Le réchauffement climatique détruit la faune et la flore, y compris en Suisse, un des pays les plus touchés. Certaines espèces, notamment d'oiseau, pourraient être menacées. Que faire? Réduire les émissions de gaz à effet de serre? Favoriser la production d'énergie verte? Mais, non, voyons: instaurer un fucking couvre-feu pour les chats.
C'est l'idée un peu claquée des pattes d'un postulat présenté au Grand conseil vaudois le 10 septembre, et relayé par 24 heures. Parmi les solutions proposées pour empêcher de laisser nos petits chasseurs assouvir leurs instincts: une autorisation de sortie des chats dans certaines zones, un collier à clochettes obligatoire, le plafonnement du nombre de petits félins par ménage ou encore... un couvre-feu pour les chats. Oui, comme sous un régime militaire.
Ce pavé politique dans la mare fait suite à plusieurs articles de presse et scientifiques publiés cette année. Les félins sont en augmentation dans le pays et chassent certains animaux en danger, notamment des oiseaux, des reptiles ou des amphibiens. La NZZ ironise, qualifiant nos félins de «véritable guérilla à moustaches qui fait des dégâts». Un expert préconise que «les chats ne sortent plus sans être accompagnés». La guerre est-elle déclarée pour nos meilleurs amis à quatre pattes?
On est à ça 🤏🏻 de rappeler que les animaux carnivores sont des prédateurs. Et qu'il existe un concept au sein du monde animal appelé la chaîne alimentaire. Et qu'il ne suffit pas de remplacer les proies naturelles du chat avec des croquettes de chez Denner pour faire disparaître ce qu'elles contiennent: d'autres animaux. Oh my. D'autant que le postulat critique également la production de nourriture pour chat. Il faudrait savoir.
Et puis oui, il faut l'assumer: une fois dehors, nos chats sont des salauds. Au bout des pattes et du museau de cette petite boule de poils ronronnante, on trouve des griffes et des dents très affûtées qui servent à quelque chose. Mais on les aime quand même. Un peu comme Timéo, ce petit ange qu'on découvre en train de faire manger du sable à son copain Liam dans le bac de la crèche.
Mais le pays de Vaud n'est pas le seul où on a pensé à un couvre-feu: l'Allemagne l'a déjà tenté localement pour protéger une espèce locale d'oiseaux. En cas d'infraction, les amendes se montaient entre 500 et 50 000 euros. Oui, vous avez bien lu. On imagine la scène:
Dans d'autres pays, comme en Nouvelle-Zélande, on a même décidé de... dézinguer les chats. Les tuer. Comme de vulgaires rongeurs. Pour «sauver la biodiversité», qu'ils disent.
A bien y repenser, l'être humain aussi est une espèce invasive particulièrement «problématique». On attend le postulat qui préconise le suicide de masse de 90% de la population pour sauver la biodiversité.
Bon, du coup, je me suis dit que j'allais faire l'effort de trouver moi aussi quelques idées d'autres mesures punitives à prendre pour empêcher les chats d'être des chats:
On touche le fond? Oui. Mais j'ai l'intime conviction que d'autres vont continuer à creuser à ma place.
Bon, tout n'est pas à jeter dans les idées proposées au Grand conseil vaudois. Favoriser la stérilisation pour éviter aux chattes du quartier de pondre une portée de chatons par année: très bien. Contrôler l'importation et les élevages de chats en Suisse et les enregistrer: pourquoi pas?
Mais une fois qu'ils passent la porte de notre foyer — et qu'ils veuillent bien consentir de rester y vivre, si le voisin ne les nourrit pas avec des croquettes plus chères —, laissons vivre nos chats, bordel. Miaou!
Collaboration: Sophie, le chat de Margaux Habert.