Cela fait plusieurs années que les autorités népalaises préparent l'arrivée de nouveaux sommets à 8000 mètres. «D’après les experts, il y a six 8 000 de plus au Népal», titrait The Kathmandu Post le 6 février 2023. En 2025, c'est chose faite: les six nouveaux pics sont validés par le gouvernement népalais.
Le site Nepal Himal Peak Profile, piloté par le ministère du Tourisme népalais, a récemment commencé à répertorier quatorze montagnes de plus de 8 000 mètres.
Et voilà la liste des nouveaux élus:
Pourquoi maintenant? Sont-ils sortis de terre comme par magie? La Nature a-t-elle modifié les paysages? Pas vraiment.
Le débat dure depuis des décennies et fait couler beaucoup d'encre. En février 2023, Ang Tshiring Sherpa, ancien président de l'Association d'alpinisme du Népal, expliquait:
Même si ces arguments sont recevables, il existe une controverse: plusieurs sommets d’une même chaîne de montagnes doivent-ils être classés comme des montagnes distinctes?
Pour les puristes, certains de ces monts à plus de 8 000 mètres sont considérés comme des sommets secondaires. C'est le cas du Kanchenjunga Sud (8 476 m), Central (8 473 m) et Ouest, aussi appelé Yalung Khang (8 505 m). Ce sont quatre sommets secondaires du Kangchenjunga (8 586 m).
Pour les autorités népalaises, il n'y a pas de doute: ces nouveaux sommets font bien partie du cercle très fermé des plus hautes montagnes du monde. Aujourd'hui, le pays compte donc 14 sommets culminant à plus de 8 000 mètres.
Pourtant, dans le camp des alpinistes, cette nouvelle n'est pas accueillie avec des hourras. En témoigne la réaction de l’Union Internationale des Associations d’Alpinisme (UIAA), qui préfère maintenir les 14 sommets dits classiques à traers le monde (dont 8 au Népal). Nous avons contacté André von Rotz, le CEO:
Et de préciser:
Si les puristes avancent à pas feutrés concernant le sujet, c'est que cette annonce dans le milieu cloisonné de l'alpinisme exhale une odeur de ruée vers l'or. Les décideurs du tourisme népalais, qui sont également en charge du secteur de l'alpinisme, réfléchissent à des stratégies pour stimuler le tourisme de montagne, pour exploiter (toujours plus) son potentiel de création d'emplois, selon les dires de la presse népalaise.
Et le ministère va continuer à tenter de remplir les caisses. En début d'année, le gouvernement du Népal a décidé de faire passer le coût de l’ascension en pleine saison de l'Everest de 11 000 à 15 000 dollars pour les escaladeurs tentés par l'expérience au printemps, confirmait The Khatmandu Post. Le montant n'avait pas été changé depuis 2015.