L'une des grandes réussites de ce Roland-Garros 2025, ce sont les interviews d'après-match sur le terrain. Les organisateurs ont confié cette tâche à d'anciens joueurs et anciennes joueuses (Alex Corretja, Fabrice Santoro ou Alizé Cornet) et même actuels (Lucas Pouille par exemple, actuellement en convalescence).
Et le résultat est excellent: en tant qu'experts, ces intervieweurs posent des questions très pertinentes et pointues, mais savent aussi vulgariser et interroger sur des aspects plus généraux – et non moins intéressants (les émotions ressenties dans les moments chauds, par exemple).
Jannik Sinner s'est ainsi vu poser des questions sur sa nouvelle position en retour de service, ses changements de cordage en fonction de la météo ou encore sa gestion de sa soirée après sa victoire sur Bublik mercredi.
Autre avantage d'engager des joueurs – qui ont, en plus, beaucoup de charisme et de tact – pour faire ces interviews: la complicité avec les tennismen et tenniswomen actuels, car tout le monde se connaît sur le circuit. Les champions semblent plus à l'aise et enclins à se confier que lors de certains autres tournois. Et tout ça donne lieu à des scènes sympas, comme celle vécue par Novak Djokovic après sa victoire contre Alexander Zverev mercredi soir, en quart de finale.
Son intervieweur, Alex Corretja (finaliste à Roland-Garros en 1998 et 2001), a complètement brisé les codes de l'interview classique. Et ce dès le début, où l'Espagnol (qui parle dans un très bon français), avec sa jovialité et sa fraîcheur, a lancé au début:
Après une ou deux questions plus conventionnelles, Corretja a eu une idée aussi insolite que géniale: poser une question à Djokovic en situation. «Est-ce que tu peux venir avec moi s'il te plaît? J'aimerais qu'on aille sur la chaise», a proposé l'Ibère. Spectateurs, téléspectateurs et même Djokovic: tous semblaient étonnés de cette démarche inhabituelle.
Le Serbe a accepté avec plaisir puis, une fois les deux hommes assis sur le banc, Corretja lui a posé cette question: «Comment tu te mets exactement dans une bulle, pour laisser tes sentiments de côté à la fin du match (quand ça devient tendu)?»
Apparemment un peu perturbé par cette situation, Djokovic – qui maîtrise lui aussi très bien la langue de Molière – a peiné à trouver ses mots. «Je pense faire le service...», a-t-il d'abord tenté approximativement, avant de rigoler puis de se reprendre et de développer:
En plus de nous fournir des informations intéressantes, ces interviews d'après-match sur le terrain à Roland-Garros sont rafraîchissantes et contrastent avec les exercices trop convenus et trop solennels dans beaucoup d'autres tournois.
Dans ce domaine, les organisateurs parisiens font également mieux que ceux du dernier Open d'Australie, où certaines interviews d'après-match (avec des questions maladroites) avaient engendré des moments gênants et la colère de certains joueurs.
Roland-Garros, lui, a trouvé le bon ton. Et c'est tant mieux pour les téléspectateurs, qui peuvent ainsi profiter plus longtemps du spectacle.