Quelque chose doit changer dans la lutte suisse
Avant la huitième et dernière passe de l’ESAF, la situation a dégénéré en coulisses à Mollis. Selon la SRF, l’association bernoise, s’estimant lésée, a déposé un recours contre la notation d’un combat. En cause: Fabian Staudenmann n’avait reçu que 9,75 points pour sa victoire sur Domenic Schneider.
Les images télévisées laissaient pourtant penser qu’il s’agissait plutôt d’un succès méritant la note maximale de 10. Considéré comme le grand favori, Staudenmann a ainsi perdu sa chance de participer à la passe finale. Sans surprise, le recours bernois a été rejeté. Le titre de roi de la lutte s'est donc joué entre le Thurgovien Samuel Giger et le Toggenbourgeois Werner Schlegel (les deux hommes ayant fait match nul, c'est Armon Orlik qui s'est finalement imposé).
Malheureusement, ce n’était qu’une décision malheureuse de plus au cours de ces deux jours passés dans le canton de Glaris. Avant Staudenmann, le roi Joel Wicki et les lutteurs de Suisse centrale s’étaient déjà sentis lésés. Et Werner Schlegel, tout comme les Suisses orientaux, ont eux aussi exprimé leur frustration après un jugement contesté lors de la cinquième passe dimanche matin.
Le seul maigre réconfort pour l'intérêt sportif est que tout le monde, sans distinction, a été touché par ces décisions prêtant aux discussions. Mais ce n’est qu’une bien faible consolation quand un titre royal – et avec lui la gloire, l’honneur et l’argent – est en jeu.
En lutte suisse, les décisions sont prises collectivement par trois arbitres: l’un dirige le combat sur le ring, tandis que deux autres l’observent depuis une table. Alors, pourquoi ne pas leur donner une tablette afin de pouvoir revoir les scènes litigieuses? Pour les duels les plus importants, ceux qui décident de la victoire, il existe de toute façon des images télévisées.
Si la lutte suisse est si populaire, c’est aussi parce qu’elle se distingue radicalement des autres disciplines sportives. Il suffit de penser à son système unique de «l'Einteilung» (les combats sont attribués selon un principe élaboré qui vise à équilibrer les forces, maintenir le suspense et donner plusieurs chances aux athlètes). La lutte suisse a raison de se protéger contre des changements trop profonds.
Mais lorsque des erreurs d’arbitrage influencent régulièrement les classements et l’issue d’une fête de manière significative, la pression pour changer les choses augmente. Après Mollis, les responsables vont devoir se remettre sérieusement en question.