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Un condamné à mort exécuté par inhalation aux Etats-Unis

Le pasteur John Ewell, de l'association Anchor Prison Ministries, prie à l'extérieur de l'établissement pénitentiaire W.C. Coleman à Atmore, en Alabama.
Le pasteur John Ewell, de l'association Anchor Prison Ministries, prie à l'extérieur de l'établissement pénitentiaire W.C. Coleman à Atmore, en Alabama.Keystone

Un condamné à mort exécuté par inhalation aux Etats-Unis

L'Etat américain d'Alabama a exécuté jeudi un condamné par inhalation d'azote, une première mondiale. L'ONU avait dénoncé l'exécution par avance, comparant ce mode à une forme de «torture».
26.01.2024, 07:5126.01.2024, 07:51

Kenneth Eugene Smith, définitivement condamné en 1996 à la peine capitale pour le meurtre d'une femme commandité par son mari, est décédé au pénitencier d'Atmore à 20h25 locales (03h25 vendredi en Suisse), 29 minutes après le début de l'exécution, a annoncé un communiqué du procureur général d'Alabama.

«Justice a été rendue»
Le procureur général d'Alabama dans un communiqué.

«Ce soir, Kenneth Smith a été mis à mort pour l'acte abject qu'il avait commis il y a 35 ans», a-t-il ajouté, affirmant que l'Alabama avait «accompli quelque chose d'historique».

L'exécution de Kenneth Smith a été la première de l'année aux Etats-Unis, où 24 ont été réalisées en 2023, toutes par injection létale. C'est la première fois depuis plus de 40 ans qu'un mode d'exécution inédit est utilisé dans ce pays.

Première tentative en 2022

Une précédente tentative par injection létale, le 17 novembre 2022, avait été annulée in extremis, les perfusions intraveineuses pour administrer à Kenneth Eugene Smith la solution mortelle n'ayant pu être posées dans le temps légalement imparti, bien qu'il soit resté attaché plusieurs heures.

L'Alabama est l'un des trois Etats américains autorisant l'exécution par inhalation d'azote, dans laquelle le décès est provoqué par hypoxie (raréfaction d'oxygène). Le haut-commissariat de l'ONU aux droits de l'homme (HCDH) s'est dit le 16 janvier «alarmé» par l'utilisation d'un «mode d'exécution inédit et non testé, l'hypoxie à l'azote».

Lors d'une conférence de presse, le révérend Dr Jeff Hood (à gauche), conseiller spirituel du meurtrier condamné Kenneth Eugene Smith, réconforte l'épouse de ce dernier, Deanna Smith.
Lors d'une conférence de presse, le révérend Dr Jeff Hood (à gauche), conseiller spirituel du meurtrier condamné Kenneth Eugene Smith, réconforte l'épouse de ce dernier, Deanna Smith.Keystone

Cela «pourrait constituer de la torture ou d'autres traitements cruels ou dégradants au regard du droit international», a prévenu une porte-parole du haut-commissariat, appelant à un sursis à cette exécution. Le protocole d'exécution par hypoxie à l'azote de l'Alabama ne prévoit pas de sédation, alors que l'association américaine vétérinaire (AVMA) recommande d'administrer un sédatif aux animaux euthanasiés de cette façon, a souligné la porte-parole.

«Complètement expérimental»

Tous les recours et demandes de sursis de Kenneth Eugene Smith, 58 ans, ont été rejetés, y compris mercredi par la cour suprême des Etats-Unis d'Amérique. La plus haute juridiction du pays, à majorité conservatrice, était saisie jeudi d'un ultime recours du condamné, mais n'y a pas fait suite. Dans ses arguments écrits à la cour suprême, l'Etat d'Alabama était même allé jusqu'à présenter l'hypoxie à l'azote comme, «peut-être, le mode d'exécution le plus humain jamais inventé».

Abraham Bonowitz, de l'organisation Death Penalty Action. Plusieurs groupes de défense des droits de l'homme ont protesté contre cette méthode expérimentale.
Abraham Bonowitz, de l'organisation Death Penalty Action. Plusieurs groupes de défense des droits de l'homme ont protesté contre cette méthode expérimentale.Keystone

«Les autorités d'Alabama ont raté trois exécutions de suite en 2022, dont celle de Monsieur Smith», avait souligné la directrice exécutive de l'observatoire spécialisé Death Penalty Information Center (DPIC), Robin Maher.

«Elles se sentent peut-être plus à l'aise en passant à un mode d'exécution complètement différent, même s'il est complètement expérimental et n'a jamais été testé»
Robin Maher, directrice exécutive de l'observatoire spécialisé Death Penalty Information Center (DPIC).

«Je suis encore traumatisé par la dernière fois», avait confié en décembre dans une interview à la radio publique NPR Kenneth Eugene Smith, s'avouant «absolument terrifié» de revivre une tentative d'exécution.

Il a été reconnu coupable du meurtre en 1988 d'Elizabeth Dorlene Sennett, 45 ans, commandité par le mari de cette dernière, Charles Sennett, un pasteur lourdement endetté et infidèle, pour faire croire à un cambriolage qui aurait mal tourné. Malgré le suicide du mari, la police était remontée jusqu'aux deux meurtriers. Le complice de Kenneth Eugene Smith, John Forrest Parker, condamné à la peine capitale, a été exécuté en 2010.

La peine de mort a été abolie dans 23 Etats américains, tandis que six autres observent un moratoire sur son application sur décision du gouverneur. (sda/ats/afp)

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