Des étudiants de Caroline du Sud ont été pris de panique lorsqu'ils ont vu la police débouler sur leur campus: il s'agit d'une fausse alerte comme il y en a de plus en plus dans les universités américaines.
Le «swatting», phénomène apparu il y a quelques années aux Etats-Unis, a pris d'assaut cette rentrée les universités américaines, par ailleurs vivement prises à partie par Donald Trump.
Le terme, qui découle de «Swat», d'après unité d'intervention de la police américaine, décrit un appel aux services d'urgence pour signaler un faux accident grave, comme une fusillade ou une prise d'otage.
Avant l'université de Caroline du Sud, où deux appels ont signalé à tort dimanche des coups de feu, des informations tout aussi infondées ont touché l'université Villanova, en Pennsylvanie, et l'université du Tennessee-Chattanooga la semaine dernière.
Au moins sept autres établissements ont été visés lundi ainsi que l'université de Virginie-Occidentale mardi, selon des déclarations des établissements et de la police.
Or, le swatting est source de traumatisme pour les étudiants et risque de désensibiliser les Américains aux alertes, dans un pays où les fusillades sont fréquentes, estiment des experts. John DeCarlo, professeur de droit pénal à l'université de New Haven, explique:
Le FBI, la police fédérale américaine, a confirmé constater «une augmentation des cas de swatting à travers le pays».
L'agence a déclaré avoir reçu des milliers de signalements depuis la création en 2023 d'une base de données, ajoutant que cette pratique «épuise les ressources des forces de l'ordre, coûte des milliers de dollars et, surtout, met en danger des personnes innocentes».
A l'université du Tennessee-Chattanooga, plusieurs bâtiments ont été évacués à la suite de fausses informations. Quant à l'université de Caroline du Sud, elle a déclaré que deux étudiants avaient été légèrement blessés en se précipitant hors de la bibliothèque, qui avait été évacuée à la suite d'un appel.
Un troisième étudiant de cette université a été faussement accusé d'être le tireur après le partage d'images sur les réseaux sociaux le montrant avec un parapluie, ressemblant à une arme à feu.
Les universités sont «particulièrement vulnérables» au swatting en raison de leur visibilité, souligne John DeCarlo.
Plusieurs d'entre elles, dont Harvard, Columbia et l'Université de Californie, ont été ciblées par Donald Trump ces derniers mois, qui les a accusées de wokisme ou de soutien à la cause palestinienne.
Selon Keven Hendricks, expert en cybercriminalité, les auteurs de ces appels sont souvent liés à des groupes et à des idéologies extrémistes, et parfois mineurs.
Des experts ont appelé à un renforcement de la législation et à investir dans des technologies permettant d'identifier les auteurs qui dissimulent leur voix ou leur adresse IP.
John DeCarlo regrette quant à lui de ne «pas avoir les moyens de mener des enquêtes ni des poursuites efficaces». Il conclut:
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