La Formule 1 somnolait depuis quelques semaines, car une trêve automnale, due à une refonte du calendrier, est venue s'immiscer entre le Grand Prix de Singapour et celui des Etats-Unis, dimanche à 21h. Or elle s'éveille à nouveau pour un sprint final intense, avec en toile de fond de lourdes accusations de tricherie.
Plusieurs équipes ont partagé ces dernières semaines leurs soupçons auprès de la Fédération internationale de l'automobile (FIA), après des découvertes permises grâce à la plateforme de partage de l'instance. Dans un premier temps, le nom de l'écurie incriminée n'a pas été divulgué. Or il n'y a désormais aucun doute. Il s'agit de l'équipe Red Bull, engagée dans la lutte pour le titre aux côtés de McLaren.
La suspicion porte sur la hauteur de caisse. Les adversaires de l'écurie autrichienne ont estimé que Red Bull disposait d'un système permettant de la modifier dans les conditions de parc fermé. Or les équipes ne sont pas autorisées à effectuer des changements entre la séance de qualification et la course.
Red Bull est accusé d'ajuster la partie la plus avancée du plancher, connue sous l'appellation «T-tray», via un réglage minime au sein du cockpit, lors des vérifications techniques d'avant-course. Or une telle modification entraîne de meilleures performances. Il n'y a dès lors plus à trouver un certain équilibre entre les conditions à vide en qualification et celles en course, où la voiture embarque du carburant pour la totalité de l'épreuve.
La FIA a pris ces soupçons très au sérieux et a promis une surveillance accrue de la garde au sol et du système suspecté. Elle a décrété l'utilisation de scellés sur tout dispositif permettant de modifier l'angle du plancher. L'équipe dirigée par Christian Horner a toutefois pris les devants et a confirmé l'existence du système sur sa RB20. Or elle nie un quelconque avantage et précise qu'il n'est pas utilisé dans les conditions de parc fermé. Un travail important serait nécessaire sur la voiture pour abaisser le plancher, ce qu'est venu constater la FIA après la première séance d'essais libres. L'écurie aurait également convenu avec l'instance d'un plan pour l'avenir concernant ce mécanisme.
Il y a néanmoins de l'eau dans le gaz dans les paddocks. Le grand patron de McLaren, Zak Brown, a appelé la FIA à mener une enquête approfondie et à punir sévèrement Red Bull, en cas d'infraction. «Si vous touchez à votre voiture pendant le parc fermé pour améliorer les performances, c’est une infraction claire et substantielle, qui doit être sévèrement sanctionnée», a-t-il déclaré.
Son pilote Oscar Piastri s'est également exprimé sur cette affaire et a évoqué une situation illégale. «Honnêtement, je ne connais pas tous les détails, mais d'après ce que j’ai entendu, il semble que cette situation dépasse les simples limites réglementaires. Nous essayons tous de jouer avec les règles, c’est ce qui fait le charme de la F1. Cependant, d’après ce que j’ai entendu, cela dépasse clairement la zone grise des règlements», a-t-il confessé.
Red Bull a tenu à répondre à son concurrent direct par la voix de son directeur, Christian Horner. Le Britannique s'est montré «tout à fait à l’aise» avec l’enquête de la FIA et a détaillé son dispositif. Il a également évoqué une certaine paranoïa au sein de l'équipe adverse.
Horner fait référence ici à la polémique ayant entouré dernièrement l'aileron arrière de l'écurie McLaren. Le patron s'attend ainsi à d'autres affaires d'ici le dernier Grand Prix de la saison à Abou Dabi, compte tenu des écarts resserrés au classement entre les deux formations.
En progrès il y a un mois à Singapour, Red Bull ne devrait pas être déstabilisé en course ce dimanche par un éventuel scellé, mis en place entre la séance de qualification et le début du Grand Prix. Max Verstappen a remporté vendredi les qualifications de la course sprint. Et il s'est imposé le lendemain sur les 19 tours de circuit à Austin. Cela faisait quatre mois qu'il n'avait pas gagné. Preuve que l'écurie n'a pas été dérangée.