L’heure de vérité a sonné pour Sean Combs. L'artiste et magnat du hip-hop comparaît dès ce lundi devant un tribunal fédéral de New York pour des accusations d’une extrême gravité: trafic à des fins d’exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, violences, enlèvement et corruption. L’ensemble est regroupé sous une inculpation pour entreprise criminelle, en vertu du très redouté «RICO Act» - un arsenal juridique souvent réservé aux organisations mafieuses.
Depuis son arrestation, il y a huit mois, P. Diddy est détenu sans caution au centre de détention de Brooklyn, tristement célèbre pour sa violence et ses conditions déplorables. Il encourt la prison à perpétuité.
Le cœur du dossier réside dans des faits supposés s’être déroulés sur deux décennies, de 2004 à 2024. Le parquet de Manhattan décrit une mécanique d’exploitation sexuelle savamment orchestrée, avec l’organisation de «freak-offs» - des marathons sexuels sous drogues, impliquant des travailleurs du sexe et des victimes contraintes à y participer. Diddy, accusé d’avoir dirigé ces scènes comme des performances sordides, aurait parfois recouru à la violence ou à l’intimidation. Certaines de ces scènes auraient été filmées.
L’acte d’accusation souligne que les victimes, parmi lesquelles figurent majoritairement des femmes, mais aussi des hommes, ont été soumises à des violences physiques, psychologiques et verbales. Plusieurs accusatrices affirment avoir été droguées à leur insu avant d’être agressées.
Si le parquet évoque des complices non nommés, Sean Combs demeure pour l’instant le seul individu poursuivi au pénal.
Conformément aux règles en vigueur dans les tribunaux fédéraux américains, ce procès ne sera pas filmé ni retransmis en direct. Les médias et le public devront s’appuyer sur les comptes rendus des journalistes présents dans la salle d’audience pour suivre le déroulement.
Après la sélection du jury, une étape qui devrait s’étendre sur une semaine, le procès pourrait durer huit à dix semaines, selon les estimations du juge Arun Subramanian. Une série de témoignages sont très attendus.
Parmi eux, celui de la chanteuse Cassie Ventura, ancienne compagne de Combs, dont les révélations en 2023 ont déclenché une onde de choc. Sa plainte civile a été réglée de manière éclair, à l’amiable, en 24 heures. Quelques mois plus tard, la chaîne CNN diffusait un extrait de vidéosurveillance dans un hôtel de Los Angeles datant de 2016 qui exposait la brutalité de leur relation. Dans cette vidéo - que le juge compte présenter durant le procès, malgré les objections de la défense - le rappeur agresse violemment son ex-compagne dans les couloirs de l'établissement.
Depuis, le FBI a mené des perquisitions dans ses résidences de Miami et de Los Angeles.
Parallèlement à ce procès pénal, Sean Combs fait désormais face à une avalanche de poursuites civiles: plus de 100 plaintes ont été déposées, dont 78 sont encore en cours d’examen. Quatre ont déjà été classées ou réglées, tandis que 27 ont fait l’objet d’une requête en irrecevabilité de la part de la défense.
Le magnat déchu, qui a toujours clamé son innocence, s’est exprimé sur Instagram avant son arrestation en octobre dernier: