Lorsque les Etats-Unis prennent une décision, l'Allemagne suit: c'est ainsi que Berlin a toujours fonctionné en matière de soutien militaire à l'Ukraine. Cette semaine, le même schéma s'est répété.
Après que Washington a annoncé, jeudi, que les Ukrainiens pouvaient utiliser des armes américaines «de façon limitée» contre des cibles en Russie, à condition que cela serve à défendre la grande ville de Kharkiv, Berlin a donné son accord vendredi.
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La décision a probablement été étroitement coordonnée entre les alliés occidentaux: mercredi et jeudi, les conseillers à la sécurité nationale des Etats-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de l'Allemagne auraient eu des consultations intensives avant que Washington et Berlin ne se rallient à la ligne déjà défendue par Londres, Paris, Varsovie et d'autres capitales européennes.
La Russie mène l'assaut près de Kharkiv, deuxième ville d'Ukraine, depuis le territoire frontalier russe, les Ukrainiens doivent donc pouvoir bombarder des positions là-bas pour exercer leur droit de défense inscrit dans le droit international, a déclaré vendredi un porte-parole du gouvernement à Berlin. Cependant, la décision ne signifie pas une autorisation générale d'utiliser des armes allemandes contre des cibles en Russie.
Pour l'heure, il n'est pas encore clair avec quels systèmes d'armes allemands les Ukrainiens pourront attaquer des cibles en Russie; il pourrait s'agir de l'obusier PzH 2000 (Panzerhaubitze 2000) et du lance-roquettes multiples Mars II, entre autres.
Il est important que l'Ukraine puisse agir de manière préventive pour défendre Kharkiv, si le temps manque pour activer la défense aérienne, a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock lors d'une réunion de l'Otan à Prague vendredi.
La volte-face des Américains et des Allemands est d'ailleurs probablement due à la situation de plus en plus dramatique à Kharkiv: cette ville de 1,4 million d'habitants se trouve à seulement 30 kilomètres de la frontière. La concentration de troupes du côté russe, depuis l'ouverture d'un nouveau front le 10 mai, a laissé les Ukrainiens largement impuissants, c'est pourquoi Kiev a demandé aux Américains et aux Européens il y a trois semaines de lever les restrictions d'utilisation.
Il reste maintenant à voir comment la Russie réagira aux décisions de Washington et Berlin. La peur d'une possible escalade du conflit jusqu'à une troisième guerre mondiale est ce qui a fait hésiter à plusieurs reprises le président américain Biden et le chancelier allemand Scholz lorsqu'il s'agissait d'élargir l'aide militaire.
Cependant, Moscou n'a guère d'autres moyens que de brandir la menace nucléaire pour réagir aux décisions occidentales. L'ancien président russe Dmitri Medvedev, l'une des voix les plus stridentes autour de Poutine, a de nouveau menacé, vendredi, de recourir à la bombe atomique. De telles provocations finissent par perdre de leur impact, et il est peu probable qu'elles continuent à effrayer de nombreux Européens et Américains.
(adapté par jah)