Un nouveau symbole a fait son apparition sur les véhicules militaires russes déployés en Ukraine. Une partie des troupes du Kremlin n'arbore plus le fameux Z ou la lettre V, mais un losange barré d'une croix. C'est notamment le cas d'une brigade stationnée depuis quelque temps dans le nord du pays, appelée «Sever».
Depuis quelques semaines, elle est surtout engagée au nord-ouest de la région de Kharkiv, violemment disputée et théâtre d'âpres combats entre les deux belligérants. En russe, «Sever» signifie «nord» ou «au nord». Le nom fait référence à la zone dans laquelle la brigade est engagée.
Des rumeurs selon lesquelles le commandement de l'armée russe avait recruté cette unité et l'avait déployée dans la région ont commencé à circuler au début de l'année. Les images de véhicules arborant le losange barré sont apparues pour la première fois en avril.
Ce symbole est censé être la rune Gungnir. Elle représente la lance d'Odin, le père des dieux de la mythologie nordique, également connu comme dieu de la guerre et des morts. Selon les légendes nordiques, la lance d'Odin atteignait toujours sa cible, quelles que soient les capacités guerrières de l'adversaire.
It’s beginning to feel like January and February of 2022 all over again, with a Russian Military Train recently spotted near the City of Yefremov in the Tula Region heading Southeast towards the Border with the Sumy Region of Northeastern Ukraine. The Military Equipment seen on… pic.twitter.com/0bKV4RtQj8
— OSINTdefender (@sentdefender) May 22, 2024
Après le Z et le V, les soldats de Poutine peignent donc maintenant ce losange sur leurs véhicules. Il ne s'agit toutefois pas d'une simple rhétorique guerrière, mais d'une manœuvre opérationnelle qui est devenue un problème pour l'Ukraine depuis quelques semaines. En déployant toujours plus largement ses troupes en Ukraine, le commandement militaire russe étend le front et place l'armée ukrainienne, déjà affaiblie en termes de personnel et de matériel, devant des défis encore plus grands.
Le président ukrainien lui-même a évoqué, il y a quelques jours, le dilemme auquel son armée est confrontée lorsqu'il a parlé de l'éventualité d'une offensive russe dans la région de Soumy. Un autre front auquel Kiev devrait alors répondre militairement. «L'Ukraine devrait y envoyer des unités qui ne pourraient plus se battre dans le Donbass», a récemment déclaré l'expert militaire Gustav Gressel.
Selon George Barros, analyste auprès du centre de réflexion Institute for the Study of War (ISW), la brigade Sever est une «unité opérationnellement importante. Il estime qu'elle compte jusqu'à 50 000 combattants.
Selon le Kyiv Post, la brigade aurait été créée à l'origine pour défendre les régions russes de Belgorod, Briansk et Koursk, limitrophes de l'Ukraine. Après la fusion avec deux autres unités de l'armée, le groupe Sever disposerait de 48 000 hommes, 360 chars, 860 véhicules blindés et 950 systèmes d'artillerie. Il est en outre soutenu par des bombardiers qui harcèlent les troupes ukrainiennes par des attaques permanentes.
La brigade Sever est commandée par le colonel-général Alexandre Lapine. Ce général trois étoiles a déjà servi en Syrie, où il était le commandant en chef des forces russes qui ont aidé le régime de Bachar el-Assad à assurer son pouvoir. Comme l'a découvert la BBC, Lapine aurait décoré son fils Denis, commandant d'une unité de chars, d'une médaille de bravoure pour ses succès dans les régions de Soumy et de Tchernihiv, bien que les forces russes aient dû s'y retirer.
Avec la brigade Sever, le commandement russe poursuit désormais l'objectif d'étendre le front dans ces mêmes régions afin de réduire les positions ukrainiennes ailleurs et de pouvoir ensuite progresser plus facilement. Cela montre les énormes défis stratégiques et tactiques auxquels le président Volodymyr Zelensky, et son commandant en chef, le général Oleksandr Syrsky, sont actuellement confrontés.
C'est aussi pour cette raison que Zelensky supplie depuis des mois l'Occident de lui fournir plus d'armes. «Notre problème est assez simple», a déclaré le général ukrainien Vadim Skibitzky au journal britannique The Economist:
Le temps y a également contribué. Un printemps inhabituellement sec a joué en faveur de l'armée de Poutine. Le sol de l'Ukraine était sec et offrait de bonnes conditions pour des avancées militaires.