«Alors que les bombardements en Ukraine se poursuivent, nous, représentants de la société civile russe et mondiale opposés à la guerre, à la dictature et à la répression, exprimons notre profonde indignation face à la participation de la délégation russe, représentée par Valentina Matvienko, Piotr Tolstoï et Leonid Sloutski, à l'assemblée de l'Union interparlementaire tenue à Genève», écrivent-ils dans une lettre ouverte en ligne consultée mercredi.
Elle a été signée par plus de 200 personnes ou organismes, dont des dissidents qui avaient été emprisonnés en Russie et ont été échangés en 2024, comme Vladimir Kara-Mourza, Oleg Orlov, et Ilia Iachine.
Des délégations des parlements russe et ukrainien ont participé mercredi à l'assemblée de l'Union interparlementaire (UIP) des Nations Unies à Genève.
La Suisse, pays hôte, a temporairement levé les sanctions afin de faciliter la participation de Valentina Matvienko, présidente de la chambre haute du Parlement russe, à cette sixième conférence internationale des présidents de Parlements.
Piotr Tolstoï est le vice-président de la Douma, la chambre basse. Leonid Sloutski y est président de la Commission des Affaires étrangères. C'est la visite de plus haut niveau de parlementaires russes en Europe depuis le début de l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie le 24 février 2022.
«Les trois délégués russes ne sont pas de simples fonctionnaires, mais des figures clés du régime poutinien, directement responsables du déclenchement de la guerre agressive contre l'Ukraine, de la destruction des institutions démocratiques et des répressions à grande échelle en Russie. Les trois sont sous sanctions personnelles de l'Union européenne et de la Suisse», déclarent les signataires.
Les signataires dénoncent aussi le fait que l'Italie ait autorisé le survol de son territoire par l'avion de la délégation russe. Ils demandent une «explication publique des motifs» de leur admission sur le territoire européen et une «enquête» sur les liens entre plusieurs institutions suisses et le Kremlin, estimant que «la neutralité n'est pas une excuse».
Parallèlement, l'équipe de l'opposant mort en prison en Russie Alexei Navalny a qualifié sur X la visite de la délégation russe de «répugnante levée rampante des sanctions».
La venue de la délégation russe a aussi été critiquée par une représentante ukrainienne mercredi.
«Expliquez-moi ceci: pourquoi la délégation de l'Etat agresseur, condamnée par toutes les grandes organisations internationales, y compris l'ONU et l'UIP, est-elle ici aujourd'hui?», a déclaré Olena Kondratiouk, vice-présidente de la Rada ukrainienne.
La Suisse a déclaré agir conformément aux accords internationaux. «En tant qu'Etat hôte, la Suisse met tout en œuvre pour faciliter le travail des organisations internationales basées sur son territoire, et en particulier à Genève», explique un porte-parole du ministère suisse des Affaires étrangères.
«L'ordonnance instituant des mesures en lien avec la situation en Ukraine prévoit des interdictions d'entrée et de transit en Suisse pour les personnes et entités désignées comme faisant l'objet de sanctions», a-t-il dit, mais le texte prévoit que les autorités suisses «peuvent accorder des dérogations, notamment si la personne se rend à une conférence internationale».