Inquiets d'un cyclisme «à deux vitesses» et des écarts entre les grosses écuries du peloton et les autres, plusieurs voix se sont positionnées depuis 2012 en faveur d'un salary cap. C'est encore le combat de Marc Madiot, le manager de la Groupama-FDJ, qui estime que son équipe est «7e au classement UCI en 2023 et 1re derrière les milliardaires et les émirs». Le patron français craint de ne plus pouvoir régater face à «des armadas soutenues par un mécène ou un Etat comme UAE Emirates où Pogacar, le cycliste le mieux payé de la planète, émarge à sept millions d’euros par an», rappelle Sud-Ouest.
Mais Marc Madiot est de plus en plus seul dans son combat. Il apparaît en effet que de nombreux acteurs du cyclisme rejettent désormais l'idée d'un plafond salarial. «Bien sûr, si on veut rendre le sport plus attractif, il faut mieux répartir les meilleurs coureurs mondiaux, éviter les concentrations», admettait récemment Iwan Spekenbrink (manager du Team dsm-firmenich PostNL) dans Le Temps. Mais le journal rappelait aussi qu'un salary cap pourrait nuire aux négociations avec les actuels et futurs investisseurs: sponsors des épreuves et des équipes, plateformes de diffusions télé…
Ce sujet hautement sensible est revenu sur la table cette semaine après les déclarations d'un certain Alex Carera. Vous n'avez peut-être jamais entendu son nom, mais «il est considéré comme l'agent le plus influent dans le monde du vélo», soulignait Cyclism'Actu en décembre dernier. Il est notamment l'agent de Tadej Pogacar, le meilleur coureur du monde, et Jasper Philipsen, le récent vainqueur de Milan-San Remo.
L'agent italien de 48 ans, directeur de l'agence A&J All Sports, a publié un message sur Instagram mardi avec ces quelques mots en guise de préambule:
Le célèbre agent explique ensuite pourquoi il rejette cette proposition. «Dans tous les sports, les meilleurs doivent gagner, commence-t-il. Si les meilleurs managers sont capables de trouver plus de ressources économiques, il est normal que leurs équipes soient plus performantes que les autres.»
Or selon le Transalpin, «il est plus juste d'investir dans l'entraînement, la nutrition et le matériel pour rapprocher ces athlètes plutôt que de leur ajouter du "poids" sur le dos.»
Alex Carera ajoute qu'au cours des 12 derniers mois, «de grandes marques telles que Lidl, Red bull, Decathlon, Tudor ont choisi le vélo, ce qui a profité à l'ensemble du cyclisme. L'espoir est que d'autres marques puissent suivre ce processus pour rendre le sport plus intéressant et lui conférer une valeur plus globale.»
Le post publié par Carera a été liké par un certain... Tadej Pogacar, mais il a aussi suscité l'ironie de certains internautes. «Un agent sportif qui ne veut pas de plafond salarial, quelle surprise!» L'Italien a pris le temps de répondre, en expliquant qu'il ne s'agissait pas de lui dans cette histoire. «Le débat est ailleurs.» Il n'a pas fini d'agiter le peloton.