International
Russie

Russie: la lutte absurde de Poutine contre la baisse de natalité

Poutine se bat contre les préservatifs.
Le maître du Kremlin a un nouvel ennemi.Image: watson

Poutine a un problème avec les préservatifs

La Russie recourt à des méthodes brutales pour tenter d'augmenter son taux de natalité. Des élèves ont été contraints de visionner une vidéo sur l'avortement. Que cherche vraiment Poutine?
28.10.2024, 05:4828.10.2024, 09:49
Martin Küper / t-online
Plus de «International»
Un article de
t-online

Le faible taux de natalité et l'espérance de vie en déclin inquiétaient déjà les experts russes avant même l'invasion de l'Ukraine. La guerre a encore accéléré cette crise démographique. Aujourd'hui, le taux de natalité est aussi bas qu'en 1999, une période tumultueuse. Le Kremlin en est conscient et tente de résoudre le problème par des moyens radicaux.

La Douma vient d'approuver en première lecture une loi qui rendrait punissable la «propagande de l'absence d'enfants». Toute personne faisant publiquement l’éloge d’une vie sans enfant pourrait se voir infliger une lourde amende, tandis que les étrangers risqueraient la détention ou l'expulsion. Valentina Matvienko, présidente du Conseil de la Fédération russe, a justifié cette décision en qualifiant le mouvement childfree de «dégénérescence du féminisme», une idée importée d'Occident.

Vers une interdiction du préservatif

Cette nouvelle loi s'inscrit dans la continuité de l'interdiction de la «propagande homosexuelle», déjà en vigueur depuis longtemps, et de la classification du «mouvement international LGBT» comme organisation extrémiste par la Cour suprême en novembre 2023. La méfiance des autorités face aux influences occidentales est également visible dans la récente campagne contre les «furries»: des adolescents qui se déguisent en animaux et jouent à quatre pattes dans la forêt. Viatcheslav Volodine, président de la Douma, a qualifié ce phénomène de «projet de déshumanisation» orchestré par l'Occident pour maintenir son emprise sur le monde.

Volodine pousserait également une nouvelle loi destinée à accroître la natalité, selon la plateforme d’opposition russe Dekoder, qui rapporte que le Parlement discute d’une interdiction des préservatifs. «Propager la syphilis et d'autres maladies vénériennes, voilà une belle manière de faire progresser la société», commente ironiquement le site.

«Dans un pays où des centaines de milliers de personnes sont porteuses du VIH, supprimer les préservatifs semble être la priorité!»

Des élèves obligés de visionner une vidéo d’avortement

L'absurdité de cette obsession pour la natalité a pris une tournure grotesque sur l'île de Sakhaline, dans l'extrême-est de la Russie. Tous les élèves d'une école ont été forcés de regarder une vidéo d’avortement, dans le but de les dissuader d'y recourir un jour. Dekoder rapporte que l'action était tellement extrême que les autorités russes ont ouvert une enquête. Le média s'interroge.

«Après un tel spectacle, a-t-on encore envie d’avoir des enfants?»

Les opposants au Kremlin font un parallèle avec l'ère soviétique, lorsque les personnes sans enfants devaient payer un impôt spécial. On ignore encore comment cette loi, formulée de manière floue, sera appliquée. Dekoder s'inquiète, allant jusqu'à dire que «cette interdiction de la vie sans enfant pourrait finalement sanctionner une omission plutôt qu’une action. On craint que des pressions supplémentaires soient exercées sur les femmes pour qu’elles aient des enfants.

«Toute personne sans enfant doit-elle désormais être soupçonnée d’appartenir à un mouvement childfree imaginaire?»

«Catastrophique pour l'avenir de notre nation»

Poutine s'est également exprimé directement sur la question. Dans un discours, il a loué les familles nombreuses et exhorté les femmes à avoir au moins huit enfants. Le Kremlin propose des incitations financières, comme un versement unique de 11 000 euros pour les mères de dix enfants ou plus. Depuis 2022, le titre de «mère héroïne», héritage soviétique, est de nouveau attribué. Pourtant, il est peu probable que ces mesures suffisent à résoudre la crise démographique.

Le journal indépendant Moscow Times a rapporté récemment qu'un tiers des Russes retardent ou renoncent à avoir des enfants à cause de la guerre en Ukraine. A cela s’ajoute le fait qu’un demi-million de Russes auraient été tués ou blessés dans le conflit, tandis qu’un million de citoyens auraient quitté le pays pour échapper à la guerre. Cela se reflète dans le taux de natalité historiquement bas de ces derniers mois.

En juin, pour la première fois, moins de 100 000 enfants sont nés en un mois dans un pays de 146 millions d’habitants. Selon les chiffres officiels, environ 600 000 bébés sont nés entre janvier et juin – 16 500 de moins que l’année précédente, atteignant ainsi un niveau record depuis 1999, selon l’agence Reuters. En juillet, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a qualifié ces chiffres de «catastrophiques pour l'avenir de notre nation».

Ce bébé trouve le goût du kiwi trop acide (et c'est trop chou)
Video: watson
Ceci pourrait également vous intéresser:
2 Commentaires
Comme nous voulons continuer à modérer personnellement les débats de commentaires, nous sommes obligés de fermer la fonction de commentaire 72 heures après la publication d’un article. Merci de votre compréhension!
2
Poutine accélère la russification des territoires occupés
Le Kremlin affirme que la Russie a presque achevé la «distribution» de passeports aux Ukrainiens des territoires occupés.

Le président Vladimir Poutine a annoncé mercredi que la Russie avait «quasiment terminé» d'octroyer des passeports russes aux habitants des régions occupées d'Ukraine, un moyen pour Moscou de renforcer son emprise sur ces territoires dont elle revendique l'annexion.

L’article