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Voici la quantité d'électricité nécessaire pour extraire des bitcoins

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15 centrales nucléaires: c'est ce qu'il faut pour extraire des Bitcoins (pour l'instant)

Les bitcoins consomment d'énormes quantités d'électricité et ce chiffre augmente chaque année. Pour quelles raisons et qu'en est-il de la Suisse?
30.06.2024, 18:5630.06.2024, 21:59
Ann-Kathrin Amstutz / ch media
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C'est une chasse au trésor numérique: des millions d'ordinateurs à travers le monde participent à l'extraction de bitcoins. Le processus consomme une quantité énorme d'électricité. Une nouvelle étude et un ordinateur de l'université de Cambridge montrent quelle quantité d'électricité il y a en Suisse et dans le monde, et surtout, ce que l'on pourrait faire d'autre avec autant d'électricité.

Selon le «Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index», la consommation mondiale d'électricité pour le bitcoin s'est élevée l'année dernière à 121 térawattheures (TWh). A titre de comparaison, c'est plus du double de la consommation d'électricité suisse, que l'Office fédéral de l'énergie a chiffré à 56 TWh en 2023.

Cela correspond à 15 fois la production annuelle d'électricité de la centrale nucléaire de Gösgen.

Une étude récemment publiée par la plateforme Bestbrokers, qui évalue et compare différents courtiers en ligne, notamment dans le domaine de la cryptographie, estime la consommation annuelle actuelle à un niveau encore plus élevé, à savoir 140 TWh.

Et en Suisse?

Seulement 0,03% de la puissance de calcul utilisée pour le bitcoin est fournie en Suisse. Comme les spécialistes de Bestbrokers l'ont calculé en exclusivité, cela représente encore une quantité considérable d'électricité en chiffres absolus, à savoir 42,25 gigawattheures (GWh) par an. Cela correspond à la consommation annuelle d'électricité d'environ 9000 ménages suisses.

A titre d'exemple, on pourrait recharger trois à quatre fois toutes les voitures purement électriques de Suisse (environ 155 000) à la fin de l'année 2023, comme le constate Bestbrokers.

La part de la Suisse est comparativement faible. Cela s'explique probablement par le fait que les prix de l'électricité sont plutôt élevés en comparaison internationale. Comme l'explique Roland Brüniger, responsable du programme de recherche sur les technologies de l'électricité de l'Office fédéral de l'énergie (Ofen), le minage de bitcoins est fortement «guidé par le marché et les coûts, c'est-à-dire là où les coûts de l'électricité sont les plus bas».

Pas de baisse en vue

Bien que les ordinateurs et les puces soient de plus en plus performants et efficaces, la consommation globale d'électricité pour le bitcoin ne diminue pas. Au contraire, elle augmente d'année en année, comme le montrent les données de l'indice Cambridge.

En se basant sur les données jusqu'en mai, la consommation devrait augmenter de 39% en 2024 par rapport à l'année précédente.

Pourquoi le bitcoin a-t-il besoin de toujours plus d'énergie? La cause réside dans la technologie. Comme pour toute monnaie, le bitcoin a besoin d'une protection pour éviter que l'argent ne soit falsifié et simplement créé en n'importe quelle quantité. Dans le cas des monnaies traditionnelles comme le franc, l'euro ou le dollar, cette tâche incombe à une banque centrale. C'est elle qui gère la monnaie et la sécurise.

Dans le cas du bitcoin, il n'existe pas d'instance de contrôle centrale de ce type. Au contraire, toutes les informations sont stockées dans un réseau décentralisé. Pour éviter les erreurs et les falsifications lors des transactions, mais aussi lors de l'extraction de nouveaux bitcoins, il faut des procédés mathématiques compliqués. Et celui qu'utilise le bitcoin est particulièrement gourmand en énergie.

La base de données qui permet de retracer chaque transaction est ce que l'on appelle une blockchain. Comme son nom l'indique, elle se compose d'une série de blocs ou de paquets de données. Elle est enregistrée sur tous les ordinateurs qui font partie du réseau Bitcoin. Il est donc presque impossible de la manipuler.

Lorsque quelqu'un passe un ordre de transaction, les données correspondantes, comme le montant et le destinataire, sont cryptées et emballées dans un bloc. Tous les participants à la blockchain en reçoivent une copie. Ils doivent alors vérifier que tout est correct avant d'ajouter le nouveau bloc à la chaîne.

Augmentation de la puissance de calcul

Comment fonctionne la vérification? Le bitcoin fait appel à la méthode dite de la «Proof-of-Work». Il s'agit d'une compétition au cours de laquelle il faut résoudre une énigme mathématique complexe afin de confirmer la transaction. Celui qui y parvient le plus rapidement reçoit une récompense en bitcoin.

Certains se réunissent également en groupes, appelés «pools de minage» pour en commun leur puissance de calcul et augmenter leurs chances.

Cela a conduit à une véritable course à l'armement entre les prospecteurs. Il faut des ordinateurs de plus en plus puissants pour pouvoir rivaliser dans la résolution des énigmes mathématiques. Parallèlement, le nombre croissant de «mineurs» et l'augmentation de la puissance de calcul augmentent également la difficulté de l'énigme. En effet, la durée moyenne nécessaire aux «mineurs» pour trouver la solution doit toujours rester la même. Tous ces facteurs font grimper la consommation d'énergie.

De plus, le prix du bitcoin a littéralement explosé depuis le début de l'année. Il y a trois mois, il a atteint son plus haut niveau historique, soit environ 73 700 dollars. Plus le bitcoin est cher, plus il est intéressant de participer à la compétition. Comme l'écrit Bestbrokers, de plus en plus de «mineurs» y participent. La plate-forme prévoit que la puissance de calcul utilisée dans le monde entier augmentera de 20% en 2024.

Le secteur se défend

Le secteur de la cryptographie se défend d'être taxé en bloc de gaspilleur d'énergie. Une grande partie de l'électricité utilisée pour les bitcoins provient de sources renouvelables – il s'agit souvent d'énergie qui ne serait pas utilisée autrement, comme l'électricité hydraulique excédentaire pendant la saison des pluies en Chine.

Et en 2022, une étude de la société de conseil en cryptographie Valuechain affirmait que le secteur bancaire consommait beaucoup plus d'énergie que le bitcoin, si l'on prenait en compte les besoins pour la fabrication de l'argent, son transport et l'infrastructure bancaire physique. Cette comparaison est toutefois un peu boiteuse, car contrairement au bitcoin, les banques remplissent une mission économique.

De plus, toutes les monnaies numériques ne sont pas aussi gourmandes en énergie que le bitcoin. De nombreuses cryptomonnaies récentes misent de plus en plus sur une technologie alternative. La deuxième plus grande cryptomonnaie, Ethereum, y est également passée: le procédé «Proof-of-Stake». Selon une étude réalisée par l'EPF de Zurich à la demande de l'Office fédéral de l'énergie, cette méthode nécessite mille fois moins d'énergie que la méthode «Proof-of-Work».

Pour ajouter un nouveau bloc, les utilisateurs doivent posséder une certaine somme d'argent dans la crypto-monnaie. Ils déposent leur capital, un «stake», comme garantie, qui pourrait être confisqué s'ils trichaient. Cela signifie que ceux qui possèdent et utilisent beaucoup d'argent ont plus de chances d'être récompensés.

Certes, cela réduit massivement la consommation d'énergie, mais cela pose d'autres problèmes. Certaines personnes critiquent le fait que les investisseurs riches soient favorisés. De plus, il pourrait y avoir une concentration du pouvoir entre leurs mains, ce qui contredit le caractère fondamentalement décentralisé des cryptomonnaies.

(Traduit et adapté par Chiara Lecca)

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