«Une chatte pour Poutine»: que faisait ce modèle érotique au Kremlin?
Au début de son règne, Vladimir Poutine aimait s'offrir un soupçon de sex-appeal. En 2007, il posa torse nu à cheval: ces images, légendaires, firent le tour du monde. Les experts en communication de Poutine reproduisirent plusieurs fois la séance photo et inventèrent de nouvelles mises en scène originales pour montrer la virilité du chef de l'Etat: torse nu en train de pêcher en Touva, de plonger dans le lac Baïkal ou la mer Noire, de voler en paramoteur aux côtés de grues ou encore de parcourir la taïga.
Vladimir Poutine dans tous ses états
«Des photos à connotation érotique. Dans l'entourage de Poutine, certains adoraient cet outil de propagande», résument les journalistes d'investigation russes Roman Badanin et Mikhaïl Roubine dans leur nouvel ouvrage Le Tsar lui-même, Comment Vladimir Poutine nous a tous trompés (publié pour l'instant uniquement en russe). Ils y jettent une lumière nouvelle sur le rôle du sexe dans la carrière – et la vie – de Poutine.
Vladimir Poutine et la «famille traditionnelle»
Depuis des années, le chef du Kremlin prône les «valeurs orthodoxes traditionnelles» et se présente comme le défenseur de la «famille traditionnelle». Pourtant, les témoignages issus de son entourage brossent un tout autre portrait. Dans le livre, un ancien haut fonctionnaire du Kremlin se souvient:
Son épouse de l'époque, Lioudmila, n'était en revanche jamais présente, rapporte cet ancien collaborateur, qui était alors directement rattaché au Kremlin.
Parmi les femmes pour lesquelles Poutine aurait manifesté de l'intérêt se trouverait Alisa Kharcheva, une mannequin de 17 ans. Un calendrier érotique aurait attiré son attention sur la jeune femme, écrivent Badanin et Roubine.
Un calendrier érotique pour Poutine
En octobre 2010, alors que la Russie attendait que Vladimir Poutine reprenne la présidence pour la troisième fois après la mandature de Dmitri Medvedev, un calendrier érotique adressant des vœux au dirigeant le plus puissant du pays fit son apparition sur Internet, peu avant le 58e anniversaire de Poutine.
Présenté comme une initiative des étudiantes de la faculté de journalisme de l'Université d'Etat de Moscou, l'établissement le plus prestigieux du pays, le calendrier montrait douze jeunes femmes en lingerie, accompagnées de légendes ambiguës telles que «Et si on le faisait une troisième fois?»
La plus jeune participante avait alors 17 ans et n'était même pas encore admise à l'université: il s'agissait d'Alisa Kharcheva.
Il s'est vite avéré, cependant, que l'université n'avait aucun lien avec cette initiative. Le calendrier avait été réalisé par le jeune diplômé moscovite Vladimir Tabak, qui deviendra plus tard une figure importante de la propagande du Kremlin. Il ne s'agissait nullement d'une initiative privée, mais d'une campagne orchestrée par le Kremlin lui-même: un fait que la propagande a fini par révéler.
Poutine convoque une jeune de 17 ans au Kremlin
Les médias proches du Kremlin ont rapidement mis le calendrier sous les projecteurs. Ils ont interrogé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, pour savoir si Poutine avait apprécié la beauté des modèles. Ce dernier a révélé que le président avait non seulement regardé le calendrier, mais s'était également montré favorable au shooting: «Nous espérons que cela ne conduira pas à l'exclusion des jeunes filles», a-t-il relayé en plaisantant.
Selon Badanin et Roubine dans leur livre, le calendrier aurait également permis à Poutine d'obtenir les coordonnées des jeunes filles qui y figuraient. Son choix se serait porté sur la jeune Alisa Kharcheva, alors âgée de 17 ans:
Une source a raconté que, après leur première rencontre, la jeune femme était amenée auprès de Poutine toutes les deux semaines pendant environ un an: «Pour chaque rencontre entre Poutine et Alisa, nous préparions un projet quelconque qu'elle pouvait présenter à Vladimir Vladimirovitch», explique l'informateur. Ces présentations servaient apparemment de prétexte pour les rendez-vous.
La suite des évènements interroge
«Ce qui s'est passé dans les alcôves du Kremlin entre un homme de 58 ans et une jeune fille de 17 ans, eux seuls le savent», soulignent les deux auteurs. Mais ils attirent l'attention sur la suite des événements.
En 2011, Kharcheva fut admise à l'illustre Institut d'Etat des relations internationales de Moscou. «C'était une récompense de la part de Poutine», a expliqué un proche de la jeune femme. Cette institution, véritable vivier de futurs diplomates, n'accepte normalement que deux catégories d'étudiants: les enfants de familles fortunées ou les élèves d'excellence. Kharcheva ne faisait partie d'aucune de ces deux catégories.
Les organisateurs du calendrier érotique de 2010 — Vladimir Tabak et Kristina Potoupchtchik — gravirent par la suite les échelons du Kremlin pour devenir des figures majeures de la propagande.
Quelques années plus tard, Alisa Kharcheva possédait également un appartement de luxe à Moscou. Les journalistes ont découvert à qui elle devait officiellement ce bien: un certain Grigori Baïevski.
Le rôle d'Arkadi Rotenberg
L'homme d'affaires est lui-même un proche de l'ami de Poutine, Arkadi Rotenberg:
Ils citent un ancien associé de Rotenberg et Baïevski, qui connaît bien les deux hommes: «Grischa est une personne tellement avare que, si cela concernait sa propre petite amie, il ne lui aurait jamais offert d'appartement. C'est ainsi que nous avons compris de qui elle était vraiment la petite amie.»
Parallèlement à l'histoire avec Alisa, une autre liaison se déroulait dans la vie de Poutine, alors marié: avec Alina Kabaeva, longtemps considérée comme la première dame de Russie, bien que Poutine n'ait jamais reconnu publiquement cette relation. «En 2011, Poutine lui fit un premier cadeau coûteux et attesté: d'immenses appartements de luxe sur la mer Noire, à Sotchi, sa ville préférée. Ils ont été achetés par un proche d'Arkadi Rotenberg», ont découvert Badanin et Roubine. Un schéma qui semble se répéter tout au long de la vie de Poutine.
Traduit et adapté par Noëline Flippe