Cet ex-Lausannois «discret» a rendu Davos imbattable
Stabilité et confiance
Aucune autre équipe de la ligue n’a connu aussi peu de changements que Davos l’été dernier. Andres Ambühl et Marc Wieser ont pris leur retraite, tandis que Julius Honka a quitté les Grisons pour rejoindre Rapperswil. En contrepartie, Lukas Frick est arrivé de Lausanne, Rasmus Asplund de Suède et Tim Minder d’Ajoie.
Les joueurs du HCD sont donc mieux rodés que tous leurs adversaires. Le système de jeu mis en place par le coach Josh Holden, en poste pour une troisième saison, est aussi bien assimilé. Alors que d’autres équipes doivent encore s’habituer aux méthodes d’un nouvel entraîneur ou à l’arrivée de nouveaux coéquipiers, Davos tire profit de sa continuité.
Par ailleurs, cette stabilité témoigne de la confiance que la direction accorde à son effectif. Le directeur sportif Jan Alston et le directeur général Marc Gianola semblent persuadés que Davos a le potentiel de décrocher des titres dans les années à venir. Autrement, il serait difficile de justifier les investissements réalisés, tels que la prolongation de Sandro Aeschlimann ou les arrivées prévues de Ken Jäger et Dominik Egli la saison prochaine. Une telle preuve de confiance ne peut que renforcer la détermination du groupe actuel.
Le facteur Frick
Dès août 2024, il a été annoncé que Lukas Frick rejoindrait Davos en provenance de Lausanne un an plus tard. Son nom n’est peut-être pas le plus prestigieux sur le marché, mais ce défenseur international, médaillé d’argent au Championnat du monde 2018, a prouvé, avec ses 600 matchs en National League, qu’il pouvait jouer un rôle déterminant.
Désigné meilleur défenseur du championnat lors des «Hockey Awards mit Watson & 49ing», Frick propose un jeu discret, mais terriblement efficace. Il lit très bien les trajectoires et se place au bon endroit pour interrompre les courses et les passes adverses. Et parce qu'il ne pense pas uniquement à la défense, le joueur de 31 ans est souvent capable de transformer une attaque stoppée en une offensive pour son équipe.
Cela fait de Frick le joueur idéal dans le système de Davos, qui mise précisément sur cette capacité à basculer rapidement vers l'avant. Lorsque le défenseur parvient à lancer des joueurs comme Filip Zadina, Matej Stransky ou Valentin Nussbaumer, cela devient très dangereux. Pas étonnant donc que Lukas Frick assume autant de responsabilités à Davos, disposant du temps de glace le plus important parmi les défenseurs de son équipe. Grâce à sa polyvalence, il permet aussi à ses coéquipiers de se concentrer davantage sur leur rôle principal: Michael Fora se focalise sur les checks, tandis que Calle Andersson apporte des points offensivement.
Le système Holden
Comme mentionné précédemment, le jeu de transition constitue un élément clé de la stratégie grisonne. Josh Holden semble l’avoir perfectionné au cours des deux dernières années. Aucune autre équipe de National League ne génère autant de danger offensif grâce aux attaques rapides. Et aucune autre n’en concède moins.
Pour espérer se créer des occasions et marquer contre le HCD, il faut donc passer soit par le forechecking, soit par une possession prolongée. La première option est risquée, car si mal exécutée, elle peut rapidement se transformer en une attaque adverse redoutable. La seconde est souvent peu efficace face à la défense compacte des Davosiens.
Le classement de National League ⬇️
Cette analyse se reflète dans les statistiques: si l’on considère l’ensemble des tirs (cadrés, non cadrés, bloqués ou sur les montants), nous pourrions croire que Davos est dominé. En effet, lors de leurs six premiers matchs de la saison, les hommes de Josh Holden n’ont obtenu en moyenne que 46,82% des tentatives. Autrement dit, c’est l’adversaire qui a davantage tenté sa chance.
Mais si l’on se penche sur la qualité des occasions, le constat est tout autre. Toujours lors des six premiers matchs, Davos a généré en moyenne 60,14% des chances de marquer, les fameux expected goals.
Cela permet de tirer plusieurs enseignements. Tout d’abord, le HCD a passé la majeure partie de ses matchs en tête au tableau d’affichage. Or les équipes en retard ont tendance à attaquer davantage et à multiplier les tirs, parfois de façon précipitée. Ce phénomène bien connu peut en partie expliquer ces chiffres.
D’un autre côté, l'équipe semble tout à fait disposée à concéder des tirs, tant que ceux-ci proviennent de zones peu dangereuses. Comme mentionné plus haut, elle laisse très peu d’occasions sur les attaques en transition. Davos parvient, dans la plupart des situations, à repousser ses adversaires vers les ailes, des positions depuis lesquelles les tirs sont moins dangereux. De cette manière, les joueurs facilitent le travail des gardiens Sandro Aeschlimann et Luca Hollenstein, tous deux solides depuis le début de l'exercice.
De son côté, le HCD a actuellement besoin de peu d’occasions pour faire mouche. Il est toutefois probable que cette efficacité ne se maintienne pas toute la saison, et que l’équipe connaisse, tôt ou tard, des périodes moins productives. Le taux de conversion des tirs devrait chuter puis se stabiliser.
Un meilleur équilibre
Le HCD compte dans ses rangs certains des meilleurs étrangers de la ligue. La saison dernière, les joueurs importés étaient responsables de près de 61% des buts des Grisons, ce qui représente le deuxième plus haut taux de la ligue, derrière Ajoie. Lors des premiers matchs du nouvel exercice, ce pourcentage est descendu à 50%, ce qui reste légèrement au-dessus de la moyenne nationale des dernières années.
Les joueurs étrangers continueront de jouer un rôle important à Davos. Cependant, ils semblent bénéficier d’un soutien accru de la part de leurs coéquipiers suisses. Tino Kessler, Enzo Corvi et Lukas Frick comptent chacun déjà au moins six points et occupent les premières places du classement interne des meilleurs marqueurs. Simon Knak et Valentin Nussbaumer ne sont pas loin derrière. Toutes les lignes dégagent un réel danger, ce qui rend l’équipe encore plus imprévisible.
Un calendrier avantageux
Oui, ça ne trompe personne: le calendrier du début de saison a favorisé Davos. Bienne, Ajoie, Kloten et Langnau sont des adversaires qui, sur le papier, se situent plutôt dans la deuxième moitié de tableau. Mais même ces équipes doivent être battues. A ce sujet, les ZSC Lions et Zoug ont déjà trébuché face à Langnau. De son côté, Berne s'est incliné 4-0 samedi contre Ajoie.
Davos a accompli toutes ses tâches obligatoires jusqu’à présent, parfois avec beaucoup de maîtrise, parfois avec un peu moins, et a également convaincu contre le vice-champion Lausanne (4-1) et Lugano (2-0). Enfin, mardi, les hommes de Josh Holden sont allés s’imposer aux tirs au but à Zoug. Ils restent invaincus.
