Neymar a prolongé son contrat au PSG jusqu'en 2025 et il y en a beaucoup pour se demander s'il est bien raisonnable de continuer à chouchouter la star auriverde.
Neymar touchera 30 M€ nets par an avec son nouveau contrat. 💰
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L'artiste a rarement répondu aux attentes dans les grands matches, comme contre Lille cette saison, début avril.
Très attendu pour son retour au jeu, le Brésilien avait complètement raté son match, il avait été expulsé pour un mauvais geste envers un adversaire et son équipe avait perdu (1-0). Il aurait eu toutes les raisons de s'en vouloir, d'annuler tous ses rendez-vous et de ruminer sa colère au fond de son sweat à capuche, au lieu de quoi il s'était inscrit à un tournoi de poker en ligne.
Après son expulsion face à Lille, Neymar s'est refait au Poker dans la soirée, arrivant à la 6 ème place d'un tournoi.
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Le brésilien a remporté 1749€. pic.twitter.com/vni3NyZJci
Jouer aux cartes n'est évidemment interdit par aucun règlement, et l'attaquant a le droit d'occuper ses soirées comme il l'entend. Ce qui interpelle, c'est le contraste entre les deux visages que la star avait donné à voir le même jour: celui d'un footballeur incapable de maîtriser ses nerfs et de développer son jeu l'après-midi, et celui d'un as du poker, gardien de ses émotions et diablement efficace, le soir (il a terminé 6e sur 132 participants).
Cette métamorphose donnait le sentiment que Neymar choisit ses matches et ses combats. Une impression renforcée par un article de L'Equipe dans lequel on y apprenait que des joueurs du PSG soupçonnaient leur coéquipier d'avoir volontairement reçu un carton rouge contre Lille pour éviter de se coltiner les rugueux Strasbourgeois le week-end suivant.
Toute la question était de savoir si ce garçon aux pieds magiques avait encore la tête au football. Les dirigeants du PSG pensent que oui. Le nouveau contrat qu'ils lui offrent souligne le statut d'intouchable dont bénéficie le footballeur le mieux payé de France (trois millions bruts par mois), malgré un rendement en deçà des attentes. Car quand il n'est pas suspendu, l'attaquant auriverde est souvent blessé, moins à cause des charges d'entraînement qu'il s'inflige qu'en raison de ses mauvaises habitudes (parties de console en pleine nuit, fêtes et alcool) dépeintes dans plusieurs médias français.
Ses excès auraient fragilisé son organisme, selon un médecin qui s'est penché sur son cas dans Le Parisien, et qui prévient que le temps ne joue pas en faveur du footballeur. Or, ce que Neymar perd en vigueur au fil de ses anniversaires fêtés en grandes pompes, il ne le gagne pas en sagesse. A 29 ans, ses crises de nerfs sont récurrentes. Il en résulte une image d'enfant gâté. Or, les images ont de la valeur dans les affaires. Les dirigeants qataris du PSG le savent: s'ils ont engagé ces dernières années de grands noms comme David Beckham, Gianluigi Buffon, Kylian Mbappé ou Neymar, c'est pour faire du club français une institution tout à la fois chic, glamour et conquérante, ce que la devise du club («Rêvons plus grand») exprime mieux que mille mots.
Le problème, pour le joueur et par conséquent pour son équipe, c'est que Neymar souffre d'un dégât d'image toujours plus marqué. Sa prestation contre Lille a suscité des commentaires à peine teintés d'ironie, Rolland Courbis (entraîneur devenu consultant sur RMC) se demandant par exemple si le numéro 10 «réalisait qu'il n'était plus à la maternelle». La défiance est aussi palpable de longue date au Brésil, où l'éditorialiste Juca Kfouri a décelé chez l'idole clivante le syndrome de Peter Pan: «Il a refusé de grandir et s'est comporté comme un enfant gâté».
Certains voient le prodige autrement, soulignent sa personnalité attachante et ses qualités de footballeur, qui le situent parmi les trois ou cinq meilleurs du monde actuellement. C'est sans doute vrai, mais si Neymar est un magicien, c'est aussi malgré lui, parce que ses gestes d'humeur et ses simulations font instantanément disparaître le souvenir de ses actions et de ses buts enchanteurs.
Or, il se trouve peu de personnes, autour de lui, pour le confronter à ses caprices et l'accompagner vers une meilleure gouvernance de lui-même. Au terme du match contre Lille, ni son entraîneur, ni ses coéquipiers ne se sont permis la moindre remarque sur le craquage du Brésilien. In fine, la volonté de proximité et l'adaptation constante dont font preuve les Parisiens (joueurs et encadrement technique) à l'égard de leur joyau participe aussi au sentiment d'impunité dont ce dernier jouit.
Il leur faudrait renier des années de connivences pour expliquer au footballeur recruté 222 millions d'euros, pour lequel Paris a illuminé sa Tour Eiffel et accordé tous les privilèges, que ses performances et son comportement ne répondent plus aux attentes.