Ce sont les enfants «les plus secrets» de Russie. Pendant des années, leur existence tenait davantage de la légende que de la réalité tangible. Même leur nombre a été sujet à caution. Deux? Trois? Le mystère a été en partie levé, grâce à un long travail d'enquête du média russe d'opposition Dossier Center.
Il faut dire que, depuis leur naissance, les plus jeunes enfants du maître du Kremlin sont bien cachés. Introuvables dans les bases de données gouvernementales, ils disposeraient de documents de couverture, destinés principalement aux agents des services de renseignement et aux personnes sous protection de l'Etat. Seuls leurs plus proches parents connaissent leur date de naissance exacte.
Une vie soigneusement dissimulée, à l'image de la relation de Vladimir Poutine avec leur mère, la gymnaste russe Alina Kabaeva. On ignore quand la liaison entre le président russe et la championne olympique a débuté exactement.
On sait toutefois que, depuis 2011 au moins, la jeune femme ne cache plus sa bague de fiançailles. C'est à peu près à la même époque que l'athlète et sa famille ont commencé à recevoir des biens immobiliers coûteux en cadeau de la part d'amis du chef de l'Etat, selon Dossier.
D'après le média russe, en 2014, Alina Kabaeva a effectué trois fois le trajet entre Sotchi et Lugano, à la clinique Sant'Anna. Il y a deux ans, la Sonntags Zeintung était le premier média à indiquer, à juste titre, que Poutine et la gymnaste étaient parents de deux enfants (et non trois) et qu'un gynécologue suisse d'origine russe avait accompagné la maman dans sa grossesse.
C'est dans cet hôpital suisse qu'au printemps 2015, Alina Kabaeva a donné naissance à son premier fils. En 2018, elle s'est à nouveau envolée pour la Suisse, probablement pour un contrôle médical, et au printemps 2019, elle a donné naissance à son deuxième enfant, également un garçon.
Selon une source de Dossier, qui fait partie du personnel de la famille Poutine, des dizaines de personnes sont impliquées dans la vie quotidienne des deux garçons: chauffeurs, agents de sécurité, enseignants, cuisiniers, pilotes, formateurs, serveurs ou encore assistants.
Installée principalement à Valdaï, dans l'oblast de Novgorod en Russie, la famille du président ne sort pratiquement jamais - à l'exception des déplacements pour les autres résidences, dont Sotchi, l'une des préférées de Poutine, et en Crimée. Un «cloisonnement» qui n’a fait qu’empirer avec la pandémie. «La famille vit isolée», confirme le site internet l'agence britannique Nanny, qui sélectionne du personnel pour des familles riches de Russie, notamment en embauchant des locuteurs natifs de langues étrangères.
Cet été pour les vacances, la famille s'est lancée dans une croisière à bord du yacht de 84 mètres, Graceful, pour un tour du golfe de Finlande. Le voyage s'est terminé le 8 août, lorsqu'Alina Kabaeva et ses enfants ont atterri à Priozersk pour passer la nuit à la station de ski d'Igora, avant de repartir le lendemain pour l'aéroport de Pulkovo. En plus des yachts et d'un train blindé, la famille dispose de plusieurs avions et hélicoptères.
Au quotidien, les journées d'Ivan et Vladimir Jr sont réglées comme du papier à musique, rythmées par les cours avec leurs tuteurs et ponctuées de moments de détente. Dossier indique qu'à Valdaï, les enfants ont notamment à leur disposition «deux poneys, des lapins et un saint-bernard», sans oublier «une large collection de jeux de construction Lego et d'iPad».
Peu impliqué dans l'éducation de ses filles, née de son première mariage avec Lyudmila Poutine, le maître du Kremlin «serait le seul à pouvoir parler strictement aux garçons», selon la source de Dossier. S'il ne voit ses enfants que tard dans la journée, Poutine apprécierait de pouvoir passer des moments privilégiés avec eux – notamment au cours de parties de hockey endiablées avec son fils aîné, à Valdaï, où une patinoire a été construite à cet effet.
D'ailleurs, il semblerait que le président russe et sa seconde épouse envisagent que leurs enfants suivent les traces de leur mère pour devenir des athlètes professionnels. Presque toutes les résidences présidentielles disposent d'un complexe sportif avec une salle de gymnastique et une piscine. Des entraîneurs personnels en natation et en gymnastique travaillent avec les enfants.
Comme leur père, réputé pour sa paranoïa, les deux garçons disposent de chefs cuisiniers personnels qui leur préparent des plats individuels. Chacun a sa propre tasse et ne boit que dans celle-ci.
Cependant, selon Dossier, il y a une seule chose dont Vladimir Poutine n’a pas tout à fait réussi à préserver ses enfants: l’influence occidentale. Ivan adorerait les dessins animés de Disney et, au grand dam de ses parents, adorerait les rendre fous en imitant des personnages. (mbr)