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Laurent Vinatier a refait face à la justice russe pour «espionnage»

Ce Franco-suisse a refait face à la justice russe pour «espionnage»

French citizen Laurent Vinatier sits in a cage in a courtroom in the Zamoskvoretsky District Court in Moscow, Russia, Monday, Sept. 16, 2024. (AP Photo/Dmitry Serebryakov)
Laurent Vinatier lors d'une audience à Moscou, en septembre 2024.Keystone
Le chercheur franco-suisse Laurent Vinatier, déjà condamné à trois ans de prison en Russie, a comparu lundi à huis clos devant un tribunal de Moscou pour de nouvelles accusations d’«espionnage». Cette audience opaque, sans communication de la justice ni de la défense, pourrait ouvrir la voie à une lourde prolongation de peine, passible de vingt ans.
25.08.2025, 19:1225.08.2025, 19:12

Laurent Vinatier a comparu ce 25 août lors d'une audience à huis clos devant un tribunal de Moscou pour des accusations d'«espionnage» - une audience qui laisse présager d'une possible prolongation de la peine de ce collaborateur d'une ONG suisse.

La raison et le déroulé de cette audience restent obscures pour l'heure. A son issue, la justice russe et l'avocat de Laurent Vinatier n'ont fait aucune déclaration. A la sortie de la salle d'audience, où il a passé une vingtaine de minutes, l'accusé a déclaré être «fatigué» et il a répondu «oui» lorsqu'une journaliste lui a demandé s'il s'estimait «otage» du pouvoir russe.

Plus tôt dans la journée, une porte-parole du tribunal de Lefortovo, où se déroulait l'audience, avait confirmé à l'AFP qu'une enquête pour «espionnage» était lancée à l'encontre de Laurent Vinatier.

Les autorités russes n'ont toutefois pas indiqué pour l'heure s'il avait été inculpé pour ces accusations, ou non, ou s'il avait été placé en détention provisoire dans l'attente d'un procès. Aucune accusation spécifique n'a été dévoilée par les enquêteurs ou le Parquet.

Médiation

Incarcéré depuis juin 2024, ce chercheur spécialiste de l'espace post-soviétique était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire de Genève, une ONG qui fait de la médiation dans des conflits hors des circuits diplomatiques officiels, notamment s'agissant de l'Ukraine.

Laurent Vinatier a été condamné en octobre 2024 à trois ans de prison pour ne pas s'être enregistré en tant qu'«agent de l'étranger», un label utilisé par les autorités russes pour réprimer leurs détracteurs. Les nouvelles accusations d'espionnage le visant sont passibles d'une peine pouvant aller jusqu'à 20 ans de prison.

«Connaissant le gouvernement russe on n'a pas été étonnés qu'ils le poursuivent à nouveau, qu'ils trouvent encore des choses à lui reprocher»
La mère du chercheur, Brigitte Vinatier, peu
avant l'audience

Se disant «prise de court» par ces nouvelles accusations, elle a dit ne s'attendre «à rien de bien, à rien de positif». «Les autorités françaises ont réclamé des nouvelles et des informations tout le temps avec un manque de réponses de la part des autorités russes qui leur ont dit simplement qu'elles seraient prévenues en temps voulu», a-t-elle indiqué.

«Ignorance»

Selon elle, son fils a été transféré récemment à la prison moscovite de Lefortovo, notamment connue pour accueillir des détenus visés par des affaires à résonance politique.

French citizen Laurent Vinatier is escorted to a court room at the Zamoskvoretsky District Court in Moscow, Russia, on Monday, Oct. 14, 2024. (AP Photo/Pavel Bednyakov)
Laurent Vinatier était employé sur le sol russe par le Centre pour le dialogue humanitaire de Genève.Keystone

Paris a exigé de Moscou la libération de son ressortissant, accusant la Russie de chercher à prendre des Occidentaux en otage, alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas depuis l'assaut russe contre l'Ukraine lancé en 2022 et les sanctions qui ont suivi.

Lors de son premier procès en octobre, M. Vinatier avait été reconnu coupable d'avoir manqué à son obligation de s'enregistrer sous le label d'«agent de l'étranger», alors même qu'il collectait des «informations dans le domaine des activités militaires» pouvant être «utilisées contre la sécurité» de la Russie. L'intéressé a reconnu les faits, mais plaidé l'ignorance.

Selon des sources interrogées par l'AFP, le Français travaillait depuis des années sur le conflit entre la Russie et l'Ukraine, avant même l'offensive russe de février 2022, dans le cadre de discrets efforts diplomatiques en parallèle à ceux des Etats. Jusqu'à son arrestation, il effectuait des voyages dans les deux pays.

Relations glaciales

Cette nouvelle affaire survient après une série d'actes de déstabilisation et de désinformation imputées à la Russie sur le territoire français, tandis que la France se voit reprocher son soutien militaire à l'Ukraine ou encore de censurer les médias russes.

La semaine dernière, alors que les efforts diplomatiques s'intensifiaient pour tenter de trouver une issue au conflit en Ukraine, le président français, Emmanuel Macron, avait qualifié son homologue russe, Vladimir Poutine, d'«ogre à nos portes» et de «prédateur» qui «ne veut pas la paix». (mbr/ats)

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