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Coupe suisse: comment les pros préparent un match déséquilibré

Peter Zeidler (Lausanne, à gauche) et Didier Tholot (Sion) affrontent tous deux des équipes de ligues inférieures ce week-end.
Peter Zeidler (Lausanne, à gauche) et Didier Tholot (Sion) affrontent tous deux des équipes de ligues inférieures ce week-end. image: keystone/watson

Les coachs des équipes pros ont un défi inhabituel en Coupe de Suisse

Les 32e de finale ont lieu ce week-end, avec des affiches très déséquilibrées. Celles-ci sont toujours particulières à préparer pour les entraîneurs de Super League.
15.08.2025, 18:1715.08.2025, 18:17

Les 32e de finale de la Coupe de Suisse offrent chaque année des affiches très déséquilibrées. Ce week-end par exemple, le FC Sion se déplace sur la pelouse du FC Ajoie-Monterri (5e division nationale) et l'actuel leader de Super League, Saint-Gall, ira défier Walenstadt (7e division).

Plus que l'enjeu, souvent inexistant à cause du trop grand écart, ces affiches sont surtout l'occasion d'une grande fête au village pour ces petites équipes qui reçoivent les grosses écuries du pays. Pour celles-ci, ces matchs sont aussi un voyage dans l'inconnu. Car elles affrontent des adversaires qu'elles ne connaissent absolument pas, du fait de l'inexistence de confrontations antérieures et de l'absence de médiatisation de ces ligues inférieures.

Didier Tholot, entraineur du FC Sion, lors d'un camp d'entrainement du FC Sion avant la nouvelle saison de Super League de football le lundi 23 juin 2025, au Stade du Christ Roi a Lens, en V ...
Didier Tholot et le FC Sion s'en vont défier Ajoie-Monterri ce vendredi (20h00). Image: KEYSTONE

Aujourd'hui, avec la professionnalisation extrême dans la préparation des matchs, cette situation est inhabituelle pour les clubs pros. Mais il est hors de question pour eux de négliger la préparation au prétexte que l'adversaire est nettement plus faible sur le papier. «Il faut presque faire tout le contraire en étant encore plus rigoureux que lors de la préparation de matchs habituels», recadre d'emblée Bernard Challandes. L'ancien entraîneur de Sion, Xamax ou encore Zurich insiste:

«Il faut soigner tous les détails. C'est une manière de faire passer un message aux joueurs. On doit absolument éviter de donner à l’équipe le sentiment que le match va être facile.»

Toutes les équipes pros partagent la hantise d'être la victime de la (mauvaise) surprise de la Coupe, à savoir être éliminée par un «petit». Alors elles font tout, dans leur préparation, pour éviter ce camouflet.

Espionnage et entraînements délocalisés

Les coachs envoient leurs adjoints ou analystes vidéo observer un match de leur adversaire, histoire de se faire une idée du jeu, de la tactique ou des joueurs clés de celui-ci. «Dès que je le pouvais, j'allais moi-même voir jouer notre futur adversaire», rembobine Bernard Challandes. Le technicien en profitait pour se faire une image précise de l'équipe. Mais pas que. «C'est aussi l'occasion de découvrir le stade, son ambiance et les dimensions du terrain», explique le Neuchâtelois.

L'entraineur thounois Bernard Challandes lors de la rencontre de football de Super League entre le FC Lausanne-Sport, LS, et FC Thun, ce samedi 17 novembre 2012 au stade Olympique de la Pontaise  ...
Bernard Challandes ne laissait rien au hasard dans la préparation des matchs, même face aux équipes de niveau inférieur. Image: KEYSTONE

Ses observations lui ont permis d'adapter les entraînements avant le match.

«Au FC Sion, on a affronté une deuxième ligue tessinoise qui avait un terrain particulièrement petit. Alors, durant la semaine, on a délocalisé nos entraînements sur la pelouse de Chamoson pour pouvoir s'adapter à ces conditions.»
Bernard Challandes

Mais parfois, il est très compliqué, voire impossible, d'aller «espionner» son petit adversaire lors d'un match. C'est le cas pour ces 32e de finale de Coupe suisse, car certaines équipes amateures n'ont pas encore commencé leur championnat.

Il arrive aussi que certains déplacements demandent trop de temps et d'énergie. «Quand j'entraînais Lugano, je n'étais par exemple pas allé voir jouer Monthey en Valais, car c'était trop loin», se souvient Maurizio Jacobacci. Mais l'actuel coach du FC Langenthal (1ère ligue) avait des solutions alternatives:

«On peut par exemple téléphoner à un entraîneur qui a joué en championnat face à cette équipe, pour récolter des informations. Ça m'est aussi arrivé d'appeler des connaissances qui habitaient la région de l'adversaire pour leur demander d'aller voir un match et de me faire un rapport.»
Maurizio Jacobacci
27.02.2023, Bayern, München: Maurizio Jacobacci, neuer TSV 1860-Trainer, nimmt am ersten Mannschaftstraining des 3. Ligisten auf dem Vereinsgelände teil. Foto: Peter Kneffel/dpa +++ dpa-Bildfunk +++ ( ...
Maurizio Jacobacci, ici en 2023 lors de son passage à Munich 1860, appelle parfois des connaissances pour obtenir des infos sur l'adversaire. Image: keystone

Et puis, grâce à la technologie, les techniciens bénéficient désormais d'un moyen qu'ils n'avaient pas il y a encore quelques années. «Aujourd'hui, on peut regarder tous les matchs jusqu'à la 1ère ligue incluse sur des plateformes de streaming», fait remarquer Maurizio Jacobacci. De quoi permettre aux équipes pros de préparer des analyses vidéo complètes de leurs adversaires amateurs.

Archives TV, psychologie et essais à l'entraînement

Pour un coach, mettre en condition ses joueurs passe aussi par les mots. La communication et la dimension psychologique sont en effet devenues des piliers indispensables de la performance. Et là aussi, les entraîneurs doivent s'adapter au contexte particulier de la Coupe.

«Là encore, j'insistais sur la nécessité de ne pas prendre ce match à la légère», rejoue Bernard Challandes. Dans ce même but, il a aussi utilisé un moyen original:

«Ça m'est arrivé de montrer à mes joueurs, à la TV, des images d'archives où il y avait eu des surprises en Coupe de Suisse»

Histoire de les rendre bien attentifs au danger que peuvent représenter les petites équipes et éviter ainsi les effets néfastes d'un excès de confiance.

Pour les arbitres aussi, la Coupe est particulière👇

Quand il entraînait Sion ou Lugano, Maurizio Jacobacci jouait lui aussi la carte de la prudence dans le vestiaire.

«Mon discours était bref, mais je faisais comprendre aux joueurs qu’on ne voulait pas être la mauvaise surprise de la Coupe. Perdre contre des amateurs, ça donne une mauvaise image. Je leur demandais d'essayer de marquer le plus rapidement possible, histoire de se mettre à l'abri.»

La stratégie est différente chez Marco Schällibaum. «Malgré tout le respect qu'on leur doit, face aux formations de 2e ligue ou plus bas, je ne peux pas dire à des joueurs de Super League de faire attention ou d'avoir peur», clarifie l'ex-coach d'Yverdon et GC, entre autres. Le Zurichois tente de toucher une autre fibre chez ses protégés:

«Dans ce genre de matchs, je leur dis que la Coupe est une fête et qu'ils doivent se faire plaisir. Et ça passe par essayer de marquer le plus de buts possible»
Marco Schällibaum

Confiant quant à la supériorité de son équipe, Marco Schällibaum accorde moins d'importance durant la semaine à l'analyse de ce «petit» adversaire qu'il ne le ferait face à une équipe de force égale (ou supérieure). Il préfère se focaliser sur sa propre équipe: «A l'entraînement, on tente de nouvelles choses, par exemple jouer plus offensivement. On modifie aussi la composition, pour donner du temps de jeu aux remplaçants».

L'entraineur Marco Schaellibaum (GC) lors de la rencontre de football de Swiss Super League entre le FC Lausanne-Sport, LS, et le Grasshopper Club Zuerich, GC, ce samedi 26 octobre 2024 au stade  ...
Face aux petites équipes, Marco Schällibaum (ici sur le banc de GC, qu'il a entraîné jusqu'en novembre 2024) préfère se focaliser sur les forces de ses joueurs. Image: KEYSTONE

«Dans ces confrontations déséquilibrées, l'issue dépend surtout de la mentalité de la meilleure équipe. Si elle est bonne, il n'y a en principe aucun problème pour se qualifier», conclut Maurizio Jacobacci.

Reste donc aux coachs de Super League à trouver les bons ressorts ce week-end pour conditionner leurs joueurs. Histoire que ceux-ci évitent le camouflet et puissent ainsi, eux aussi, profiter de cette belle fête populaire.

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