Jeudi soir en 1re Ligue (4e division suisse), le HC Forward Morges a accueilli Sion dans une patinoire qui pourrait bientôt être très différente. Un projet d'assainissement des Eaux-Minérales pour un montant de 15,8 millions de francs (financé via un partenariat public-privé) sera en effet voté par le Conseil communal en mars. Et parmi les nombreux changements prévus sur le site, il y en a un qui concerne directement le jeu: la surface de glace passera de 30m de largeur à 26, adaptant ainsi le format américain.
Cette modification libérera de la place pour transformer la patinoire en véritable centre sportif «quatre saisons», avec un bloc d'escalade et des locaux de plus de 1000m2 pour d'autres associations sportives. Elle permettra aussi une réduction des coûts d'énergie pour préparer puis entretenir la glace. Elle répondra enfin aux souhaits d'uniformisation des surfaces encouragée par la Fédération internationale de hockey (IIHF).
C'est pour toutes ces raisons que le président du HC Forward Morges Loïc Parein a accepté cette réduction de la surface de jeu, «un compromis nécessaire» qui aura des conséquences sur son équipe de hockey: administratives d'abord, puisqu'avec une largeur de glace de 26m, Morges ne pourra plus rejoindre les deux premières divisions du pays; sportives ensuite, puisque quatre mètres de moins changent la façon de jouer au hockey.
Tous ceux qui ont évolué sur des surfaces aux dimensions NHL ont remarqué une grande différence avec les patinoires européennes. «Disons que ça n’a pas grand-chose à voir, ce sont deux hockeys complètement différents», relevait ainsi Goran Bezina, qui a joué trois ans en Amérique du Nord, dans Le Nouvelliste.
Sur une surface réduite, chaque entrée en zone offensive devient dangereuse. Et puisqu'il y a moins de place derrière les buts et dans les coins, les joueurs ont moins de temps pour temporiser. Ils doivent penser et réagir beaucoup plus vite dans toutes les zones de la patinoire, et c'est encore plus vrai pour les gardiens européens, sous pression constante et confrontés à des angles de tirs auxquels ils ne sont pas habitués.
Le coach morgien Matthias Pittet, lui, est pourtant serein face à ce changement qui se profile. «Il ne va pas révolutionner nos systèmes de jeu, qui s'inspirent déjà beaucoup de ce qui se fait en Amérique du nord, assure-t-il. Ce sera aux joueurs de s'adapter, notamment dans leur positionnement et leur rapidité d'exécution.» Il estime toutefois que le passage aux 26 mètres pourrait aider son équipe.
Le coach sait pourtant que cet avantage risque d'être de courte durée, car la plupart des équipes qui rénoveront leurs infrastructures à l'avenir choisiront aussi le modèle américain, pour les avantages cités en début d'article.
Il n'y aura donc plus d'effet de surprise avec le temps, et ce sera donc à armes égales que les formations lutteront pour la victoire, comme jeudi soir aux Eaux-Minérales, où Morges s'est incliné en prolongations (1-2) face au HC Sion.