2854 personnes ont assisté lundi à la victoire 3-2 de Xamax face au Stade Nyonnais. C'est la première fois cette saison que la barre des 3000 spectateurs n'a pas été atteinte à la Maladière. Rien de plus logique pour une opposition programmée en début de semaine. Or il s'agissait d'un derby romand et ce match a permis aux Neuchâtelois de s'emparer temporairement du fauteuil de leader de Challenge League. Une rencontre importante, en résumé.
Les travées parsemées n'ont heureusement eu aucune conséquence sur le rythme de la partie. Xamax est revenu au score par deux fois et les Stadistes ont cru arracher le point du match nul dans les derniers instants. Une soirée démente, toutefois pas au goût des Nyonnais, et pas seulement parce qu'ils sont repartis bredouilles de Neuchâtel. Les rares supporters présents à la Maladière ont regretté le fait de devoir se déplacer en semaine. Dans un parcage visiteur quasi vide, ils ont déployé une large banderole sur laquelle était écrit un slogan vu et revu ces dernières semaines en France:
Hasard du calendrier, cet étendard a fait suite à la publication le même jour du programme de Super League pour les journées 12 à 22. La Swiss Football League (SFL) a détaillé les horaires de ses rencontres et elle a provoqué la colère chez certains supporters du Servette FC. Ces derniers ont appris qu'ils devront se rendre à Sion en février prochain un mardi. Une façon de minimiser l'importance de ce derby, pourtant l'une des plus grandes rivalités du championnat de Suisse.
Si les matchs de Super League hors week-end restent des exceptions – seules deux journées ont été programmées du mardi au jeudi à ce jour cette saison – et sont presque imposés par le calendrier, la Challenge League, elle, fait la part belle aux parties programmées le vendredi, afin de ne pas entrer en concurrence avec les rencontres de première division, en Suisse et en Europe. Il s'agit aussi de répondre aux besoins de blue Sport, diffuseur d'un match par journée sur son canal gratuit.
Cette grogne au sujet des matchs en semaine n'est pas nouvelle dans le milieu du football. Or elle est particulièrement importante en France depuis le début de la saison. Les mouvements de protestation sont réguliers dans les enceintes de Ligue 2 – une division où les rencontres sont principalement disputées le vendredi et le lundi en cet exercice 2024/2025. Les banderoles «Le foot, c'est le week-end» ont donc fleuri dans l'Hexagone.
Or à force de contestation, la Ligue professionnelle de football français (LFP), les clubs, le diffuseur beIN Sports, Foot Unis et l’Association nationale des supporters (ANS) se sont réunis mi-septembre et ont acté la programmation d'une deuxième partie le samedi, à partir de ce week-end. Outre le derby Red Star-Paris FC à 14h, il y aura donc une opposition entre Troyes et Metz ce samedi à 20h.
Ces nombreux matchs en semaine – y compris le vendredi – donnent du fil à retordre aux supporters les plus assidus. «Pour la diaspora corse, principalement installée en région parisienne, il faudrait partir à midi en comptant les embouteillages, pour suivre l'équipe en déplacement le vendredi. Quand je fais le tour des supporters potentiels, on me dit "Non, je travaille", "Je dois faire garder le petit" ou "Je ne peux pas poser ma journée"», a déploré auprès d'Eurosport le président d'un groupe de supporters continentaux de l'AC Ajaccio, de retour d'un voyage périlleux à Laval alors qu'il vit à Montluçon.
Nyon-Neuchâtel et Genève-Sion sont des déplacements certes plus accessibles que Lorient-Martigues ou Dunkerque-Bastia. Or ils n'en restent pas moins contraignants et nécessitent une certaine organisation vis-à-vis des transports, du travail ou encore de la vie de famille. «Il faudra s'organiser», assure un supporter Grenat. Les aléas du calendrier ne l'empêcheront pas de se rendre à Tourbillon l'hiver prochain.