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«Beaucoup ont brûlé vif»: Des Ukrainiens racontent l'enfer russe

Prisoner swap between Russia and Ukraine continues CHERNIHIV, UKRAINE - JULY 04: Ukrainian military personnel of the Armed Forces, the National Guard, the State Border Guard Service and the State Spec ...
Un échange de prisonniers a permis à ces hommes de rentrer chez eux. (photo d'archive)Image: www.imago-images.de

«Beaucoup ont brûlé vif»: des Ukrainiens racontent l'enfer russe

Des échanges de prisonniers ont lieu régulièrement entre la Russie et l’Ukraine. Les récits des Ukrainiens sur leur temps passé en détention sont terrifiants.
07.09.2025, 06:5307.09.2025, 06:53
Konstantin Hitscher / t-online
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Depuis le mois de mai dernier, plus de 5000 Ukrainiens ont été libérés par les Russes. Les deux pays ont déjà procédé à plusieurs échanges de prisonniers de guerre, mais les autorités ukrainiennes estiment qu’environ 28 000 personnes resteraient encore détenus par la Russie. Hormis les témoignages des survivants, on dispose de très peu d’informations sur leurs conditions de détention. Ces récits pourraient bien, une fois la guerre terminée, servir de preuves lors de procès pour crimes de guerre.

Iryna Badanova, du centre de coordination ukrainien pour la libération des prisonniers de guerre, explique au site ukrainien Texty:

«Tous ceux qui reviennent de captivité présentent des signes évidents d’épuisement»

Peau pâle, perte de poids marquée, chute des cheveux et de dents, tout cela est courant chez les personnes libérées, précise-t-elle. Beaucoup souffrent également de lésions aux organes internes, comme des inflammations graves de l’estomac, de l’œsophage ou du foie. Des traitements longs sont souvent nécessaires pour les remettre sur pieds.

Le site Dekoder a rassemblé des témoignages couvrant les trois ans et demi de guerre. Le constat reste le même, l’organisation de la détention côté russe est chaotique, et la torture semble systématique. Des rapports existent aussi sur des cas de torture de prisonniers russes en Ukraine, mais en proportion bien moindre. En 2024, un rapport de l’ONU avait conclu que des prisonniers russes avaient été maltraités dans certains camps ukrainiens.

Un feu meurtrier dans un camp

Parmi les soldats ukrainiens libérés lors d’un échange figure Jurij Swidersky, 23 ans, membre de la brigade Azov. Comme il l’a raconté au média Frontliner, le jeune homme s’était rendu durant la bataille de Marioupol en 2022, et a passé deux ans en captivité russe.

Selon lui, sa détention s'est déroulée dans la confusion totale:

«A Olenivka, il n’y avait aucune véritable ‘admission’, seulement du chaos et de la précipitation. Tout devait aller vite.»

Olenivka se situe dans la partie est de l’Ukraine occupée par la Russie. Plusieurs détenus y ont décrit des conditions indignes. Nombreux dans ce camp de détention, les combattants d’Azov ont été régulièrement diabolisés par Moscou, accusés notamment d’être des néonazis. Le politicien russe Leonid Slutski avait même réclamé leur exécution, invoquant des «crimes contre l’humanité» de leur part.

Easter Prisoner Of War Exchange Takes Place Between Ukraine And Russia An Easter prisoner of war exchange takes place between Ukraine and Russia: 146 Ukrainian POWs and 31 severely wounded return home ...
Bien qu'amaigris, la joie se lit sur les visages de ces anciens prisonniers.Image: www.imago-images.de

Jurij Swidersky se souvient également du 29 juillet 2022, où un incendie avait ravagé le camp de prisonniers, tuant au moins 40 Ukrainiens:

«Cette nuit-là, la baraque voisine était en flammes. J’ai entendu des cris et je suis sorti en courant. L’explosion avait pulvérisé le bâtiment, il ressemblait à une boîte de conserve écrasée. Les gardiens avaient tous fui.»

L’origine probable de ce feu meurtrier était un tir de lance-roquettes russe.

Une rare permission de voir un médecin

Jurij Swidersky poursuit son récit:

«Près des baraques se trouvait un baril de pétrole. Lorsqu’il a été renversé par l’explosion, le feu s’est propagé à une vitesse fulgurante. Beaucoup ont brûlé vifs. De la laine de verre tombait du toit, enflammant tout ce qu’elle touchait. L’air était rempli de cris.»

Il ajoute:

«Il n’y a eu aucune véritable tentative pour nous venir en aide»

Selon Jurij Swidersky, le quotidien en détention était, lui aussi, marqué par la violence:

«Durant tout mon séjour à Taganrog, il y avait des inspections régulières, des contrôles quotidiens au cours desquels nous étions battus. Nous étions aussi conduits aux interrogatoires et, si les enquêteurs n’étaient pas satisfaits, ils nous frappaient avec des bâtons.»

Comme le raconte Jurij Swidersky, les gardiens voulaient le contraindre à avouer des crimes de guerre contre des civils. Puis, soudainement, la situation a changé. Quelques semaines avant l’échange de prisonniers, il a été conduit à l’infirmerie et a ensuite reçu chaque jour la visite d’un médecin. A sa libération, les marques de torture étaient pourtant encore visibles sur tout son corps. Selon Frontliner, l'homme avait perdu plusieurs dents, souffrait de troubles gastriques, hépatiques et rénaux, et portait des cicatrices sur l’ensemble de son corps.

Différentes formes de torture

Comme le rapporte Texty, non seulement des soldats, mais aussi des civils se trouvent en captivité. Viatcheslav Zavalny, 52 ans, mécanicien de profession, raconte comment il a été emprisonné et torturé par les gêoliers russes, qui auraient sciemment affamé des détenus.

Il confie aux journalistes:

«Toutes les conversations dans notre cellule tournaient autour de la nourriture. Tout le monde était amaigri et épuisé. Les gens dans la cellule se disputaient, et se battaient pour quelques aliments.»

Selon Viatcheslav Zavalny, 37 prisonniers devaient partager un seul pain par jour. À sa libération, l'homme ne pesait plus que 55 kilos.

D’autres formes de torture auraient également été courantes:

«Les gardiens ne nous autorisaient pas à nous asseoir. Nous devions rester debout 18 heures d’affilée. La cellule était placée sous vidéosurveillance. Si quelqu’un tentait de s’asseoir, ils frappaient ou obligeaient à faire des flexions.»

Viatcheslav Zavalny a été arrêté en 2022 par des militaires russes, alors qu’il tentait de fuir avec sa famille devant l’avancée des troupes. Mais les raisons de son arrestation ne lui ont jamais été communiquées.

Des mois passés dans une fosse

Comme le révèle le média en ligne The Insider, les civils emprisonnés par la Russie ne sont pas uniquement des hommes. Des femmes sont régulièrement arrêtées, souvent parce que leurs maris appartiennent à l’armée ukrainienne.

Leurs conditions de détention semblent tout aussi dures. The Insider cite une lettre envoyée depuis sa captivité par Julia Koveshnikova:

«Chaque fois que je prononçais un mot en ukrainien, des hommes masqués me frappaient à la tête»

Elle décrit un froid constant, et l’absence de vêtements adaptés malgré les basses températures.

Sa fille, Anastassia Koveshnikova, témoigne, elle aussi, des conditions de détention de sa mère. Au début, celle-ci aurait été retenue plusieurs mois dans une fosse, avant d’être transférée dans une cave. Là, elle aurait reçu des aliments avariés. Les gardiens lui auraient en outre répété à plusieurs reprises que l’Ukraine avait perdu la guerre.

Julia Koveshnikova aurait été arrêtée en 2023 par des mercenaires du groupe Wagner. Pendant plus d’un an, sa famille est restée sans nouvelles quant à son sort. Anastassia Koveshnikova raconte avoir depuis rencontré des personnes qui avaient été détenues avec sa mère. Dans sa lettre, Julia Koveshnikova exprime son désir de retrouver les siens. Elle écrit:

«Bien sûr que nous nous reverrons. Nous nous assiérons à une table, quelque part au bord de la mer, avec une bonne bouteille de vin.»

Traduit de l'allemand par Joel Espi

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