, le bouc emblématique au menton, il évoquait plus volontiers un «universitaire» ou encore un «tonton légèrement potelé» et éternel célibataire, en fonction des médias américains, qu'un trafiquant sexuel.
Au fil des jours, on le verra encore affublé d'un pull beige à col rond ou d'un noir à la coupe similaire. Des vêtements d'une simplicité qui tranche douloureusement avec le look extravagant et pointu du rappeur, qui lui a valu d'être encensé pendant plus de vingt ans par l'industrie de la mode.
Evidemment, tout est calculé. Hors de question pour Diddy de débarquer au palais de justice en chemise jaune fluo Versace ou bomber en satin Dolce & Gabbana.
Le «courtcore» est utilisé par les célébrités depuis des années, en particulier aux Etats-Unis où la plupart des procès sont filmés et retransmis en direct. Vous n'avez probablement pas oublié les looks iconiques de Gwyneth Paltrow, en 2023, ou ceux d'Amber Heard lors de son procès l'opposant à Johnny Depp, en 2022.
Si le procès de P. Diddy ne sera pas retransmis à la télévision, en raison des lois particulières qui régissent les procès fédéraux dans l'Etat de New York, l'image que renvoie l'accusé ne reste pas moins capitale. Il s'agit de faire en sorte que le jury se fasse une opinion de lui la moins, hm... «défavorable» possible.
Mais, comme le rappelle à juste titre Margaux Guillerit, docteure en linguistique anglaise, à Madame Figaro, fort heureusement, le style vestimentaire des célébrités n'a qu'une influence limitée sur les affaires en cours.
Le procès de Sean Combs doit durer jusqu'au 7 juillet prochain. Il devra donc rivaliser d'imagination avec ce qu'il a sous la main, s'il ne veut pas lasser son «public».