La relève helvétique est à la peine. Il y a une semaine, les Rougets ont cédé dans le sprint final des éliminatoires et ont perdu à Bucarest toute chance de jouer le prochain Euro. Ils évoluaient pourtant dans un groupe abordable, composé de la Roumanie, de la Finlande, de l'Albanie, du Monténégro et de l'Arménie.
La situation est identique pour les moins de 19 ans. Ils terminaient au même moment troisièmes d'une poule comprenant la République tchèque, la Finlande et Saint Marin. Les M19 ne se rendront donc pas à l'Euro l'été prochain, eux non plus. Tout cela ne présage rien de bon pour le futur de l'équipe nationale, à l'heure où Yann Sommer, Xherdan Shaqiri et Fabian Schär ont pris leur retraite internationale, et où la Nati lutte pour ne pas être reléguée en Ligue des nations B.
Dans une interview accordée au Blick alémanique, le directeur des équipes nationales, Pierluigi Tami, a tiré la sonnette d'alarme au lendemain de la fenêtre internationale et appelé au changement. Le dirigeant, par ailleurs ancien sélectionneur des Rougets, identifie un problème majeur dans la façon dont le football suisse se structure. Il demande ainsi une réforme de la Challenge League qui, avec ses seuls 10 clubs, n'intègre pas suffisamment les jeunes talents selon lui.
Une Challenge League plus conséquente permettrait donc d'incorporer de jeunes joueurs comme les moins de 19 ans qui, à l'heure actuelle, évoluent en grande majorité en Promotion League ou 1re Ligue Classic. «Nous avons des problèmes avec les M19. Car les joueurs viennent tous de la troisième, de la quatrième voire de la cinquième division en Suisse. Dans les autres pays, ils viennent souvent de la deuxième division», condamne Pierluigi Tami.
Le directeur des équipes nationales présente en ce sens un nouveau format: «Deux groupes de Challenge League de dix équipes chacun», soit 20 clubs, le double comparé à aujourd'hui. Tami imagine un système de conférence ouest/est, celle occidentale faisant bien sûr la part belle aux formations de Suisse romande. Elle pourrait inclure l'Etoile Carouge, Xamax, le Stade Lausanne Ouchy, le Stade Nyonnais, Bienne, le FC Bulle ou encore Vevey-Sports. Convaincu par cette évolution, le dirigeant détaille avec précision sa vision pour l'avenir:
Pierluigi Tami souhaite par cette initiative reproduire les schémas qui ont fonctionné par le passé, ceux ayant impliqué les néo-retraités de la Nati. «Prenons l'exemple de Fabian Schär. Quand je l'ai sélectionné pour l'équipe olympique, il jouait à Wil. Personne ne le connaissait. Mais il s'est imposé. Et il a fait une grande carrière. S'il avait joué en 1re ou en 2e ligue, il n'aurait pas eu cette carrière. Manuel Akanji à Winterthour et Yann Sommer à Vaduz ont également eu ce parcours», pointe le dirigeant.
Evidente selon Pierluigi Tami sur le papier, la Challenge League à 20 clubs pourrait dans les faits être difficile à instaurer. Une telle évolution nécessite une refonte globale de la structure pyramidale du football suisse, et surtout, un accord entre la Swiss Football League (SFL) et l'Association suisse de football (ASF), ce qui est loin d'être gagné.
(roc)