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Ukraine: Trump a trouvé le point faible de la Russie

Trump a déjà commencé à attaquer le talon d’Achille de Poutine
Le président américain a annoncé des discussions avec son homologue russe.Image: watson

Trump a trouvé comment «arrêter la guerre immédiatement»

Le président russe Vladimir Poutine cherche à diviser l'Occident tout en s'assurant la sympathie de Donald Trump. Des mesures américaines menacent en effet toute l'économie russe.
07.02.2025, 05:3907.02.2025, 05:39
Patrick Diekmann / t-online
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Sur le plan militaire, la Russie semble bien s'en sortir dans la guerre en Ukraine. L'armée du Kremlin progresse lentement mais sûrement dans l'est de l'Ukraine, conquérant progressivement de plus en plus de territoire ukrainien. Les troupes de Vladimir Poutine sont désormais à proximité de Pokrovsk.

La dernière grande ligne de résistance de Donetsk menace ainsi de chuter. Les défenseurs ukrainiens souffrent actuellement d'un manque de soldats et espèrent que le président américain Donald Trump pourra contraindre la Russie à revenir à la table des négociations.

Bien que la situation militaire soit favorable à l'armée russe, Vladimir Poutine semble nerveux. Il a récemment fait l'éloge de Donald Trump et de sa ligne dure envers les élites européennes, sur les ondes de la télévision d'Etat russe.

«Bientôt, ils obéiront tous aux ordres de leur maître en remuant joyeusement la queue»
Poutine

Le message est clair: Vladimir Poutine cherche à diviser l'Occident en flattant l'ego du nouveau président américain et en louant le protectionnisme de Donald Trump. Mais les provocations de la part du président russe révèlent aussi son état de faiblesse actuel. En effet, les problèmes économiques de la Russie s'aggravent, en grande partie parce que l'Occident attaque directement les activités principales de Vladimir Poutine: le commerce des matières premières.

Menace et opportunité pour la Russie

Pour le Kremlin, la présidence de Donald Trump représente à la fois une chance et un danger. Le républicain a promis pendant sa campagne de mettre fin rapidement à la guerre en Ukraine. Cela semble irréaliste, mais Donald Trump a montré dès les premiers jours de son mandat sa détermination à tenir ses promesses électorales. Il lutte vigoureusement contre l'immigration irrégulière aux Etats-Unis, permet à Elon Musk de licencier des millions de fonctionnaires et menace les alliés des Etats-Unis de tarifs douaniers.

Cela montre toutefois aussi que Donald Trump est imprévisible et prêt à prendre des mesures radicales. Mais qu'est-ce que cela signifie pour le Kremlin?

Avec l'invasion de l'Ukraine, Vladimir Poutine paie un prix extrêmement élevé: une guerre qui dure depuis presque trois ans, qui a coûté à la Russie des dizaines de milliers de vies humaines et a affaibli sa puissance économique. Moscou veut donc profiter de sa supériorité militaire actuelle en Ukraine pour conquérir un maximum de territoire.

Cependant, Donald Trump pourrait contrecarrer les plans de Vladimir Poutine. D'une part, les Etats-Unis disposent du potentiel militaire pour renforcer considérablement la défense de l'Ukraine. Le président russe a toujours eu une méfiance vis-à-vis de l'armée américaine, et il veut éviter à tout prix une intervention directe des Etats-Unis en Ukraine. D'autre part, sous la présidence de Joe Biden, les Etats-Unis ont déjà commencé à attaquer le talon d'Achille de la Russie: ses exportations de matières premières.

«Poutine n’est pas aussi fort qu’il le laisse entendre»

En raison de la faiblesse de l'économie russe, l'Ukraine et ses soutiens occidentaux ont commencé à cibler les affaires russes de matières premières. Les ventes de ressources naturelles sont en effet l'épine dorsale de l’économie russe.

Après presque trois ans de guerre, il est évident que la Russie connaît des problèmes économiques croissants. Les taux d'intérêt élevés et le manque d'investissements mettent de plus en plus la pression sur l’économie russe. Des taux d'intérêt de 21% nuisent particulièrement aux entreprises russes. Benjamin Hilgenstock, économiste à la Kyiv School of Economics, a déclaré dans le Telegraph que l'économie russe souffre d’une «lente mort»:

«On peut imprimer de l'argent pour financer la guerre, mais c’est une très mauvaise idée»

Cela augmente en effet l’inflation: selon le journal britannique, il ne reste que 38 milliards de dollars dans le Fonds national de richesse de la Russie. Ce fonds a été alimenté pendant des années par les revenus des ventes de matières premières – au prétexte de créer des réserves pour le système de sécurité sociale. Mais en réalité, c'est un trésor de guerre. Avant le début de la guerre en Ukraine, le fonds était bien rempli: 174,9 milliards de dollars.

Ainsi, bien que le plan militaire semble s'améliorer pour la Russie, la situation économique du pays devient de plus en plus précaire. Christoph Heusgen, le président de la Conférence de sécurité de Munich, a déclaré dans une interview:

«Poutine n’est pas aussi fort qu’il le laisse entendre. Mais il continuera probablement tant qu’il croira être le plus résistant»

Les partenaires de Poutine prennent leurs distances

Des drones ukrainiens ont récemment attaqué des raffineries de pétrole russes, comme celle de Riazan, provoquant des dommages considérables. Kiev dispose désormais de drones longue portée, difficiles à intercepter en raison de leur faible altitude. Bien que la défense antiaérienne russe soit très efficace, certains drones atteignent tout de même leur cible. Selon l'agence de presse Reuters, la raffinerie de Riazan était responsable de 5% du traitement pétrolier total en Russie.

Ces frappes touchent Vladimir Poutine en plein cœur. En effet, il gagne encore plus de 100 milliards de dollars par an grâce à la vente de pétrole. Cela risque de changer: la Russie subit désormais des pressions sur plusieurs fronts.

Les Etats-Unis intensifient actuellement leurs actions contre la «flotte fantôme» de Vladimir Poutine. Il s'agit de navires sans pavillon qui transportent le pétrole russe vers des pays où il est raffiné et ensuite revendu en Europe. Les Etats-Unis ont commencé sous Joe Biden à menacer de sanctions les pays qui continuent à acheter des matières premières russes.

Ces avertissements ont déjà eu un impact. En janvier, les Etats-Unis et le Royaume-Uni ont inscrit sur leur liste de sanctions de nombreux navires, négociants de pétrole, compagnies d’assurances et responsables énergétiques. Cela a alarmé certains pays, comme l'Inde. Les banques indiennes ont bloqué les paiements pour le pétrole brut russe, et le gouvernement indien a interdit les affaires avec les navires et commerçants russes sanctionnés. Parallèlement, le pays cherche à diversifier ses importations de pétrole pour devenir plus indépendant.

Un vrai coup dur pour Vladimir Poutine: après l'invasion de l'Ukraine, les transactions pétrolières entre la Russie et l’Inde ont atteint près de trois milliards de dollars par mois. La Chine, quant à elle, bloque depuis longtemps la construction du pipeline «Force de Sibérie 2», qui permettrait à la Russie de gagner plus d'argent grâce aux ventes de gaz. De plus, certains ports dans la province du Shandong, en Chine, ont fermé leurs portes aux pétroliers russes, également à cause des sanctions américaines.

Du pétrole à 50 dollars le baril

Mais le coup le plus dur contre l’économie de Vladimir Poutine pourrait être porté par l’Arabie saoudite. Simon Henderson, directeur du programme Golfe et politiques énergétiques au Washington Institute, a récemment déclaré au Business Insider: «L'Arabie Saoudite en a assez.» Le ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz bin Salman Al-Saud, aurait menacé les autres membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) de baisser le prix du pétrole à 50 dollars le baril si les autres producteurs continuent d'ignorer les quotas fixés par l’accord.

L’Arabie Saoudite souhaite augmenter ses quotas de production, et les experts prévoient que l’économie russe connaîtra de graves problèmes si le prix du pétrole tombe en dessous de 50 dollars le baril. Cette décision pourrait également être liée à une menace des Etats-Unis.

Le président américain avait déjà de bonnes relations avec la famille royale saoudienne pendant son premier mandat. La nouvelle administration américaine semble avoir cerné le point faible de la Russie. «Si le prix [du pétrole] baisse, la guerre russo-ukrainienne s’arrêtera immédiatement», a déclaré Donald Trump lors d’un discours au Forum économique mondial de Davos. «Pour l’instant, le prix est suffisamment élevé pour que la guerre continue.» Le président américain a ajouté:

«Je vais demander à l’Arabie Saoudite et à l’OPEP de réduire le coût du pétrole»

Vu son état de nervosité actuel, il est clair que Vladimir Poutine accorde la plus haute importance à ces déclarations. Le président russe flatte Donald Trump et lui rappelle indirectement que les alliés occidentaux des Etats-Unis ont préféré Joe Biden et Kamala Harris lors de la campagne électorale. Il souligne également que lui et Donald Trump partagent de nombreuses idées, notamment dans leur lutte contre les élites politiques et une soi-disant idéologie de gauche.

Il y a du vrai là-dedans. Donald Trump n’a que peu de considération pour les alliances traditionnelles des Etats-Unis; il s’accommodera avec Vladimir Poutine si cela sert ses intérêts politiques. Dans un premier temps, le président américain cherche toutefois à améliorer la position de négociation de l'Ukraine. Mais qu'est-ce qui le motive réellement: la paix en Europe de l'Est ou un succès politique personnel? On ne le saura qu'au moment de déterminer les garanties de sécurité futures pour l’Ukraine.

Traduit et adapté de l'allemand par Tanja Maeder

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