Trois ans après le bronze-surprise conquis par Mujinga Kambundji sur 200 m à Doha, Swiss Athletics peut espérer de nouveaux exploits de ses 25 représentants aux Mondiaux. Nous avons listé les trois (petites) chances de médailles suisses et demandé à Jacky Delapierre, patron d'Athletissima, son avis sur chacune d'elles.
Vice-champion du monde en salle de l'heptathlon, Simon Ehammer aborde ces joutes américaines dans la peau du numéro un mondial de la saison. Mais ce sera à la longueur, discipline qu'il a décidé de privilégier avant de préparer plus spécifiquement le décathlon en vue des Européens de Munich (15-21 août). L'Appenzellois a «explosé» dans la spécialité ce printemps. Alors que son record personnel était jusque-là de 8m15 (en 2020), il a bondi à 8m30 le 7 mai à Ratingen - pour battre de 3 cm le record de Suisse de Julien Fivaz - puis à 8m45 le 28 mai à Götzis. A chaque fois dans le cadre d'un décathlon, avec donc seulement trois essais.
Il reste le meilleur performeur mondial de l'année, avec 9 cm de plus que Murali Sreeshankar et Miltiadis Tentoglou. Ce statut ne fait pas de lui le favori d'un concours dont la finale aura lieu dans la nuit de samedi à dimanche, et c'est sans doute mieux pour ses nerfs. L'homme à battre est bien Miltiadis Tentoglou, champion olympique l'été dernier à Tokyo et invaincu dans les concours disputés en extérieur depuis l'entame de la saison 2021. Mais derrière le Grec, tout semble possible.
Vainqueur le 30 juin à Stockholm avec un chrono de 42''13, le relais suisse détient la meilleure performance mondiale de l'année. Bien sûr, ce succès a été obtenu en l'absence des meilleures nations de la planète. Mais il est prometteur.
Géraldine Frey, Mujinga Kambundji, Salomé Kora et Ajla Del Ponte sont restées à 0''08 du record de Suisse établi en séries des JO de Tokyo l'été dernier. Avec la présence de Sarah Atcho et l'émergence de Natacha Kouni (11''12 à Bulle), le quatuor helvétique peut aller bien plus vite. Et les quatre filles qui seront choisies par Adrien Rothenbühler n'auront sans doute pas le choix si elles entendent enfin concrétiser le «vieux» projet du 4x100 m lancé par Laurent Meuwly, il y a plus d'une décennie. Jamaïque, Team USA et Grande-Bretagne ont les moyens de passer nettement sous les 42 secondes.
La championne du monde du 60 m en salle n'est «que» la 12e meilleure performeuse de l'année sur 100 comme sur 200 m, alors qu'elle a réalisé les meilleurs chronos de sa carrière ce printemps (10''89 et 22''18).
Sur 100 m (finale dans la nuit de dimanche à lundi), toute autre issue qu'un triplé jamaïcain Fraser-Pryce/Thompson-Herah/Jackson constituerait une surprise. Reste à voir si le 200 m - dont les séries auront lieu moins de 24 heures après la finale du 100 m - verra autant de forfaits qu'aux Mondiaux de Doha en 2019, où Mujinga Kambundji avait pleinement su profiter des circonstances pour s'adjuger le bronze sur 200m.