«La victoire de Donald Trump a brisé cet espoir» de l'Ukraine
Les missiles de croisière russes continuent de viser des infrastructures et des zones urbaines ukrainiennes. Pour les intercepter, Kiev combine radars, batteries sol-air et les avions occidentaux intégrés depuis 2024, comme les F-16. Ces appareils renforcent la couverture aérienne, mais doivent protéger un territoire immense face à des attaques rapides et diversifiées.
Malgré ces moyens, l’aviation ukrainienne peine à suivre le rythme imposé par Moscou. Les Russes saturent les défenses en mêlant drones et missiles et profitent de leur supériorité numérique. Chaque interception montre les progrès de Kiev, mais souligne aussi le défi: garder suffisamment d’appareils opérationnels et des munitions modernes pour un ciel constamment menacé.
Les F-16, des engins devenus vitaux en Ukraine
Longtemps, les Ukrainiens ont dû attendre que leur armée de l’air soit renforcée dans leur défense contre la Russie. En mai 2023, après des mois d’hésitation, Joe Biden avait fini par autoriser l’exportation des jets américains.
La Belgique, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège avaient alors envoyé à l’Ukraine des F-16 de leurs propres stocks. Le nombre exact d'avions cédés reste inconnu, mais les Ukrainiens semblent disposer de tout au plus une cinquantaine d’appareils opérationnels. Voilà qui rend d’autant plus frappant le bilan que l’armée de l’air ukrainienne vient de publier.
Celle-ci affirme que les F-16 ont déjà intercepté à eux seuls plus de 1300 cibles aériennes, dont des missiles de croisière, et frappé plus de 300 cibles au sol. L'armée ukrainienne a écrit sur sa chaîne Telegram:
Elle ajoute que la suite dépendra du fait que les alliés livrent bombes et missiles «en temps voulu et sans difficulté».
Un appui décisif, mais toujours insuffisant
En réalité, l’Ukraine reste sans doute loin d’imposer sa supériorité aérienne sur son propre territoire. Pour éviter d’offrir aux Russes des cibles trop faciles, les forces aériennes opèrent par petits groupes réunissant mécanicien et pilote.
Les appareils décollent depuis de modestes terrains, parfois même une autoroute, toujours sous la menace d’être repérés puis visés par des drones russes. Comme l’explique Euromaidan Press, qui cite un membre d’une équipe au sol, leur règle est simple:
Dans la guerre contre la Russie, les F-16 n’ont donc pas conduit au tournant espéré. Mais sans les avions de combat occidentaux, bien davantage d’Ukrainiens mourraient sans doute lors des attaques quotidiennes menées par les Russes, comme l’explique Gustav Gressel. Le politologue et instructeur au sein de l’armée fédérale autrichienne souligne:
La flotte aérienne la plus importante au monde
Les Ukrainiens ne devraient toutefois pas être autorisés à constituer une flotte plus importante de F-16. Gustav Gressel souligne:
Ses recherches portent principalement sur les structures militaires en Europe de l’Est et tout particulièrement sur les forces armées russes.
L’Ukraine et la France viennent ainsi de signer une déclaration d’intention portant sur l’achat de 100 avions Rafale. Kiev prévoit en outre d’acquérir 150 Gripen, pour lesquels une autre déclaration d’intention envers la Suède existe déjà.
Conçu pour opérer dans des conditions difficiles, ce jet robuste et simple peut même décoller depuis des routes communes. Pour l’Ukraine, le Gripen semble donc parfaitement adapté. Kiev veut ainsi bâtir une flotte pouvant atteindre 300 avions de combat, ce qui en ferait l’une des plus grandes forces aériennes du monde.
Faire avec ce que l'on a
Plusieurs années devraient cependant encore s’écouler avant que des Rafale et des Gripen soient mis à disposition des Ukrainiens en nombre significatif. Les jets doivent en effet être construits, et leur financement reste incertain dans les deux cas.
Les Ukrainiens devront donc encore se battre un moment avec leurs F-16, des appareils plus anciens. S’y ajoutent quelques modèles Mirage français encore plus âgés, ainsi qu’un nombre inconnu de chasseurs Su-27 et MiG-29 datant de l’époque soviétique. Mais face aux bombes planantes, une arme russe particulièrement redoutée, l’armée de l’air ukrainienne ne peut pour l’instant pas faire grand-chose.
Selon les informations ukrainiennes, la Russie tire actuellement chaque jour jusqu’à 250 unités de ces bombes lisses modifiées contre des positions ukrainiennes sur la ligne de front et des villes proches du front, comme Kharkiv ou Kramatorsk.
Grâce à des ailes ajoutées manuellement, ces bombes peuvent être larguées à 200 km de leur cible. Les bombardiers russes peuvent ensuite virer après le largage et ainsi hors de portée des chasseurs ukrainiens ou de la défense antiaérienne.
L’industrie d’armement de Vladimir Poutine développe déjà une variante qui permettra une portée de 400 km, a récemment mis en garde le service de renseignement militaire ukrainien HUR.
Les bombes planantes terrifient
Gustav Gressel explique:
Mais ce souhait ne devrait pas être satisfait pour l’instant. Même la version la plus récente du missile AIM-120, l’armement standard des F-16, n’a qu’une portée maximale de 180 km. Une distance insuffisante pour intercepter les bombardiers russes à temps. La portée nécessaire serait celle du missile Meteor, développé en Europe, mais celui-ci ne peut justement être tiré que depuis un Rafale ou un Gripen.
Gustav Gressel explique:
Ce serait d’autant plus important que les bombes planantes remplacent de plus en plus «l’artillerie russe défaillante» et sont utilisées pour frapper de manière ciblée la logistique de guerre des défenseurs, précise Gressel.
Se défendre à l'ère des drones
Gustav Gressel explique:
L'expert ajoute:
Même le missile de croisière ukrainien Flamingo ne serait pas suffisamment efficace contre des bases aériennes russes bien défendues. Gustav Gressel précise:
Gressel ajoute que de premières tentatives existent pour combattre directement les bombes planantes russes à l’aide de drones intercepteurs. Il observe:
Les Ukrainiens pourraient aussi neutraliser les bombes planantes russes avec leurs avions de combat. Mais face à la quantité de bombes peu coûteuses dont disposent les Russes, cela serait difficilement tenable. «Cela pourrait devenir un problème pour les Ukrainiens s’ils ne trouvent pas de contre-mesures adaptées», estime Gustav Gressel.
Gressel nuance toutefois en mentionnant le fait que la stratégie des Ukrainiens pour développer leur armée de l’air est fondamentalement juste. Il explique:
Avant de conclure:
Traduit de l'allemand par Joel Espi

