Imbroglio sur la question russe à la Fédération des échecs
La question de la réhabilitation des athlètes russes et biélorusses sur la scène sportive internationale est un sujet sensible et délicat. Dès lors, lorsque le protocole de réintégration connaît des défaillances, la polémique n’est jamais très loin. C’est précisément ce qu’il s’est produit dimanche, à l’occasion de l’assemblée générale en ligne de la Fédération internationale des échecs (FIDE).
Dans un premier temps, la résolution de la Fédération russe des échecs visant à lever l’ensemble des restrictions en vigueur a été adoptée à l’issue d’un vote serré: 61 voix pour, 51 voix contre et 14 abstentions.
Plus tard, une proposition présentée par le Conseil de la FIDE a également été approuvée, avec 69 voix pour et 40 contre. Il s’agit d’un texte relativement similaire, favorable au retour des joueurs russes, mais maintenant toutefois certaines restrictions, comme l’impossibilité d’utiliser le drapeau ou l’hymne national dans les catégories seniors.
Deux approbations, des contradictions: la situation a rapidement semé la confusion. Et après de longues minutes de réflexion, il est apparu qu’un nouveau vote devait être organisé pour trancher entre les deux propositions, mais seulement une fois les questions juridiques totalement éclaircies.
Finalement, alors que les heures passaient, que les délégations asiatiques soulignaient qu’il était déjà plus de minuit chez elles et que certaines fédérations nationales menaçaient de s'abstenir en cas de nouveau scrutin, le président de la Fédération internationale des échecs et ancien vice-Premier ministre russe, Arkadi Dvorkovitch, a proposé de ne pas procéder au vote.
«Nous avons eu deux votes. Les deux étaient valables. Le conseil va désormais s’adresser au Comité international olympique (CIO) pour trouver une solution concernant les compétitions spécifiques», a-t-il déclaré, selon le portail World Chess. Pour rappel, le CIO recommande depuis jeudi dernier aux fédérations internationales (FI) de laisser les juniors russes afficher leur identité. En revanche, les rares athlètes élites présents cet hiver aux Jeux de Milan-Cortina continueront de concourir sous bannière neutre.
En attendant de savoir si la FIDE se conformera aux recommandations du Comité international olympique ou suivra l’exemple de la Fédération internationale de judo (IJF), première à autoriser, fin novembre, les athlètes russes à concourir sous les couleurs de leur pays, la Fédération internationale des échecs a précisé dans un communiqué que les éléments communs aux deux résolutions étaient d’ores et déjà actés. Cela concerne l’admission des équipes de Russie et de Biélorussie aux tournois officiels, la levée des restrictions sur l’organisation d’événements en Biélorussie et l’autorisation d’utiliser pleinement les symboles nationaux dans les compétitions juniors.
Cette gestion approximative du dossier a immédiatement fait réagir les fédérations nationales opposées au retour des échéquistes russes. «Même la résolution la plus populaire n’a recueilli que 69 voix sur près de 200 Etats membres, et l’ensemble du processus donne l’impression d’un véritable chaos, très insatisfaisant. Je doute de sa constitutionnalité», a ainsi déclaré Malcolm Pein, délégué de la Fédération anglaise des échecs. En Norvège, pays de Magnus Carlsen, la situation est également qualifiée de «farce», rapporte la NRK.
En outre, la validité des deux votes est parfois contestée, ceux-ci ayant été réalisés à bulletin secret après un vote préliminaire initié par la Fédération russe. Or les statuts de la FIDE stipulent que les votes doivent être publics, sauf si une majorité de 75% autorise un scrutin secret, ce qui n’a visiblement pas été le cas. Enfin, il est reproché à l’instance d’avoir présenté avant le vote un avis juridique prétendument indépendant, favorable à la réintégration des joueurs russes. Toutefois, la FIDE n’a pas précisé que son auteur, l’avocat suisse Claude Ramoni, représente le Comité olympique russe dans ses requêtes devant le Tribunal arbitral du sport (TAS).
Finalement, l’assemblée générale de la Fédération internationale des échecs a donné l’impression que rien n’avait fonctionné comme prévu.
