Le retour Donald Trump à la présidence s'annonce comme une véritable tempête politique, qui devrait balayer la scène mondiale dès le 20 janvier, avec des conséquences déjà perceptibles sur la politique internationale.
Pas encore investi, le républicain fait déjà parler de lui partout. L'économie mondiale redoute de nouveaux droits de douane américains. En Europe, les Etats débattent d'une augmentation des dépenses militaires et d'une plus grande indépendance sécuritaire vis-à-vis des Etats-Unis. D'autres pays, comme le Panama, le Canada ou encore le Groenland, doivent réagir aux déclarations du futur président américain, qui envisage d'annexer de nouveaux territoires aux Etats-Unis.
Les répercussions du changement de pouvoir à Washington sont particulièrement tangibles dans la guerre en Ukraine. Ni Moscou ni Kiev ne savent à quoi s'attendre du futur président américain.
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Donald Trump est imprévisible: il pourrait aussi bien renforcer le soutien militaire à l'Ukraine que l'abandonner totalement. Face à cette incertitude, la Russie et L'Ukraine ont intensifié leurs opérations militaires en ce début d'année, cherchant à renforcer leur position en vue d'éventuelles négociations.
Avant même son investiture, le républicain tente d'influencer les crises actuelles par ses déclarations. Lors d'une conférence de presse, tenue mardi, dans son domaine de Mar-a-Lago, en Floride, Donald Trump a tempéré ses ambitions concernant la guerre en Ukraine. Il a exprimé l'espoir que le conflit prenne fin rapidement: «Dans les six prochains mois, je l'espère», a-t-il déclaré.
Pendant la campagne électorale, Donald Trump, âgé de 78 ans, affirmait qu'il mettrait fin au conflit en Ukraine en 24 heures. Mais il n'a pas expliqué comment il convaincrait Vladimir Poutine de venir à la table des négociations. Mardi encore, il s'est contenté d'évoquer une possible future rencontre avec le président russe, sans plus de précisions. Et d'assurer:
Une chose est sûre: les Etats-Unis jouent un rôle crucial dans l'évolution du conflit en Ukraine. L'armée ukrainienne dépend du soutien militaire américain, et Donald Trump pourrait utiliser cet atout pour contraindre le président ukrainien Volodymyr Zelensky à négocier.
Vladimir Poutine a déjà démontré son respect pour le potentiel militaire américain. Le Kremlin doit également envisager un scénario où la future administration Trump intensifierait son engagement en Ukraine, si Poutine refusait les efforts de médiation américains.
Donald Trump, par son imprévisibilité, représente donc à la fois une menace et une opportunité pour Moscou et Kiev.
En attendant, la Russie et l'Ukraine se concentrent sur ce qu'elles peuvent contrôler militairement. Les deux camps cherchent à consolider leurs positions en prévision de négociations ou d'un gel des lignes de front.
Cela explique pourquoi l'armée ukrainienne a lancé, ce week-end, une nouvelle offensive dans la région russe de Koursk. Depuis des semaines, des blogueurs militaires russes parlent d'une contre-offensive ukrainienne dans le sud de la Russie, sur Telegram. On ne sait toutefois pas si ces récentes manœuvres ukrainiennes représentent l'attaque tant redoutée.
Des vidéos publiées par l'armée ukrainienne montrent des chars et des véhicules blindés en mouvement. L'ampleur de l'offensive semble encore limitée, et les troupes ukrainiennes n'ont pas encore réussi à percer les défenses. Ces actions ont néanmoins alarmé les blogueurs russes, qui pensent qu'il ne s'agit pas de l'offensive principale venant de l'Ukraine.
Pour Kiev, tester les lignes de défense ennemies pourrait être stratégique. L'objectif est clair: identifier les failles dans la défense russe pour obtenir des gains territoriaux significatifs avec des pertes minimales. Si l'Ukraine parvient à conquérir de nouvelles zones en Russie, elle pourrait les échanger contre des territoires occupés à l'est de l'Ukraine lors de futures négociations.
En parallèle, Kiev cherche à maintenir la pression sur Vladimir Poutine, qui n'a pas réussi à reprendre ces territoires en plus de cinq mois. Cette logique explique les avancées ukrainiennes à Koursk – une stratégie risquée, mais calculée.
Les troupes ukrainiennes engagées en Russie pourraient, toutefois, être précieuses sur le front intérieur. La situation militaire reste tendue dans le sud-est de l'Ukraine, où l'armée russe progresse lentement, mais sûrement. Des images montrent des tranchées et des défenses abandonnées par les forces ukrainiennes.
La petite ville de Kourakhove semble être tombée aux mains des forces russes. Bien que son importance stratégique pour l'Ukraine soit limitée, sa perte constitue un symbole pour Moscou, qui peine à réaliser des percées majeures malgré ses efforts.
Le prochain objectif russe semble être Pokrovsk, une ville stratégique de 60 000 habitants dans la région de Donetsk. Pour Vladimir Poutine, il s'agit de la plus grande prise envisageable à l'heure actuelle. Pokrovsk est un point clé pour la logistique ukrainienne dans l'est du pays.
Depuis des semaines, les autorités ukrainiennes s'attendent à une offensive russe sur la ville; le président Volodymyr Zelensky a récemment réaffirmé sa détermination à défendre Pokrovsk. Il a annoncé l'envoi de renforts, envoyant ainsi un message clair à Moscou: la ville ne sera pas abandonnée sans combat.
L’armée russe mise sur une stratégie d’encerclement. En visant les routes d’approvisionnement cruciales autour de Pokrovsk, Moscou espère contraindre les forces ukrainiennes à abandonner la ville, sous la menace d’un siège total. Et ainsi, maximiser ses gains territoriaux avant un possible gel du conflit ou des négociations.
Cependant, cette stratégie comporte des risques majeurs: Pokrovsk semble partie pour résister. Les forces ukrainiennes ont eu des mois pour renforcer les défenses, transformant la ville en une forteresse capable de supporter un long siège. Si les troupes russes tentent de s'en emparer, elles pourraient être entraînées dans des combats coûteux en vies humaines, où les rues et bâtiments urbains deviendraient des champs de bataille.
Ce dilemme met Vladimir Poutine dans une position délicate. En effet, le Kremlin a déjà sacrifié de nombreuses vagues d'infanterie dans des assauts frontaux sur les lignes ukrainiennes, épuisant progressivement ses forces. Par ailleurs, une campagne prolongée pour prendre Pokrovsk pourrait lui coûter un temps précieux – un facteur crucial, surtout en prévision des négociations et du retour de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder