La victime, une ancienne coiffeuse qui travaillait au collège depuis septembre et maman d'un petit garçon, selon l'une de ses cousines, est décédée mardi peu après avoir reçu des coups de couteau lors d'un contrôle des sacs devant un collège à Nogent, dans l'est de la France.
Le suspect, un collégien de 14 ans «qui n'avait pas d'antécédents judiciaires», a été immédiatement maîtrisé par les gendarmes présents, a rapporté le procureur. Le jeune avait été «l'objet en début d'année de deux exclusions temporaires pour perturbation de la classe» mais n'avait pas posé de difficulté depuis, a précisé la ministre de l'Education Elisabeth Borne, venue sur place.
«La réponse ne peut pas être seulement sécuritaire», a ajouté le ministre de l'Intérieur. Des contrôles aléatoires de sacs dans les établissements scolaires ont été mis en place en France après une rixe en mars qui a provoqué la mort d'un adolescent de 17 ans devant un lycée du département de région parisienne.
Le ministre de l'Intérieur avait alors promis davantage de «dissuasion et de sanctions» aux abords des établissements scolaires après ce qu'il avait qualifié de «longue litanie» de rixes mortelles. Le contrôle de sacs de mardi était «prévu de longue date», a précisé le rectorat, soulignant qu'il n'y avait «pas de difficultés particulières» dans cet établissement.
Le président Emmanuel Macron a déploré sur X «un déferlement de violence insensé» alors que l'assistante d'éducation «veillait sur nos enfants». «La Nation est en deuil et le gouvernement mobilisé pour faire reculer le crime», a-t-il ajouté. Parlant d'un «drame terrible», la ministre de l'Éducation Elisabeth Borne devait se rendre à Nogent «en soutien à l'ensemble de la communauté scolaire»
Alors qu’elle veillait sur nos enfants à Nogent, une assistante d’éducation a perdu la vie, victime d’un déferlement de violence insensé.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) June 10, 2025
Tous, nous sommes aux côtés de sa famille, de ses proches, de ses collègues et de l’ensemble de la communauté éducative.…
La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen a pour sa part dénoncé la «banalisation de l'ultraviolence» et «l'apathie des pouvoirs publics».
L'agression a déclenché l'émoi, notamment au sein de la communauté éducative. «Notre collègue (...) faisait simplement son métier en accueillant les élèves à l'entrée de l'établissement», a souligné Elisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du syndicat SE Unsa, faisant état d'une «immense douleur».
«C'est impossible d'être plus vigilants 24/24 (...) On ne peut pas se dire chaque élève est un danger, est une menace, sinon on ne se lève plus le matin», a commenté Jean-Rémi Girard, président du Syndicat national des lycées et collèges (Snalc).
Toujours côté syndical, des voix interrogent le rôle des surveillants dans ces opérations de contrôle. Sophie Vénétitay, secrétaire générale du Snes-FSU, premier syndicat des collèges et lycées, a exprimé sa «colère de penser qu'une AED (assistante d'éducation, NDLR) était ainsi exposée, alors même que les AED ont une mission éducative et non pas de vigiles devant les établissements». Entre le 26 mars et le 23 mai, 6000 contrôles en France ont entraîné la saisie de 186 couteaux, et 587 conseils de discipline ont eu lieu au total pour détention de couteaux, selon le ministère de l'Education nationale.
Fin mai, la vice-présidente de l'Assemblée Naïma Moutchou, qui a remis au premier ministre un rapport sur la détention d'armes blanches par des mineurs, estimait qu'elle est devenue «un phénomène» concernant «n'importe quel territoire» et des profils variés. Lors des questions au gouvernement mardi, elle a exhorté François Bayrou à agir, préconisant notamment «d'interdire strictement la vente et la détention de tout type d'arme blanche par les mineurs» et d'instaurer des peines minimales.
Le premier ministre lui a répondu que le gouvernement lui confierait une mission pour que ses préconisations puissent être «réalisées». Il a aussi souhaité que le gouvernement travaille à «l'expérimentation» de portiques de détection d'armes à l'entrée des établissements scolaires, une piste jugée irréaliste par de nombreux professionnels de l'éducation, et dont Bruno Retailleau a relativisé mardi l'efficacité.
La leader d'extrême droite Marine Le Pen a déploré la «banalisation de l'ultraviolence, encouragée par l'apathie des pouvoirs publics à y mettre fin». A gauche, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a appelé à «veiller à la santé mentale» des jeunes, en particulier des garçons, qui «s'enfoncent» dans la violence.
Le porte-parole de la fédération de parents d'élèves Peep estime lui aussi que «le véritable problème est la santé mentale de nos jeunes». Il a réclamé «un meilleur encadrement (...) notamment en terme d'infirmières, médecins scolaires». (jzs/mbr/ ats)