«Sainte Marie Mère de Dieu, ils ont osé», ont dû se dire un certain nombre d'Italiens, trop catholiques pour goûter à ce croustillant humour.
Dans une publicité de la marque Amica Chips, ça n'est pas l'hostie qui agite les bonnes sœurs, mais un paquet de chips. La mère supérieure, planquée en train de manger des «patatine», comme on dit en italien, semble se délecter de ce mets peu orthodoxe.
Et manifestement, il est assez mal vu de mâcher bruyamment des chips alors que le prêtre est occupé à donner l'hostie aux jeunes recrues du couvent. Le bruit résonne à travers toute la bâtisse, sous le regard désapprobateur des religieux.
Mais ça n'est pas uniquement cette mastication intempestive qui pose problème. En italien, «chips» se dit «patatine». Mais une «patatina» est un terme qui désigne aussi, dans le langage populaire... le sexe féminin.
Une subtilité linguistique qui a poussé les plus conservateurs à crier au blasphème. L'Association italienne des utilisateurs de radio et de télévision [très catholique] a exigé le retrait de la publicité, déclarant qu'elle offensait la sensibilité religieuse des catholiques pratiquants.
Le scandale ne s'est toutefois pas arrêté là, puisque des actions légales et un appel au boycott de la marque ont été lancés. Ainsi, l'ancien sénateur d'extrême droite Simone Pillon a interpellé Amica Chips pour savoir si d'autres religions pouvaient les inspirer:
D'autres politiciens y sont également allés de leurs commentaires croustillants à l'égard de l'humour blasphématoire de la marque.
L'entreprise Amica Chips n'en est pas à son coup d'essai, puisqu'elle est connue justement pour ses publicités olé-olé. En 2006, elle avait fait appel à l'acteur porno Rocco Siffredi pour une campagne mémorable et pleine de jeux de mots. Il dit notamment:
En raison de ses nombreux doubles sens, cette publicité avait été sévèrement censurée, et diffusée en version muette, jusqu'à la fin du contrat avec les chaînes de télévision.
Mais rien n'arrête ni l'acteur de films X, ni la marque de chips italienne. En 2019, Rocco Siffredi avait remis le couvert, et l'entreprise avait surfé sur les anciens scandales, en clamant précisément «he's back!».
Pour en revenir à la version originale de la publicité des bonnes sœurs, elle a été diffusée uniquement sur les réseaux sociaux. Ce sont des versions édulcorées qui ont été proposées aux chaînes de télévision.
Du côté du public, certains estiment que la vidéo n'était pas un blasphème, mais plutôt une tentative cynique de générer de l'attention, comme la marque a pris l'habitude de le faire dans ses campagnes. Le risque de censure n'a semble-t-il jamais empêché Amica Chips de tenter le diable.