Fiona Harvey a déposé, début juin, une plainte contre Netflix. Elle pourrait lui rapporter 170 millions de dollars. L'Ecossaise affirme que la série la présente à tort comme une délinquante sexuelle et une harceleuse condamnée deux fois à cinq ans de prison. Dans la série Mon petit renne, son personnage s'appelle Martha, mais les fans ont rapidement démasqué la réelle protagoniste.
Netflix n'a en effet pas suffisamment protégé son identité: quelques jours seulement après la sortie des épisodes, Fiona Harvey aurait ainsi été insultée et traitée de tous les noms sur la toile. On peut lire dans la plainte:
En réponse, Netflix déclare être du côté de Richard Gadd, auteur et créateur de Mon petit renne, et soutenir son «droit de raconter son histoire».
Mais d'autres scandales entourent cette série qui pourrait devenir la plus streamée de tous les temps. Deux mois avant ce procès, l'actrice trans Reece Lyons avait révélé, sur X, qu'un auteur d'une série Netflix la draguait tout en l'attirant avec un rôle qu'il avait écrit pour une femme trans. Là encore, Richard Gadd a rapidement été pointé du doigt dans les médias sociaux et dans les articles à ce sujet. Ni lui ni Netflix ne se sont exprimés à ce sujet.
Tout ceci soulève des questions sur la responsabilité d'une entreprise pesant plusieurs milliards de dollars.
Mais la plainte de Harvey n'est que la dernière en date. Plusieurs autres personnes s'étaient auparavant senties lésées par le manque de zèle de Netflix.
L'auteure Rachel DeLoache Williams, qui a écrit le livre dont s'inspire Inventing Anna, s'en tire très mal dans la série. Elle est en plein litige avec Netflix.
Par ailleurs, l'entreprise OneTaste, aujourd'hui dissoute, qui enseignait le sexe tantrique contre paiement, a poursuivi l'entreprise américaine pour diffamation dans le documentaire Orgasm Inc., sorti en 2022. La plainte a été rejetée, et la cour d'appel saisie.
Sorti en mars, le documentaire Dancing for the Devil: The 7M TikTok Cult, a lui aussi fait des vagues. La danseuse Miranda Derrick y est présentée comme une adepte de l'église Shekinah. Elle affirme que c'est une représentation partiale et qu'elle a reçu de nombreuses menaces de mort en ligne.
Ce mois-ci encore, Netflix a dû verser un million de dollars à une organisation à but non lucratif et déplacer un disclaimer de la fin au début de la série When they Seee us. Elle revient sur l'affaire des Central Park Five. La juge Linda Fairstein, qui était impliquée, a poursuivi l'entreprise en justice pour avoir été présentée comme raciste. Elle n'a reçu aucun dédommagement financier dans le cadre de ce procès.
Voilà seulement quelques-unes de toutes les plaintes déposées contre le géant de la VOD. Il y a encore celle pour Dahmer et la plainte d'Egyptiens et Egyptiennes à propos de la représentation de Cléopâtre dans un nouveau documentaire.
Ces dernières années, la justice n'a donc cessé de convoquer Netflix. Mais pour la plupart du temps, le succès des procédures reste à démontrer.
Le problème, c'est que Netflix est convaincue de s'en tenir à la vérité, explique l'avocate Jennifer Bonjean, qui représente OneTaste. «Mais ils en sont très loin. Et cela blesse les personnes concernées».
Le spécialiste de la VOD n'est pas le seul à devoir faire face à des plaintes, mais «elle prend les faits très à la légère», selon l'avocate.
Dans Mon petit renne, Martha n'est pas la seule à avoir été démasquée par les détectives d'internet. Des usagers de Reddit tentent de découvrir qui est Darrien O'Connor, l'homme de télévision qui abuse sexuellement de Richard Gadd sous l'effet de la drogue. Les soupçons se sont portés sur l'auteur Sam Bain:
Toutefois, il n'aurait jamais rencontré Richard Gadd.
Dans l'industrie des séries documentaires, tout le monde s'accorderait à dire que les autorisations légales pour Mon petit renne ont été mal gérées.
On dit néanmoins aussi que le géant du streaming n'est pas plus susceptible d'être poursuivi en justice que d'autres. Nick Soltman représente Meghan Markle dans une plainte pour diffamation déposée par sa demi-sœur, suite à la série documentaire Harry & Meghan: «Je ne crois pas que Netflix agisse de manière particulièrement scandaleuse. En revanche, elle génère énormément de contenus. Il y a donc tout simplement davantage de personnes susceptibles d'être représentées dans une émission ou un film à cause de cette production effrénée».
(Traduit par Valentine Zenker)