Le 20 janvier, le monde entier aura les yeux rivés sur Washington, lorsque Donald Trump prêtera serment en tant que 47e président des Etats-Unis. Si le septuagénaire prévoit de tenir plusieurs de ses promesses électorales dès son premier jour au pouvoir sur le plan national, ses intentions sur la scène internationale restent floues, notamment en ce qui concerne leur faisabilité.
Depuis son élection en novembre, une déclaration de Donald Trump revient fréquemment dans les débats sur la situation internationale: l’ancien président a affirmé qu’il mettrait un terme à la guerre en Ukraine et rétablirait la paix en moins de 24 heures après son retour à la Maison-Blanche.
Que Donald Trump insiste sur une résolution rapide du conflit en Ukraine ne fait aucun doute. Obtenir une percée diplomatique dans une guerre qui domine le continent européen depuis plus de trois ans représenterait un immense triomphe politique pour l’ancien président. Mais quelles conditions devraient être réunies pour que le président ukrainien Volodymyr Zelensky et son homologue russe Vladimir Poutine acceptent de conclure un accord de paix?
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Alors que Poutine reste mystérieux quant à ses intentions, Zelensky propose une solution concrète: une adhésion immédiate de l’Ukraine à l’Otan en échange de l’abandon des territoires occupés par la Russie dans l’est du pays. «Notre pays ne pourra toutefois accepter cette proposition que si certaines conditions sont remplies», a expliqué Zelensky lors d’un entretien d’environ trois heures avec le podcasteur américain Lex Fridman.
Zelensky détaille les conditions nécessaires à cet accord. Outre l'adhésion à l'Otan, il insiste sur la nécessité que l'Ukraine bénéficie, à titre de garantie de sécurité, de livraisons massives de matériel militaire de la part des Etats-Unis et de l'Union européenne.
En outre, le président ukrainien insiste sur l'imposition de nouvelles sanctions contre l'agresseur russe. L'objectif: empêcher Poutine de continuer à financer la guerre grâce à la vente de gaz naturel et de pétrole, ce qui lui permettrait de prolonger le conflit.
Il s'agit d'une nouvelle tentative du président ukrainien de définir, en collaboration avec le président élu des Etats-Unis, des propositions concrètes pour un cessez-le-feu, visant à répondre aux intérêts de l'Ukraine, des Etats-Unis et, dans une certaine mesure, de la Russie.
Zelensky est conscient de l'imprévisibilité de Trump. Et surtout, il sait à quel point l'Ukraine dépend des Etats-Unis, le partenaire le plus important de l'Otan. C'est pourquoi il ne peut tout simplement pas se permettre de tomber en disgrâce auprès de Trump.
C'est également la raison pour laquelle le président ukrainien s'efforce d'entretenir une bonne relation avec le nouveau président américain, depuis son élection. Dans l'interview avec Fridman, il se montre à nouveau élogieux envers Trump:
Et d'ajouter:
Des mots qui, bien sûr, plaisent à une personne comme Trump. Mais derrière cette déclaration se cache aussi un calcul stratégique. Zelensky n'a en réalité pas d'autre choix que de flatter Trump. Reste à voir si Trump se laissera acheter par des mots dans un conflit qui a profondément divisé politiquement les Etats-Unis. L'incertitude demeure quant à la façon dont Trump agira, tant le conflit est politisé.
Néanmoins, la perspective de mettre fin à ce conflit de longue date et de réaliser ainsi un coup politique dès le début de son mandat devrait également être dans l'intérêt de Donald Trump. Mais à quelles conditions? Car pour qu'un cessez-le-feu soit possible, il ne faut pas seulement la volonté d'un Trump et d'un Zelensky, il faut aussi la volonté du chef du Kremlin, Vladimir Poutine.
Du côté du chef du Kremlin, la question se pose de savoir combien de temps la Russie pourra encore mener sa guerre d'usure à ce niveau. Moscou paie un prix élevé en Ukraine. Non seulement en termes de soldats, mais aussi du point de vue économique, des doutes existent sur la capacité de la Russie à prolonger indéfiniment le conflit.
Si la progression, certes régulière, mais longue, se poursuit au même rythme que cette année, Poutine aura besoin de plusieurs mois, voire de plusieurs années, pour s'emparer de l'est de l'Ukraine.
Et pendant ce temps, des Russes (et des Nord-Coréens) continueraient à mourir en masse et l'économie russe serait sous pression. Les prix en Russie sont en hausse, l'inflation est tenace. La population russe en subit également les conséquences. Et cela devient de plus en plus un problème pour Poutine.
Seulement, le président russe aura sans doute du mal à accepter l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan. Ce qui est certain, c'est qu'avec l'arrivée de Trump à la Maison-Blanche, une nouvelle dynamique se dessinera autour du dossier ukrainien. Reste à déterminer de quelle nature elle sera.
Traduit et adapté par Noëline Flippe