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Tour de France: Astana s’est plié en quatre pour Mark Cavendish

epa11445426 British rider Mark Cavendish of Astana Qazaqstan Team crosses the finish line at the end of the first stage of the 2024 Tour de France cycling race over 206km from Florence to Rimini, Ital ...
Keystone

Astana a mis Cavendish dans les meilleures dispositions

La formation kazakhe est attendue ce lundi à l'occasion de la première étape de plaine du Tour de France, cochée par le sprinteur Mark Cavendish, 39 ans, qu'elle soutient plus que jamais dans sa quête. Si le Britannique s'impose, il deviendra le recordman du nombre de victoires d'étapes sur la Grande Boucle.
01.07.2024, 06:0321.07.2024, 15:28
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C'est le grand jour pour l'équipe Astana Qazaqstan et l'inusable Mark Cavendish. Car à Turin ce lundi, un sprint massif est attendu en conclusion de la troisième étape du Tour de France. Le Britannique se voit ainsi offrir une première opportunité cette année de marquer l'histoire de l'épreuve et de son sport. Il peut en effet devenir recordman du nombre de victoires d'étapes sur la Grande Boucle. Un succès et il dépasserait les 34 unités du grand Eddy Merckx.

Mais le voir lever les bras à quelques encablures du Stade olympique de Turin semble à première vue compliqué. Mark Cavendish, 39 ans, a logiquement perdu de sa superbe. Sa vitesse de pointe est retombée. Il n'est plus ce géant du sprint qui terrassait ses adversaires. A l'arrivée au Corso Galileo Ferraris, il devra composer avec un plateau relevé et des coureurs tous plus jeunes, qui ont le couteau entre les dents.

Jasper Philipsen, Arnaud De Lie, Phil Bauhaus, Mads Pedersen, Sam Bennett, Dylan Groenewegen ou encore Fabio Jakobsen veulent déjà assommer la concurrence et montrer qu'ils sont les plus forts sur ce Tour. Pour Cavendish, il s'agira surtout d'être placé et de savoir s'il est dans le rythme. C'est un rendez-vous pour la confiance. Un résultat honorable lui montrerait la voie, lui qui a tout dédié dans l'espoir de signer un dernier succès d'étape, mais qui s'est aligné sur ce Tour de France sans véritables certitudes.

A Turin, The Man of Man peut se donner les moyens d'y croire. Comme l'an passé, lorsqu'après deux Top 6, il avait piégé ses adversaires place des Quinconces à Bordeaux. Il les devançait tous à l'exception de Jasper Philipsen, seul homme capable de le sauter sur la ligne.

La suite des événements avait été tragique pour le Britannique. Une chute au lendemain de son exploit le contraignait à l'abandon. Il faisait alors ses adieux au Tour de France, les larmes aux yeux, après avoir annoncé que la saison 2023 était sa dernière. Les suiveurs, amers, ne cachaient pas une certaine tristesse.

FILE - Britain's Mark Cavendish grimaces in pain as he receives medical assistance after crashing during the eighth stage of the Tour de France cycling race over 201 kilometers (125 miles) with s ...
Les photographes attroupés devant Mark Cavendish après sa chute sur la 8e étape du Tour de France 2023 ne s'y trompaient pas. Ils capturaient, avec l'abandon du coureur, un instant mémorable.image: Keystone

Mais Mark Cavendish ne voulait pas que l'histoire se termine ainsi. Il a rapidement rempilé pour une saison, au grand bonheur de sa formation qui, pour continuer à exister, n'avait pas d'autres choix que de miser sur lui. Le sprinteur de l'île de Man s'est imposé de nouveaux sacrifices, dans l'espoir de faire mieux que l'an passé. Il revient défier Eddy Merckx.

Le «projet 35» a muri et Astana a tout fait pour mettre le coureur dans les meilleures dispositions. Mark Renshaw, fidèle poisson pilote du Cav, est devenu le directeur sportif de la formation kazakhe, après une pige en tant que consultant lors du dernier Tour de France. Cavendish a également retrouvé Vasilis Anastopoulos, l'entraîneur qui le suivait lorsqu'il portait avec succès les couleurs de l'équipe Deceuninck-Quick Step. Il est aujourd'hui mieux épaulé, pas seulement au niveau de l'encadrement. En course, Mark Cavendish n'aura plus à se battre pour prendre la roue de Philipsen. Son train est l'un des plus impressionnants. Cees Bol, le seul à ses côtés l'an passé, est désormais accompagné de Michael Mørkøv et Davide Ballerini.

Ces deux-là entouraient déjà Mark Cavendish en 2021, année où il signa quatre victoires d'étapes sur le Tour de France, à 36 ans et alors que tout le monde le croyait perdu pour le cyclisme quelques mois auparavant.
Mark Cavendish a reçu une belle ovation du public
Mark Cavendish a reçu jeudi une immense ovation lors de la présentation des coureurs à Florence.image: Keystone

Le Manx Express peut également compter sur Yevgeniy Fedorov - excellent rouleur - pour mener la poursuite à l'avant du peloton et revenir sur les fuyards le cas échéant. Sa formation est en fait à son entière disposition. Cela a été confirmé samedi lorsqu'il a été lâché et que ses équipiers l'ont attendu. Astana ne ressemble plus à cette équipe qui a si longtemps joué le classement général. Elle s'est spécialisée dans le sprint pour un homme, il est vrai particulier, qui lorsqu'il commence à lever les bras devient intraitable. Il serait néanmoins temps de gagner, car la formation d'Alexandre Vinokourov est en perdition au classement UCI. Elle pourrait à l'avenir quitter le World Tour. Reste à savoir si le Cav est en jambes et est capable d'en claquer une. Son année 2024 est pour l'heure contrastée.

L'homme de l'île de Man a gagné dès sa course de reprise, en Colombie, puis trois mois plus tard sur le Tour de Hongrie. Le plateau n'était certes pas comparable à celui du Tour de France, mais Cavendish a néanmoins battu Fernando Gaviria et Dylan Groenewegen à la pédale, prouvant qu'il pouvait encore être puissant dans les sprints. Les inquiétudes concernent davantage sa préparation. Cavendish a longtemps été en méforme entre ces deux courses. Il a flirté avec la maladie et a multiplié les abandons. «C'est une saison faite de hauts et de bas», résume Anastopoulos auprès de Rouleur.

Mark Cavendish assure néanmoins être «prêt». Il n'a jamais pesé sur le Tour de Suisse début juin, mais l'épreuve helvétique lui a permis de se rassurer, alors qu'il sortait d'un stage de deux semaines en altitude. Le sprinteur d'Astana a tenu le gruppetto en montagne. La condition était là. Il semblait apte à franchir les cols du Tour de France sans approcher dangereusement les délais, et donc prêt à participer à toutes les arrivées massives.

Or Cavendish a vécu un calvaire lors de la première étape entre Florence et Rimini samedi. Coup de chaud ou maladie, il a vomi sur son vélo et été irrémédiablement lâché dès la première des sept ascensions du jour.

Tout ceci ne présage rien de bon, d'autant que cette année, les sprinteurs ont intérêt à être en forme en début d'épreuve. Leur Tour de France s'achèvera dès le mardi de la troisième semaine - la mythique arrivée des Champs-Elysées ayant laissé place à un contre-la-montre entre Monaco et Nice. Le Britannique ne peut donc pas reproduire le coup du Giro 2023, lorsque sa seule et unique victoire avait été acquise le dernier jour à Rome.

Il est d'autant plus important d'être en pleine capacité de ses moyens que les opportunités pour les sprinteurs seront peu nombreuses en 2024. Il y a certes huit étapes de plaine, mais toutes ne se concluront pas au sprint. On ne craint pas la roublardise des échappées. Leurs chances sont devenues infimes sur le Tour lorsque le terrain est plat. Le tracé entre Semur-en-Auxois et Colombey-les-deux-églises est toutefois bien trop casse-pattes pour permettre à Mark Cavendish de s'illustrer lors d'un sprint massif. La 13e étape reliant Agen à Pau présente également un final escarpé, propice à une course de mouvement.

Il faut être réaliste. Mark Cavendish a peu de chances d'atteindre l'objectif qu'il s'est fixé. Mais il convient de ne pas l'enterrer, car il a dûment préparé son affaire et a trop souvent surpris ces dernières années, alors que plus personne ne l'attendait. Cavendish est un casse-cou qui, à 39 ans, ose encore frotter dans l'emballage. Il dispose toujours en lui de cette flamme prête à se rallumer lorsqu'il perçoit celle du dernier kilomètre. Il peut aussi compter sur son expérience, sa science du placement et l'absence de Tim Merlier, indiscutablement le meilleur sprinteur de la saison 2024. Les arrivées massives ont également une part d'incertitude. Une vague, une chute, un problème technique ou même des abandons et le Cav pourrait saisir sa chance. Le vent peut enfin être son allié.

Le Tour revient à Saint-Amand-Montrond. C'est là qu'en 2013, Mark Cavendish avait réglé un groupe d'une quinzaine de coureurs, extirpé du peloton à la suite d'une bordure.
Mark Cavendish à Saint-Amand-Montrond
Mark Cavendish, vainqueur il y a 13 ans déjà, à Saint-Amand-Montrond. Image: keystone

Jusqu'à son dernier coup de pédale, l'ancien bad boy du cyclisme mondial sera à surveiller. A moins que ce ne soit le coeur qui parle, tant Sir Mark Cavendish est un coureur apprécié, a dévoilé ses émotions et en a procurées d'innombrables à tous les suiveurs. Le peloton tout entier souhaite désormais qu'il signe une 35e victoire d'étape sur les routes du Tour de France. Elle serait à coup sûr légendaire. Astana aurait alors eu raison de lui accorder toute sa confiance.

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