Les températures extérieures étaient encore estivales lorsque nous avons échangé avec la pilote de course Tina Hausmann. Cela ne l'empêchait pas de soulever des poids sous un soleil de plomb en portant deux pulls, puis d'enchaîner avec une séance de sauna. Si vous voulez transpirer, faîtes le vraiment: voilà son crédo.
La raison de cet entraînement sous la chaleur? La Zurichoise préparait alors activement une course organisée à Singapour, elle qui pilote en F1 Academy dans l'équipe Prema Racing sous les couleurs d'Aston Martin.
Lorsqu'à l'âge de sept ans, Hausmann a découvert un karting dans un garage, elle savait que le pilotage deviendrait sa passion. «C'était comme une attirance magique. Mes parents n'essayaient même pas de me faire sortir», raconte-t-elle sous le ton de la plaisanterie. Bien que sa famille ne soit pas issue du monde des courses automobiles, ses parents l'ont soutenue, afin qu'elle puisse réaliser son rêve: devenir pilote de course.
Tina Hausmann a donc commencé par le karting et a très vite participé à des compétitions dans des séries internationales. En 2023, elle a fait ses débuts en Formule 4 et est montée sur le podium lors du premier week-end de course à la surprise générale.
Elle a désormais rejoint la F1 Academy. «Je suis en train d'apprendre chaque week-end de course», dit-elle. Les résultats sont pour l'instant mitigés, mais la jeune fille de 17 ans reste confiante: «Cette saison est mon année d'apprentissage». Elle voudra mettre en pratique en 2025 ce qu'elle a appris depuis le mois de mars.
La pilote n'avait aucune idée de ce qu'était la F1 Academy et elle se montre aujourd'hui ravie de cette expérience. «C'est incroyable de conduire pendant un week-end de Formule 1», fait-elle remarquer. Contrairement aux hommes, les femmes n'ont qu'un entraînement de 40 minutes avant les qualifications. C'est pourquoi les féminines se préparent sur simulateur.
La Suissesse estime que la F1 Academy a réussi à s'imposer. «Elle a aussi beaucoup de potentiel», note-t-elle de manière sûre. C'est désormais Netflix qui se charge de donner encore plus de visibilité à ce championnat créé en 2023. Le géant américain réalise – comme il l'a déjà fait pour la Formule 1 avec Drive to Survive – une série sur les femmes. «Celle-ci aura une grande influence sur nous», relate Tina Hausmann. Mais pas seulement. La série doit informer, mais aussi inspirer d'autres jeunes filles:
Depuis que la jeune fille de 17 ans fait partie du circuit féminin, sa notoriété a également augmenté. Sur les réseaux sociaux, elle compte un quart de million de followers, soit quelques milliers de plus que la star du ski Wendy Holdener. On la reconnaît souvent en public.
Le sport automobile était jusqu'à présent une discipline masculine. En 1975, Lella Lombardi est devenue la seule femme à avoir participé à un Grand Prix de Formule 1. La dernière à avoir pris part à un entraînement se nomme Susie Wolff. Hausmann justifie ainsi le fait que si peu de femmes aient pu fêter des succès jusqu'à présent: «Comme elles sont peu à avoir essayé, il y en a moins qui ont réussi».
Outre Hausammen, d'autres Suissesses ont déjà tenté leur chance, comme Christina Surer, Rahel Frey ou Simona de Silvestro. «En sport automobile, les femmes peuvent faire autant que les hommes, si ce n'est plus», lance Tina Hausmann. Pour elle, la séparation des sexes n'est pas pertinente.
Tina Hausmann est certaine qu'à l'avenir, les femmes seront beaucoup plus visibles en Formule 3, 2 et 1. «Pilote de course peut être un métier», affirme-t-elle. Elle sait toutefois que le chemin sera long. Mais tout cela vaut la peine d'investir du temps et de l'énergie.
En parlant de temps, son agenda est particulièrement chargé. Entre les courses et les entraînements, Hausmann suit des cours au lycée, ce qui demande une grande organisation. Elle révise dans l'avion sur le chemin du retour. Or tant que les notes sont bonnes, la jeune fille de 17 ans peut continuer de s'absenter quelques jours.
En fin d'année scolaire, Tina Hausmann aura terminé le gymnase. Et elle ne sait pas encore exactement ce qui l'attend après. Mais d'abord, elle doit encore passer un autre examen important: le permis de conduire. Car si elle pilote partout dans le monde au volant de bolides rapides, elle n'est pas encore autorisée à rouler sur les routes helvétiques.