Erhard Bühler reste fidèle à lui-même. Semaine après semaine, l'ancien général de l'Otan démonte la propagande et la désinformation qui circulent dans les médias.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Erhard Bühler intervient en tant qu'expert militaire dans le podcast de la Mitteldeutsch Rundfunk (MDR) «Was tun, Herr General?» («Que faire, Général?») L'Allemand de 68 ans n'a jamais caché son soutien à l'Ukraine.
Face à lui, l'expert tombe régulièrement sur les dires d'un ex-collègue, l'ancien général de l'Otan Harald Kujat. Ce dernier est souvent sollicité par les médias en tant que spécialiste militaire. A plusieurs reprises, il a fait scandale avec des accusations unilatérales et des informations erronées. Alors quand l'UDC Roger Köppel a donné la parole à Harald Kujat dans une interview vidéo sur le site Internet de la Weltwoche, Erhard Bühler n'a pas pu s'empêcher de réagir.
Avant d'en venir aux explications d'Erhard Bühler sur la situation actuelle dans la guerre en Ukraine, nous devons parler de la manière dont son ancien collègue Harald Kujat se présente. Celui-ci feint de mentionner des faits avérés, alors qu'il ne s'agit que de pures hypothèses.
Erhard Bühler souligne ce qui énerve certains esprits critiques quand les experts vont trop loin dans les médias. Selon lui:
«Si, en tant qu'expert, on adopte un point de vue unilatéral sur la situation et qu'on passe sous silence certains avantages opérationnels de l'Ukraine, on est soupçonné de ne parler qu'au nom d'une certaine direction», poursuit l'ancien général de l'Otan.
Dans leur vidéo, le rédacteur en chef de la Weltwoche Roger Köppel et son interlocuteur Harald Kujat tentent de donner l'impression que la Russie ne peut plus être battue militairement. En réalité, selon l'évaluation actuelle de l'expert militaire Erhard Bühler, plusieurs aspects parlent en faveur de l'Ukraine:
Il convient de noter qu'Harald Kujat insinue aussi que le peuple ukrainien veut la paix à tout prix. Il est prouvé que c'est faux, selon Erhard Bühler. Des sondages représentatifs en Ukraine ont montré que la population n'était pas prête à sacrifier son pays et ses habitants aux Russes.
Erhard Bühler s'attaque aussi à une hypothèse émise par Roger Köppel selon laquelle l'Ukraine voudrait pousser la Russie à utiliser une arme nucléaire tactique afin de provoquer une intervention directe des Etats-Unis dans le conflit.
L'ancien général de l'Otan critique l'Ukraine pour avoir mené des attaques de drones contre des stations radars russes de grande envergure. Il souligne toutefois que cela ne conduira pas forcément à une escalade du conflit:
Lors de son entretien avec Harald Kujat, Roger Köppel a une nouvelle fois évoqué les missiles de croisière allemands Taurus alors que cette arme à longue portée n'est pas du tout en possession de l'Ukraine.
Une contradiction qu'Erhard Bühler n'a pas manqué de souligner. Le général à la retraite explique aussi pourquoi le Taurus ne pourrait pas être utilisé contre la capitale russe. Les missiles de croisière (d'une portée de 500 km) fabriqués en Allemagne doivent être lancés (depuis des avions) à une grande distance de sécurité du front et des systèmes de défense antimissile russes, qui ont eux-mêmes une portée de 200 à 400 km, selon le spécialiste. C'est pourquoi les attaques contre Moscou sont techniquement impossibles.
Il convient de noter que Roger Köppel banalise les actions de Vladimir Poutine. Il se permet en effet d'affirmer que le «décloisonnement du vocabulaire» a surtout lieu du côté occidental. Il a l'impression que les Russes s'expriment «de manière beaucoup plus mesurée et contrôlée.»
Erhard Bühler réplique:
Erhard Bühler attire l'attention sur un essai de Vladimir Poutine publié en 2021, dans lequel il déclarait vouloir revenir sur ce qu'il considère comme «la plus grande erreur de l'histoire», soit la dissolution de l'Union soviétique.
Alors que la Weltwoche et consorts tentent de présenter la guerre d'agression contre l'Ukraine comme un conflit régional dont les Etats occidentaux devraient se tenir à l'écart, l'ancien général de l'Otan attire l'attention sur les conséquences potentiellement graves qui nous concernent tous. Si Vladimir Poutine réussit dans sa stratégie, l'Europe libérale et démocratique sera confrontée à un problème bien plus important: le chef du Kremlin poursuivrait alors son rêve d'un grand empire russe.
Ce que l'on cherche en vain dans l'interview de Kujat par Köppel dans la Weltwoche, c'est de la compassion pour les victimes de Vladimir Poutine, et une condamnation claire des crimes de guerre russes et de la terreur exercée quotidiennement par les bombes sur la population civile et l'infrastructure ukrainienne. Cet aspect fait défaut.