«Nous avons probablement empêché une autre tentative d'assassinat». La déclaration a une saveur amère, ce dimanche, dans la bouche du shérif du comté en conférence de presse. L’officiel annonçait l'arrestation, la veille, d'un homme tentant de pénétrer dans un meeting de Donald Trump à Coachella, en Californie. L'un des rares organisés dans cet Etat, majoritairement démocrate, par le candidat républicain.
C'est à 16h59, que le suspect, identifié comme Vem Miller, 49 ans, habitant Las Vegas, a été arrêté à un point de contrôle à environ 300 mètres du rassemblement, à bord d'un SUV noir pourvu d'une fausse plaque d'immatriculation. Il avait déjà réussi à passer le premier check-point en présentant une fausse carte d'identité, selon le shérif du comté.
A défaut de documents d'identité valides, l'homme a en sa possession de faux pass VIP, de fausses cartes de presse «suffisamment différentes pour provoquer l'inquiétude des adjoints», ainsi que plusieurs passeports et permis de conduire bidon. De quoi alimenter la suspicion des agents de police, qui ont donc procédé à une fouille en règle de son véhicule, pour y découvrir un attirail inquiétant: fusil, pistolet chargé et chargeur supplémentaire à haute capacité.
Avant même que Donald Trump n'arrive sur les lieux du rallye, Vem Miller avait déjà été arrêté et placé en détention provisoire.
Le profil de l'individu, Vem Miller, est pour le moins détonnant. Républicain inscrit et sympathisant affiché de Donald Trump, il est soupçonné de flirter avec des mouvances d'extrême droite.
Propriétaire d'une société de CBD basée en Californie, l'homme se décrit sur LinkedIn et Instagram comme un «journaliste d'investigation», auteur de «documentaires» et cofondateur d'un site Web marginal d'extrême droite, The America Happens, dont la devise promet de «se déchaîner contre les médias grand public». Il compterait aussi à son actif un long passé de petits démêlés avec la justice, selon des sources au New York Post.
Selon le bureau du shérif, Vem Miller se revendique du mouvement des «sovereign citizen» (les «citoyens souverains», en français) – un mouvement complotiste de l'alt-right qui affirme que le gouvernement n'a aucune autorité sur ses citoyens. Pour preuve, la voiture de Vem Miller n'était pas immatriculée, les citoyens souverains estimant qu'ils n'y sont pas contraints. «Ils ne croient pas que les lois s'appliquent à eux», a déclaré le shérif aux journalistes. L'accusé, de son côté, dément appartenir au groupe.
Libéré sous caution de 5000 dollars dans la même soirée, Vem Miller doit comparaître le 2 janvier 2025 devant un tribunal local pour «possession d'une arme chargée» et «possession de chargeur à haute capacité». Ce qui ne marque sans doute pas la fin de ses problèmes judiciaires, a clamé dimanche le shérif Chad Bianco.
Le chef de la police, connu pour être un farouche pro-Trump, a réitéré dimanche soir devant les journalistes sa conviction qu'une «probable» tentative d'assassinat contre l'ancien président avait bien été déjouée dans son comté.
Un avis que ne semblent partager ni le FBI, ni le Secret Service, ni même l'équipe de campagne de Trump à ce stade. Tous trois ont déclaré dans des communiqués séparés qu'ils ne pensaient pas que Vem Miller représentait une menace pour la vie de Trump et qu'il n'y avait certainement pas eu de tentative d'assassinat.
«Il n'y a pas eu de tentative d'assassinat en Californie hier», a renchérit une source proche de l'équipe de campagne de Trump au Daily Mail, dans la foulée. «Un homme à un poste de contrôle du périmètre avait une arme à feu, mais il n'y a pas eu d'incident.»
Dimanche soir, le principal concerné, qui a déjà survécu à une première tentative d'assassinat en juillet, puis à une seconde le mois dernier, n'avait pas encore formulé son opinion sur les évènements du week-end. Seul son fils, Don Jr, a exprimé son exaspération sur les réseaux sociaux face à cette «probable» troisième tentative d'assassinat. «Cela ne finira jamais!!!» s'est-il étranglé sur X.
Pour sa part, Vem Miller s'est dit «choqué» d'avoir été arrêté et accusé d'avoir tenté de nuire à Trump. «Ces accusations sont complètement absurdes», a-t-il déclaré à The Press Enterprise après sa libération. Je suis un artiste, je suis la dernière personne qui pourrait être violente et blesser quelqu'un». Affirmant avoir reçu une invitation spéciale au rassemblement de Coachella Valley, il balaie toutes les accusations portées contre lui.
Cependant, le cas est suffisamment mystérieux, à trois semaines de l’élection, pour que les réseaux sociaux en fasse la nouvelle polémique à la mode.