Après être tombées dans l'impasse mardi, les délibérations du jury ont repris mercredi matin pour décider de la culpabilité du rappeur. C'est à 9h52 que les douze jurés ont finalement par livrer leurs conclusions au juge Arun Subramanian. Déclaré «coupable» de transport à des fins de prostitution, Diddy a en revanche été relaxé pour les trois autres de racket et de trafic sexuel - les plus graves.
Sean Combs, 55 ans, qui a plaidé non coupable de tous les chefs d'accusation, est passible de 10 ans d'emprisonnement pour les deux chefs de transport à des fins de prostitution, selon NBC News.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un acquittement complet, il s'agit d'une victoire partielle pour le magnat déchu de l'industrie du hip-hop, qui a passé ces dix derniers mois dans une prison fédérale.
Selon les procureurs, Diddy avait usé et abusé de son pouvoir et de son influence de plusieurs décennies dans l'industrie de la musique, afin de contraindre plusieurs petites amies à participer à des soirées-marathon sexuelles de plusieurs jours, impliquant des travailleurs du sexe masculins, les «freak offs».
Pendant des semaines, un panel composé de huit hommes et quatre femmes a entendu des témoignages troublants décrivant des coups présumés, brutaux, perpétrés par un homme si puissant qu'il était considéré comme «intouchable». Près d'une trentaine de témoins se sont succédés à la barre pour dresser un tableau autrement plus sombre que celui qu'on avait jusque-là dressé du hitmaker né à Harlem, qui a autrefois dominé les classements hip-hop et R&B.
Les deux témoins les plus marquantes de l'accusation resteront incontestablement la chanteuse Cassie et «Jane», une ancienne compagne anonyme du musicien, qui ont livré plusieurs jours durant le récit des abus présumés subis pendant des années auprès de Sean Combs.
En 2023, son ex-compagne Cassie a porté plainte contre lui au civil pour un viol remontant à 2018, et l'a accusé d'avoir eu un «comportement violent» et «déviant» durant une décennie, comme des relations sexuelles forcées avec des hommes prostitués. Si l'affaire se règle en 24 heures, «à l'amiable», selon un accord confidentiel, elle donne lieu à d'autres plaintes, ayant mené à ce procès pénal au tribunal de Manhattan.
Les avocats de l'accusé, eux, ont fait valoir que l'accusation portée contre Sean Combs était «gravement exagérée» et qu'il était simplement jugé pour un style de vie «échangiste». Leur client avait un style de vie «polyamoureux» qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
Peu avant la décision du jury, P. Diddy, de son vrai nom Sean Combs, avait prié au tribunal en regardant des membres de sa famille sur place. «Dieu, s'il te plaît, veille sur ma famille», a-t-il lancé. Leur client avait un style de vie «polyamoureux» qui ne tombe pas sous le coup du droit pénal.
Cassie et Jane ont admis que leur relation respective impliquait de l'amour, mais qu'elles étaient dans le même temps soumises à des menaces liées à leur réputation, à leur situation financière et à leur intégrité physique.
A la lecture du verdict complet, l'accusé s'est tourné vers sa famille et a murmuré: «Je rentre à la maison». L'audience a été suspendue pendant quelques heures, le temps que le juge examine les arguments des avocats de la défense, quant à savoir si le rappeur doit être libéré.