Cette compétition de golf est complètement folle
Ce sera le plus grand show que le golf ait jamais connu. Donald Trump fera le déplacement en personne, quand Européens et Américains s’affronteront à partir de vendredi. Sur le parcours Bethpage Black de New York, on va se faire huer, invectiver, insulter pendant trois jours. Cinquante mille fans survoltés mettront le feu comme dans un stade de football. La Ryder Cup n’a rien à voir avec l’image guindée du golf de riches. La Ryder Cup, c’est la guerre.
C’est ainsi que le voyait déjà, il y a sept ans, le golfeur américain Bubba Watson, qui avait osé cette comparaison avant la compétition à Paris:
Et il n’avait pas dit ça pour rire.
Alors, que va-t-il se passer ce week-end à New York? Pourquoi Donald Trump n’a-t-il pas le droit d’assister au coup d’envoi vendredi? Qui sont les plus grandes stars? Et pourquoi le plus grand d’entre eux a-t-il passé l’an dernier derrière les barreaux? Voici les points essentiels de ce qui est, pour certains, l’événement sportif de l’année.
Des casques pour se préparer à l'hostilité
La Ryder Cup est unique en son genre. L’équipe des Etats-Unis affronte les meilleurs golfeurs d’Europe. Elle a lieu tous les deux ans, en alternance de part et d’autre de l’Atlantique. Pendant trois jours, les joueurs s’affrontent dans trois formats différents, avant le duel final en un contre un le dimanche.
La toute première Ryder Cup s’est tenue il y a 98 ans. A l’époque, elle opposait les Etats-Unis à la Grande-Bretagne. En 1979, les autres Européens ont été intégrés – les Britanniques seuls n’étaient tout simplement pas de taille face aux Américains. Lors des cinq dernières éditions, l’équipe locale a toujours triomphé. Il y a deux ans, c’est l’Europe qui a remporté le titre à Rome.
Alors que, dans les tournois classiques, les spectateurs en polo repassé applaudissent poliment un beau coup avant de retomber dans le silence, à la Ryder Cup, tout bascule: le public s’enflamme. Et à New York, il est réputé particulièrement brutal.
L’ambiance promet d’être si électrique cette année que le capitaine de l’équipe européenne a distribué des casques de réalité virtuelle à ses joueurs les plus sensibles, afin de simuler l’atmosphère brûlante et les insultes de la foule.
Trump et un tabou brisé
Au cœur de cette édition: le non moins tapageur président américain. Donald Trump est attendu vendredi dans son Etat natal. Mais comme sa présence à la finale de l’US Open de tennis, il y a quelques semaines, avait semé un chaos sécuritaire, on lui a gentiment demandé d’arriver seulement dans l’après-midi.
L’ambiance est aussi dopée sur les réseaux sociaux, où le golf connaît actuellement un vrai boom. La star américaine Justin Thomas en est convaincue:
La Ryder Cup ne se joue pas pour des choses aussi futiles que l’argent. Les vainqueurs n’y gagnent rien de moins que l’immortalité. Mais cette année, l’équipe américaine a franchi une ligne rouge. Les joueurs ont obtenu que chacun des douze multimillionnaires reçoive 500 000 dollars de prime de participation.
Un tabou brisé, qui laisse les Européens pantois. La star Rory McIlroy a ironisé:
Les stars de cette Ryder Cup
La hype actuelle autour du golf, sur les réseaux comme ailleurs, tient aussi aux stars. Quatre d’entre elles sont particulièrement à surveiller.
L’ex-taulard: Scottie Scheffler
L'Américain Scottie Scheffler est de loin le meilleur golfeur du monde. Depuis Tiger Woods, personne n’a été aussi dominant que lui. Et l’an dernier, il a aussi offert au public l’une des histoires les plus folles de l’histoire du golf.
Lors du PGA Championship, l’un des quatre grands tournois de l’année, Scheffler a vécu un moment typiquement «only in America»: en route vers le club-house, la police l’arrête parce qu’il aurait franchi une barrière de sécurité. Un agent trop zélé lui passe les menottes. Scheffler n’en revient pas.
Le père de famille, parfaitement inoffensif, passe la nuit en prison. Sa séance d’étirements du matin, il l’effectue encore en cellule, avant de revenir jouer sur le parcours. À son arrivée, un fan l’attendait déjà… avec son mugshot imprimé sur un t-shirt.
Son grand rival européen s’est lui aussi retrouvé à la une pour une affaire privée dépassant largement le cadre du golf.
Le fiancé fuyant: Rory McIlroy
Rory McIlroy et la star du tennis Caroline Wozniacki avaient tout prévu: mariage programmé, invitations envoyées. Puis le Nord-Irlandais a pris peur. «Quand j’ai vu les faire-part, j’ai compris que je n’étais pas prêt pour tout ce qu’implique un mariage», a-t-il expliqué. Avant d’ajouter:
En revanche, il existe de très mauvaises façons – et McIlroy a choisi l'une d'entre elles: il a rompu avec sa fiancée… au téléphone.
C’était il y a plus de dix ans. Aujourd’hui, McIlroy est marié, tout comme Wozniacki. Sportivement, le Nord-Irlandais a signé un exploit que seuls cinq golfeurs avant lui avaient accompli: en remportant le prestigieux Masters cette année, il a complété le «Career Slam», c’est-à-dire gagné au moins une fois chacun des quatre grands tournois.
Le showman: Bryson DeChambeau
Personne ne cogne la balle aussi loin que lui: Bryson DeChambeau est la machine à puissance du golf pro. Et une star absolue sur les réseaux sociaux. Des centaines de milliers d’abonnés l’ont suivi quand il a tenté, dans un défi insensé, de rentrer un trou en un… par-dessus sa maison. Il y est parvenu au 16ᵉ jour!
DeChambeau a même reçu Donald Trump dans sa chaîne YouTube. Plus tard, le président l’a nommé au «Presidential Council on Sports». Depuis sa victoire à l’US Open 2024, il a atteint un statut de légende auprès du public américain.
Problème: c’est précisément contre McIlroy qu’il s’était imposé à l’US Open. Le Nord-Irlandais a pris sa revanche en remportant le Masters cette année. DeChambeau s’est ensuite plaint que son rival, habituellement discret, n’avait pas échangé un mot avec lui pendant la dernière journée. Depuis, les piques volent régulièrement entre les deux. Les fans attendent ce duel avec une impatience fébrile.
Le fêtard: Tyrrell Hatton
Quand Tyrrell Hatton a reçu l’appel confirmant sa sélection dans l’équipe européenne du Ryder Cup, il a sabré… mais pas le champagne. L’Anglais s’est mis une cuite mémorable. Lors d’une conférence de presse devenue culte, il a détaillé son programme: six verres de vin, un double gin tonic, quelques long drinks, un cocktail à la noisette, une margarita et un «truc à la vodka-fraise».
Résultat: il s’est écroulé de travers sur son lit d’hôtel, a vomi et s’est endormi dans son propre vomi. Comment il a pris son avion le lendemain matin, il n’en a aucun souvenir. Mais avant de partir, il avait quand même rassemblé les draps, laissé un billet et un mot d’excuse expliquant qu’il était vraiment désolé, qu’il avait été malade.
De quoi donner une idée de ce à quoi pourrait ressembler la fête dimanche soir, si l’Europe parvenait à décrocher la Ryder Cup en terre ennemie.
Adaptation en français: Yoann Graber