Davos fait rayonner le ski de fond mais a un gros défaut
En Suisse, parler de ski de fond, c’est immédiatement penser à Davos. Depuis plus d'un demi-siècle, les compétitions disputées sur la piste de la Flüela font partie du cercle très fermé de la Coupe du monde. En matière de tradition, l’événement grison n'est devancé que par le mythique Holmenkollen d’Oslo.
Et même si les courses n’ont plus tout à fait le rayonnement de l’ère Dario Cologna, elles continuent d’attirer des milliers de passionnés de ski nordique dans le stade de la Bünda. Ceux-ci assistent régulièrement à des exploits suisses. Cette année encore, deux héros locaux se sont invités au sommet mondial lors du sprint par équipes (et ce malgré l’absence des deux meilleurs sprinteurs helvétiques, Valerio Grond, malade, et Nadine Fähndrich, préservée).
Âgé de 22 ans, Noe Näff a confirmé son statut de talent hors norme vendredi. D’une solidité remarquable, il a tenu tête aux meilleurs mondiaux lors de ses trois relais. L’Obwaldien Riebli a parachevé ce travail de grande qualité pour franchir la ligne d’arrivée à la quatrième place, seulement devancé par les grandes nations que sont la Norvège, l’Italie et la Suède.
Peut-être qu'un nouveau temps fort du ski de fond suisse suivra dès samedi, grâce à Nadine Fähndrich. Mais aussi nombreuses et positives que soient les histoires écrites par l’étape de Coupe du monde de Davos, la station demeure en marge des projets olympiques suisses pour 2038, comme de toute perspective d’accueillir un jour des Championnats du monde de ski nordique.
En fait, Davos se retrouve dans la même situation que les trois autres sites suisses de Coupe du monde de ces dernières années: St-Moritz, Lenzerheide et Obergoms.
La raison est simple: aucune de ces destinations ne dispose d’un tremplin de saut à ski. À St-Moritz, les projets de renaissance de l’ancien tremplin olympique ont fait long feu. Les responsables de la candidature suisse pour les Jeux d’hiver 2038 misent donc actuellement tout sur Engelberg. Et aucun plan B n’est envisagé.
La station au pied du Titlis doit toutefois encore franchir plusieurs étapes majeures avant de pouvoir nourrir de réelles ambitions olympiques. À Engelberg, il n’existe aujourd’hui qu’un grand tremplin, sur lequel l'élite mondiale du saut à ski se retrouvera dans une semaine. La construction d’un second tremplin, plus petit, est loin d’être une simple formalité administrative.
Mais le ski de fond représente lui aussi un véritable casse-tête à Engelberg. La station n’a encore jamais accueilli d’épreuve de Coupe du monde et la piste existante ne répond en rien aux standards exigés pour des Championnats du monde ou des Jeux olympiques. L’espace disponible dans l’étroite cuvette de la vallée est très limité. Il faudrait concevoir des parcours entièrement nouveaux pour les fondeurs, soit en les intégrant au versant en direction du Titlis, soit en les aménageant sur le plateau de la Gerschnialp.
Si la Suisse obtenait, dans seize mois, l’attribution des Jeux olympiques d’hiver 2038 par le CIO, un important travail de réflexion attendrait les spécialistes du ski nordique helvétique. Quant à une première organisation de Championnats du monde de ski nordique en Suisse, l’idée demeure pour l’instant au stade de projet chez Swiss-Ski. Et pour qu’une candidature crédible puisse voir le jour à l’horizon de cinq ans, l’impulsion et le rayonnement d’un projet olympique apparaissent presque indispensables.
