«Je suis vraiment désolé d'être un peu en retard pour la fête! J'ai dû passer un peu plus de temps à la maison pour installer les petits. Prendre des milkshakes, aller à l'école. J'ai atterri il y a quelques heures.» Le sourire est timide, la voix douce, le look parfait, l'excuse presque avalée. Meghan Markle a réussi son entrée, mardi soir, devant un parterre de 1600 spectateurs, athlètes, famille et amis confondus.
C'est qu'on se demandait où elle pouvait bien se cacher, la duchesse de Sussex, alors que son royal mari, co-fondateur de la compétition, a posé pied en Allemagne quatre jours plus tôt déjà, pour assurer l'ouverture des Jeux Invictus à Düsseldorf. Meghan a manqué presque aussi cruellement que la bague de fiançailles à son annulaire. Malgré son beau discours, il n'en faut pas plus aux observateurs pour se demander si l'aventure allemande des Sussex ne risque pas de tourner très vite en eau-de-boudin.
Si les Sussex ont prouvé quelque chose, c'est qu'ils ont plus d'un tour dans leur sac. Mercredi matin, c’est un duo rayonnant qui se hisse dans les gradins, sous les hourras de la foule. Meghan l'ignore peut-être, mais, alors qu'elle est en train d'encourager chaudement les participants à un match de basket, des milliers de fans sont en train de se ruer sur le site de J.Crew, pour s'arracher son cardigan blanc à 158 dollars. Sous «l'effet Meghan», le site plante. Il faudra des heures avant qu'il ne soit à nouveau accessible.
Et ce n'est là qu'une des nombreuses déclarations de mode dont la duchesse va gratifier «son» public, au fil de la semaine et des heures de la journée. Son ex-Altesse enchaîne les apparitions et les changements de looks. La compétition paralympique est son défilé, le terrain de sport son podium.
Si bien que ses assistants doivent rassurer les médias en présence. Non, Meghan n'a pas dévalisé les boutiques avant son voyage en Allemagne. La plupart des pièces seraient «vintage» ou «réutilisées». La Californienne, qui n'a même pas emmenée de maquilleur ou de coiffeur avec elle (!), est capable de se préparer toute seule, comme une grande.
Et comme une info indispensable n'arrive jamais seule, le magazine People comble bientôt la lacune suspecte au doigt de la duchesse: sa bague de fiançailles à 150 000 dollars, composée d'un énorme diamant du Botswana, serait «actuellement en cours de révision, car une monture s'est détachée». Nous voilà rassurés. Tout va pour le mieux sur la comète Sussex.
D'autant que le couple a tiré les leçons de leur dernière tentative humiliante de «kiss cam», en avril dernier, lors d'un match des Lakers: guère troublé par les rumeurs persistantes de tensions au sein de leur mariage, le couple enchaîne les démonstrations d'adoration. Bisous tendres, câlins sirupeux, murmures roucoulants, mains collées aussi solidement qu'un activiste climatique à un trottoir. L'entité qui a fait cauchemarder la monarchie s'aime comme au premier jour et veut nous le faire savoir. Leur communication est rodée. Des débriefings ont d'ailleurs lieu chaque avec leur équipe, selon le Daily Telegraph.
Exit la moue hargneuse, les sourcils froncés et la bouche tirée dont le prince nous a gratifié quotidiennement ces derniers mois. Détendu, enjoué, à l'aise, entouré de ses collaborateurs des Invictus Games et des vétérans militaires, c'est un autre homme. Rien d'étonnant: ces jeux sont son bébé. Le seul projet d'envergure qu'il a conservé de son ancienne vie royale. Même l'échec cinglant de la série qu'il a consacrée à la compétition sportive sur Netflix, il y a quelques semaines, ne l'a guère refroidi. Au contraire, le flot constant d'enfants et d'admirateurs venus quémander selfies, poignées de main, sourires et plaisanteries, semble le ragaillardir.
Pour conclure cette semaine en majesté, quoi de plus adéquat qu'un dîner copieux et bien arrosé pour célébrer, avec un peu d'avance, les 39 ans du duc de Sussex? C'est dans une brasserie de Düsseldorf que le petit comité d'une dizaine de personnes s'est réuni pour célébrer le duc, jeudi soir, autour de plats «de style familial», bratwurst, wiener schnitzel, chou rouge et purée de pommes de terre, et, évidemment, des litres de bière. Harry en aurait avalé six pintes, contre une petite pour Meghan, d'après un décompte du Daily Mail.
Avant que la joyeuse équipe ne retourne à son hôtel pour attendre minuit et déguster le gâteau d'anniversaire au chocolat blanc, c'est le duc de Sussex qui s'est acquitté de l'addition - en laissant un «gros pourboire». Princier, Harry.
De l'autre côté de la Manche, on croit savoir que les proches du roi Charles croisent les doigts - après tout, un Harry heureux est un Harry moins dangereux. «Si Harry a de nouveau un but dans la vie, un but qui le fait réfléchir à deux fois avant d'attaquer - même si c'est uniquement parce que cette image n'est pas bonne pour les Jeux Invictus -, ce ne peut être qu'une bonne chose pour tout le monde», glisse une source royale au Daily Beast.
Mais qui dit heureux, dit aussi combattif.
Et c'est peu dire que William et Harry ont dégainé les armes pour s'attirer leur part du gâteau et d'attention médiatique. Une compétition entre les deux frères ennemis qui a débuté au quart de tour vendredi, jour du premier anniversaire de la mort de la Reine. Alors que le prince de Galles assiste à la commémoration officielle, la prise de parole vibrante de son son frangin, de passage à Londres, l'éclipse complètement.
Chez les Windsor, la vengeance est un plat qui se mange aussi froid qu'un château d'Ecosse. Dès le lendemain, William réplique et fait le buzz, lors d'une rare apparition surprise dans un podcast sportif très populaire, aux côtés de sa femme Kate, à l'occasion de la Coupe du monde de rugby. Alors qu'il se lance dans une envolée lyrique sur la pratique du sport pour les personnes handicapées, le prince de Galles ne pipera pas un seul mot pour les Invictus Games, qui démarrent pourtant le jour-même.
Simple «hasard de timing», comme l'avancent certains amis de William? A vous de juger. Reste que le prince et la princesse de Galles ne semblaient pas particulièrement enclins à partager la vedette ces derniers jours. Mardi, pendant que Meghan, dégaine l'excuse du milk-shake pour justifier son retard en Allemagne, son éternelle rivale Kate effectue une visite très médiatisée dans une prison pour hommes en Angleterre. Sa nouvelle coupe de cheveux et ses doigts couverts de pansements (un «accident de trampoline») assurent le reste.
En Allemagne, la riposte n'a pas tardé. Jeudi, en marge des Jeux Invictus, Harry et Meghan, qui n'ont jamais caché leur volonté de rester impliqués dans la politique, ont participé à une réunion avec plusieurs chefs de l'Otan.
Une tentative, selon certains, d’atténuer l’impact du discours imminent de William à l’ONU, la semaine prochaine, à New York, au cours d'un voyage très attendu. C'est donc en terres américaines que se jouera le prochain round du combat fraternel.
Reste à savoir comment Harry et Meghan, revigorés après leur succès en Europe, feront face à l'incursion du frère rival sur leur territoire. Si les Jeux Invictus touchent à leur fin, la bataille royale, elle, ne fait que commencer.