Vous voulez aller voir le Mondial en Amérique? Mauvaise nouvelle
Il reste encore huit mois avant que la Coupe du monde 2026 (11 juin au 19 juillet) ne s’ouvre au stade Azteca de Mexico. Vingt-huit des quarante-huit participants sont déjà qualifiés pour la phase finale, la Suisse n’en fait (pour l’instant) pas partie. Le tirage au sort des groupes aura lieu le 5 décembre, les rencontres ne seront donc fixées qu’à ce moment-là.
Malgré cela, les amateurs de football peuvent déjà se procurer des billets pour les 104 matchs. L’inscription pour la deuxième phase de vente débute lundi. La bonne nouvelle: alors que la première phase était réservée aux détenteurs d’une carte Visa – sponsor de la Fifa – la seconde est désormais ouverte à tous les fans. La mauvaise: les billets sont incroyablement chers.
Contrairement aux précédentes Coupes du monde, la Fifa n’a pas publié de grille tarifaire fixe pour l’édition 2026. La raison? L’introduction du «ticketing dynamique». En résumé: plus une affiche est convoitée, plus le prix des billets augmente. A l’inverse, si l’intérêt du public est limité – comme pour la Coupe du monde des clubs organisée cet été aux États-Unis –, les prix peuvent baisser.
Jusqu'à 641 francs le match de poule
En l’absence de liste officielle, il est difficile de connaître les tarifs exacts. Selon les informations de supporters ayant pu acheter des billets lors de la première phase, The Athletic a établi une grille provisoire. Provisoire, oui, car les prix risquent d’augmenter encore lors des prochaines phases de vente.
Les billets les moins chers concernent les matchs de poule. Ils sont proposés à partir de 60 dollars (48 francs suisses), mais se limitent aux zones d’angle des gradins supérieurs (catégorie 4). Les places de catégorie 3 – situées le plus souvent en haut derrière les buts – coûtent entre 120 et 280 dollars (96 à 223 francs). Les places de catégorie 2, le long de la ligne de touche et au même niveau, sont plus onéreuses. Pour assister à un match de groupe depuis les gradins moyens ou inférieurs (catégorie 1), il faut débourser jusqu’à 805 dollars (641 francs).
Pour la première fois, une Coupe du monde aura lieu dans trois pays: le Canada, le Mexique et les Etats-Unis. Les matchs d’ouverture de chacune des nations hôtes seront particulièrement chers. Le billet le moins onéreux pour le match des Etats-Unis coûte 560 dollars (446 francs), le plus cher 2 735 dollars (2 176 francs). En général, les rencontres disputées sur sol américain sont nettement plus chères que celles au Canada ou au Mexique.
Au fil du tournoi, les prix augmentent encore. Pour assister à la finale du 19 juillet au MetLife Stadium, près de New York, il faut prévoir au minimum 2 030 dollars (1 615 francs). Le billet le plus cher atteint 6 370 dollars (5 067 francs).
Une explosion des tarifs
En comparant les tarifs de 2026 avec ceux des deux dernières Coupes du monde, le constat est clair: la Fifa a massivement augmenté ses prix. A quasiment toutes les étapes du tournoi, les billets les moins chers sont plus coûteux qu’en 2022 au Qatar et en 2018 en Russie. Sont exclus de la comparaison les billets réservés aux résidents locaux, vendus à prix réduits.
L’écart le plus flagrant concerne la finale. En 2018, les billets les moins chers coûtaient 455 dollars; en 2022, 604 dollars. En 2026, il faudra débourser au moins 2 030 dollars (1 615 francs), soit presque quatre fois plus qu’il y a quatre ans. Le billet le plus cher pour la finale coûtait 1 100 dollars (2018) puis 1 607 dollars (2022); il atteindra jusqu’à 6 370 dollars (5 067 francs) en 2026.
Même constat pour le match d’ouverture: au Qatar, les billets démarraient à 302 dollars. En 2026, il faudra payer au moins 370 dollars (295 francs) pour celui du Mexique et 560 dollars (445 francs) pour celui des Etats-Unis.
Quant aux matchs de poule, une baisse apparente des prix est trompeuse. Les billets à 60 dollars (48 francs) vendus lors de la première phase étaient très rares, selon The Athletic, et concernaient seulement quelques rencontres. Les billets de catégorie 4 atteignaient jusqu’à 165 dollars (132 francs), soit nettement plus qu’auparavant.
L'ASF n’a aucune marge de manœuvre
Cette évolution tarifaire n’a pas échappé à l’Association suisse de football (ASF). Certes, la Nati n’est pas encore qualifiée – trois victoires, un nul et encore deux matchs à jouer dans les éliminatoires –, mais ses chances sont très bonnes et des préparatifs sont déjà en cours.
Que peut donc proposer la fédération à ses supporters prêts à traverser l’Atlantique? Peut-elle agir contre ces prix exorbitants? «A ce jour, nous n’avons reçu aucune information concernant les prix et les contingents de billets pour la Coupe du monde 2026», explique Adrian Arnold, chef communication de l’ASF. Rien d’anormal, précise-t-il:
Une chose est sûre: l’ASF n’a aucune marge de manœuvre. «Nous n’avons aucun contrôle sur la billetterie ni sur les prix des matchs à l’extérieur ou des phases finales de l’Euro et de la Coupe du monde», poursuit Arnold. La fédération ne gère les prix et la distribution que pour les matchs à domicile.
Lors des rencontres de qualification – par exemple celle du 18 novembre au Kosovo –, un secteur doit être réservé aux supporters visiteurs, sa taille étant convenue avec la fédération hôte.
Pour la phase finale, des contingents spécifiques sont attribués aux pays participants. «Ces billets doivent être vendus aux supporters suisses, ou nous devons pouvoir en acheter une partie», précise Arnold. Mais là encore, les prix sont fixés par la Fifa, non par l’ASF.
«Nous souhaitons évidemment que les prix des billets, que ce soit à l’étranger ou en phase finale, restent abordables pour nos fans. Mais nous n’avons malheureusement aucune influence là-dessus», déplore Arnold. Il tient à souligner un point:
Aux Etats-Unis et au Canada, la revente de billets est autorisée. La Fifa a donc créé sa propre plateforme de revente, dont elle tire également profit: elle prélève 30 % du montant à chaque transaction, soit 15 % à la charge du vendeur et 15 % à celle de l’acheteur. De plus, elle vend des droits de prévente de billets, ce qui lui rapporte aussi. La Fifa affirme vouloir redistribuer plus de 90 % de ses revenus de 2023 à 2026 à ses 211 associations membres.
Au moins 1 000 francs pour six matchs
Combien un supporter suisse devra-t-il prévoir pour suivre la Nati en Amérique du Nord? Difficile de le dire: les prix varient et les adversaires ne sont pas encore connus. Si la Suisse se qualifie, elle pourrait disputer ses matchs de groupe aux Etats-Unis, au Mexique, au Canada – voire dans plusieurs pays.
Prenons un exemple basé sur les prix de la première phase: imaginons que la Nati soit tirée dans le groupe C. Le fan X souhaite assister aux matchs depuis la catégorie 3, non depuis les coins supérieurs des stades. Pour les trois matchs de groupe à Boston, Philadelphie et Atlanta, il paie environ 350 francs. Si la Suisse atteint les quarts de finale – soit trois matchs à élimination directe supplémentaires –, il devra ajouter environ 650 francs. Total: 1 000 francs pour six matchs.
A cela s’ajoutent les vols aller-retour Zurich–Boston, qui coûtent actuellement près de 600 francs. Rien que pour le voyage et les billets, le supporter doit donc prévoir au minimum 1 600 francs, sans compter les déplacements entre villes hôtes, ni le logement et la nourriture pendant un mois. Une chose est sûre: la Coupe du monde 2026 sera une aventure coûteuse pour les supporters suisses.
Adaptation en français: Yoann Graber
