Si elle avait écouté les conseils de certains docteurs, Hannah Hampton ne serait pas en Suisse ces jours. Ou alors peut-être seulement comme touriste, mais en tout cas pas avec le maillot de l'équipe d'Angleterre à l'Euro.
«Un médecin m'a dit que je ne pourrais jamais faire de sport, que je ne pourrais pas exercer certains métiers, que je ne serais pas pilote, que je ne serais pas chirurgienne, mais j'ai toujours voulu faire du sport, alors j'ai continué», racontait la gardienne des Lionesses (24 ans) à Sky Sports en 2021. Pourtant, l'avis de l'homme en blouse blanche ne semblait pas dénué de sens: enfant, Hannah Hampton souffrait d'un strabisme sévère.
Aujourd'hui encore, après plusieurs opérations des yeux, la gardienne de l'Angleterre n'a pas une vue optimale. «Je n'ai aucune perception de la profondeur, donc je ne peux pas juger les distances», a-t-elle expliqué à la BBC. Ce handicap est perceptible dans sa vie de tous les jours: elle est incapable de se verser un verre d'eau si elle ne tient pas elle-même le verre.
Or, l'évaluation des distances est primordiale pour une footballeuse, y compris une gardienne (qui doit lire les trajectoires du ballon, analyser la course des adversaires ou encore relancer sur ses coéquipières). La native de Birmingham s'étonne elle-même de sa situation:
En fait, oui. Dans son cas, jouer à ce poste a même beaucoup de sens. Avoir réussi une telle carrière avec ce handicap, c'est une immense victoire pour Hannah Hampton. D'abord contre toutes les personnes qui lui ont fait croire que devenir footballeuse serait impossible. Ensuite, sur elle-même, car son chemin vers le professionnalisme était plein d'obstacles.
L'Anglaise a été placée entre les poteaux à l'âge de dix ans, au centre de formation de Stoke, «par hasard», pour remplacer une gardienne blessée. Et rien n'a été facile, comme elle s'en souvient dans des propos repris par Franceinfo:
A force d'abnégation et de travail, Hannah Hampton est arrivée là où elle est aujourd'hui: gardienne titulaire de son pays dans un grand tournoi (son premier, après le départ à la retraite Mary Earps) et du prestigieux club de Chelsea, champion d'Angleterre. Dès la saison à venir, elle y sera d'ailleurs en concurrence avec la Suissesse Livia Peng.
Avec du recul, la gardienne des Lionesses est convaincue que son handicap a été une force pour forger son mental. Elle espère «être une inspiration» pour toutes les personnes qui ont un rêve. Un objectif qu'elle a assurément déjà atteint, et ce peu importe les résultats de l'Angleterre – battue par la France (1-2), elle défie les Pays-Bas ce mercredi (18h00) – dans cet Euro.