Le gardien de Thoune incarne l’ascension fulgurante de son équipe
Il n’y a pas si longtemps, Niklas Steffen se trouvait au pied du mur. Alors que son équipe, le Stade Lausanne Ouchy, célébrait en 2023 une montée sensationnelle en Super League à l’issue d'un barrage remporté contre Sion, son contrat de gardien remplaçant arrivait à échéance. «Ce n’était pas une situation facile», se souvient-il aujourd’hui. Il rejoint alors Rapperswil-Jona, en Promotion League, la troisième division.
Aujourd’hui, il garde la cage du FC Thoune en tant que titulaire, dans un club promu qui caracole de manière stupéfiante en tête de la Super League. Les concurrents observent avec étonnement comment les Bernois de l’Oberland bousculent le championnat – avec un gardien dont personne ou presque n’avait entendu parler avant cette saison.
«Nous savions que nous n’avions pas à nous cacher», affirme le portier de 24 ans. Toutefois, lui non plus ne s’attendait pas à ce que Thoune s’empare d’emblée du sommet après sa promotion. Mais:
Thoune pratique un football direct, sans concessions. Longs ballons, présence maximale dans la surface, exigence totale. «Chez nous, chacun sait exactement ce que sont le plan A, le plan B et même le plan C», explique Steffen. Une approche qui fonctionne non seulement en Challenge League, mais aussi dans l’élite.
Le classement de Super League
Le gardien y joue un rôle central. Pour sa première saison en Super League, Steffen – qui a joué l'entier des 16 matchs – s’est mué en un remarquable dernier rempart: il enregistre déjà quatre blanchissages, a réalisé 55 parades et n’a encaissé que 18 buts (le meilleur score avec Marwin Hitz, du FC Bâle).
Bâle, les incertitudes et le symbole
C'est depuis enfant que le Soleurois adore défendre les cages. «Mon grand frère tirait, et moi j’allais au but», raconte-t-il.
Son talent ne passe pas inaperçu: dès les moins de 15 ans, il joue au FC Bâle, où il vit à l’internat et obtient sa maturité. Aujourd’hui, en parallèle à sa carrière professionnelle, il étudie l’économie à distance, avec une spécialisation en management du sport, notamment aux côtés de la capitaine de l’équipe nationale féminine, Lia Wälti. «En janvier, je devrais avoir obtenu mon bachelor», anticipe Niklas Steffen.
L'évolution de celui qui n’avait pas reçu de nouveau contrat du Stade Lausanne Ouchy il y a deux ans et demi en tant que gardien remplaçant, symbolise parfaitement l’ascension thounoise. «Je voulais retrouver le plaisir de jouer des matchs », confie-t-il à propos de son choix de repartir de zéro en Promotion League, à Rapperswil. Steffen reprend alors confiance. Et Thoune le recrute.
Il profite d’abord d’une blessure de son concurrent, Nino Ziswiler, puis s’impose grâce à ses solides prestations. Les Bernois de l’Oberland montent en Super League avec lui dans les cages. Malgré cela, Niklas Steffen n’était pas certain de rester numéro un.
Le FC Thoune décide pourtant de lui maintenir sa confiance, et Steffen le lui rend par des performances impressionnantes. Plus personne, à Soleure comme au club, ne doute de sa capacité à évoluer au plus haut niveau.
Malgré ses excellentes prestations, son avenir reste incertain. Comme à l’époque au Stade Lausanne Ouchy, son contrat arrive à échéance en fin de saison. Le gardien se montre volontairement discret à ce sujet, mais affirme:
Thoune, le lieu des contes de fée
Thoune est un lieu où les contes peuvent devenir réalité. Cela s’est déjà vérifié il y a exactement vingt ans, lorsque les footballeurs de l'Oberland bernois avaient créé la sensation en Ligue des champions. Andres Gerber était capitaine, Mauro Lustrinelli buteur et Nelson Ferreira ailier virevoltant. Aujourd’hui, Gerber est président, Lustrinelli entraîneur et Ferreira assistant. Tous trois rappellent régulièrement à l’équipe tout ce qui est possible dans le football.
«Ils étaient là à l’époque. C’est évidemment incroyablement impressionnant lorsqu’ils racontent comment ils ont joué dans la plus prestigieuse des compétitions», s'émerveille Niklas Steffen.
A Thoune, rêver est permis, comme l’a récemment déclaré publiquement le président Andres Gerber. En interne, toutefois, personne ne parle de titre, affirme Steffen. La ligne reste la même:
Le gardien thounois ne rêve pas encore du titre. Mais quelque part, au fond de son esprit, il y a l’idée d’un exploit. «Nous savons que tout peut aller très vite dans le football». Niklas Steffen le sait mieux que quiconque.
Le gardien est déjà monté deux fois en Super League, mais il ne prend réellement son envol que maintenant. Et comme gardien titulaire du leader, c'est un sacré envol!
Adaptation en français: Yoann Graber
